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Sexisme ordinaire : 10 témoignages d'expertes

Mise à jour le 19/11/2021
Campagne "Si je comptais le nombre de fois"
Complétant la phrase "Si je devais compter le nombre de fois où…", autrices, animatrices de comptes Instagram et de podcasts nous racontent les comportements de sexisme ordinaire qu'elles ne supportent plus au quotidien.

Marion Escot

Autrice du "Guide de réparties anti-relous" et animatrice du compte instagram Punchlinettes
"Si je devais compter le nombre de fois où mon collègue Jean-Michel m'a demandé si j'avais mes règles parce qu'il me trouvait super agacée au travail, il m'aurait fallu bien plus que deux mains pour faire l'addition ! Et oui, le fameux "t'as tes règles ou quoi ?" est une question loin d'être anodine. Elle témoigne du fait que la légitimité de la colère des femmes est inexistante. On l'attribue automatiquement à ses menstruations, comme si les femmes n'avaient aucune (mais alors vraiment aucune) raison d'être en colère SAUF, le fait d'avoir leurs règles !"

Fanny Anseaume

"Si je devais compter le nombre de fois où… je me suis demandé si j'étais en droit d'être énervée.
Regards appuyés, paroles malaisantes, gestes déplacés… Combien de fois ai-je senti en moi monter un mélange de rage et d'indignation dans les rues, lorgnée par ceux qui s'en sentent le droit ? Et combien cette rage et cette indignation s'en sont trouvées décuplées quand, face à l'assurance et l'impudence de certains hommes, j'en venais à douter de mes impressions.
Si d'une part j'ai souvent cette sensation diffuse que le regard masculin dans l'espace public me définit, je suis d'autant plus agacée quand je m'aperçois que j'ai tant de mal à poser mes propres contours, mes propres limites. Dans un monde idéal je n'aurais pas à poser des frontières fermes pour me protéger, d'ici là je voudrais apprendre à ne pas douter du malaise que je ressens lorsque certains les traversent. Ah, si j'avais passé plus de temps à faire valoir mes limites dans l'espace public qu'à me demander si j'étais en droit d'en avoir… "

Noémie @meufcocotte

"Si je devais compter le nombre de fois où j’ai eu peur dans la rue, les fois où j’ai souri lorsqu’on a exigé de moi cette mimique de soumission, ou encore ces innombrables fois où j’ai eu honte de mon corps à cause de toutes les injonctions qui pèsent sur lui…
Si je devais compter le nombre de fois où je me suis empressée de rire à une blague sexiste pour ne pas être taxée d’hystérique, les fois où on a été galant avec moi pour pouvoir mieux me faire comprendre que je suis une femme et que je dois rester à ma place et tenir mon rôle…
Si je devais compter le nombre de fois où on m’a demandé d’arrêter de me victimiser alors que je racontais les violences que j’ai subies, les fois où on m’a expliqué que "le féminisme c’est bien mais il ne faut quand même pas virer à l’extrême"…
Je ne compte pas. Je me raccroche à toutes ces fois qui n’ont pas été comptées, à toutes ces histoires non racontées par peur du rejet, je réalise alors l’ampleur du sexisme et ses conséquences. Je me sens puissante portée par nos vécus qui sont le fil rouge de notre révolution !"

Emanouela Todorova

"Si je devais compter le nombre de fois où un homme m’a coupé la parole pour dire la même chose que moi en pensant qu’il serait davantage compris.
Si je devais compter le nombre de fois où j’ai entendu la fameuse phrase "femme au volant, mort au tournant".
Si je devais compter le nombre de fois où on m’a dit qu’il valait mieux faire l’amour à chaque fois que mon partenaire en a envie sinon il me quittera ou ira voir ailleurs.
Si je devais compter le nombre de fois où j’ai réalisé que je touchais un salaire plus bas qu’un homme avec le même poste, dans la même entreprise."

Charlotte Bienaimé

Charlotte Bienaimé, documentariste radio, autrice d'Un podcast à soi, tous les mois sur arteradio
"Si je devais compter le nombre de fois où j'entends dire que les inégalités sont normales car les femmes sont plus faibles par nature, ma colère n'en serait que décuplée. D'une part, rien ne justifie les inégalités entre les femmes et les hommes. D'autre part, ce sont des stéréotypes sexistes bien ancrés en nous tou·te·s. Certes, il y a des différences de morphologies, mais elles existent aussi entre les hommes entre eux et les femmes entre elles. D'autre part, nous ne sommes pas que des êtres de nature. Nous sommes aussi des êtres de culture. Et c'est notre société patriarcale qui encourage les garçons et les hommes à exercer leurs muscles, à se battre, et qui désapprend aux femmes l'entrainement physique, l'endurance. Et puis, si nous devons revenir à la nature, pour celles qui accouchent, je peux vous dire que rien ne demande plus de force que ce moment. Qu'un jour les hommes connaissent cette expérience, et je pense que la comparaison de la force physique ne sera plus jamais évoquée."

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Alice Pfältzer

Animatrice du compte instagram "Je suis une sorcière" et co-autrice de "Garce, hystérique et autres joyeusetés"
"Si je devais compter le nombre de fois où j'ai vu un film ou une série dans laquelle je n'étais pas ou presque pas représentée. Reléguée au rang de second rôle, de la mère, de la femme, du faire valoir ou de l'objet de désir. N'entrant en interaction avec d'autres femmes et personnes perçues comme telles que pour parler d'hommes.
Si je devais compter le nombre de fois où j'ai subi des violences gynécologiques en me rendant responsable du mal-être ressenti à l'issue de ces rdv. Absence de consentement, pas d'explication, culpabilisation sur mes choix, mon corps ou encore mise à nue totale sans que ce soit une nécessité médicale. L'omerta encore trop présente autour des rdv gynécologiques encourage la peur à l'idée de se rendre à ces rdv (voire la décision de ne plus s'y rendre) ou la naissance de trauma dont on ne peut parler parce qu'ils seraient "exagérés" ou "déplacés".
Si je devais compter le nombre de fois où j'ai reçu des insultes sexistes, celles qui enferment dans l'image stéréotypée qu'on se fait des femmes et personnes perçues comme telles, celles qui les ramènent à leur corps et à ce qu'elles décident d'en faire."

Laetitia Abad Estieu

Animatrice du compte instagram "C'est quoi cette insulte" et co-autrice de "Garce, hystérique et autres joyeusetés"
"Si je devais compter le nombre de fois où on m’a traitée de salope pour avoir osé m’indigner quand des mecs lambda me demandaient de sourire dans la rue, exigeaient mon numéro, jugeaient mon apparence sur une échelle de bonne à baisable, me chuchotaient des horreurs prétendument salaces, me hurlaient des injures aux visages, me touchaient, me pinçaient, se léchaient les lèvres en me fixant, me suivaient, je n’aurais plus le temps de faire autre chose. Parce qu'exposer le harcèlement de rue, les propos sexistes, les agressions sexuelles, refuser d’être victime, combattre ses agresseurs, c’est être une "salope".
Si je devais compter le nombre de fois où on m’a traitée d’hystérique pour avoir osé exprimer mon avis sans rester à ma place de "femme" (douce, posée, bienveillante, compréhensive et souriante), je n’aurais pas assez d’heures dans une journée. Car là où les hommes sont charismatiques, grande gueule et captivants, nous, les femmes, sommes des hystériques, des folles, des gourdes."

Gala Avanzi

Animatrice du compte instagram "Sorcière ta mère !" et autrice de "No Bra, ce que ma poitrine dit de moi"
"Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu des femmes me dire qu’elles devaient faire attention à la façon dont elles s’habillaient lorsqu’elles sortaient dans la rue : mini-jupes, pas de soutien-gorge (No Bra)… La mode devient un véritable casse-tête quand on veut éviter le cat calling (harcèlement de rue) ou encore se protéger contre d’éventuelles agressions. Quand on est une femme, on ne peut pas s’habiller comme on le souhaite sans essuyer des regards malveillants, des réflexions désobligeantes… Et le pire de tout, sans avoir peur… Il est temps que ça change !"

Aurélia Blanc

Si je devais compter le nombre de fois où j’ai vu des hommes enjoindre des femmes à sourire - “souris-donc un peu”, “pas très souriante, mademoiselle”, “vous êtes tellement plus belle quand vous souriez”, “une femme, c’est plus joli quand ça sourit”… -, comme si nous étions des objets décoratifs à leur disposition… j’y serais encore demain.

Rose Lamy

"Si je devais compter le nombre de fois où… on a minimisé les violences sexistes et sexuelles dans les médias ! “L’amoureux éconduit”, “les mains baladeuses", “il a dérapé” ou encore ce mythe très français qui voudrait que de “l’amour à la haine” il n’y ait qu’un pas, sont autant de procédés qui mettent un voile sur des délits et des crimes pourtant clairement définis par la loi : harcèlement, agressions sexuelles, viols. Tout semble fait pour déresponsabiliser les agresseurs, romantiser les violences et mettre la culpabilité sur les personnes qui les dénoncent. Comment les victimes, auxquelles on reproche bien souvent de mettre des années à parler, pourraient-elles identifier et dénoncer les violences sexistes et sexuelles qu’elles subissent si dans les médias, notre premier accès à l’information, on les nomme mal ? Nous avons un grand travail à faire pour défaire et réparer notre discours sur les violences masculines."

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