Le corps humain – corps social, corps intime – est le sujet de prédilection de Christophe Beauregard. Parallèlement à ses portraits de célébrités et au fil de séries consacrées à l’univers du cirque (Pinder, 1993), aux personnes tatouées (Pentimento, 2011) ou encore aux paparazzi (hush… hush, 2014), Christophe Beauregard n’a de cesse d’interroger son rapport au photoreportage.
À la société friande de « spectacle » (Guy Debord), le photoreportage fournit sans délai les images qu’elle attend, valorisant le scoop, le spectaculaire et l’excitation émotionnelle. Le reportage photographique, pour autant, est l’effet d’une mise en scène, d’une perspective orientée. Domaine par excellence du « Ça a été » (Roland Barthes), la photographie est également celui du faux-semblant.
L’exposition Trouble dans le portrait présente quatre séries photographiques réalisées par Christophe Beauregard entre 2007 et 2020. Semantic Tramps (2007) se consacre à la désocialisation, à ses images et à ses clichés médiatiques. It’s Getting Dark (2011-2014) offre une réflexion, menée par l’image et le geste, sur le corps voilé. Le meilleur des mondes ? (2012) et Why Not Portraits ? (2019) pistent l’identité contemporaine sur fond de culture du narcissisme et d’uniformisation de l’image corporelle. Christophe Beauregard photographe s’y fait entremetteur : il théâtralise ses prises de vue, recourt à la « photographie mise en scène », jusqu’à jouer avec ses modèles, devenus les otages de leur propre mise en image.