Pour leur 10e édition-anniversaire, les Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe ont choisi un thème universel, joyeux et absolu : celui des « Amours dans le monde arabe ». Amour mystique ou profane, tendre ou passionné, familial ou personnel, fantasmé ou dérobé, interdit ou maudit, inaccessible ou au contraire sensuel et incarné.
Accès libre et gratuit, réservation conseillée
11h - 12h
Salle du Haut Conseil (niveau 9)
11h - 11h30
Les présentations d’ouvrages sont consacrées aux livres sélectionnés dans le cadre du Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe.
L’archéologie a toujours entretenu des rapports étroits et ambigus avec le politique, entre science, compétition et instrumentalisation. Cela est particulièrement vrai en Terre sainte, tant la redécouverte, au XIXe siècle, de son extraordinaire patrimoine est inséparable des événements qui bouleversent l’histoire de la Palestine.
11h30 - 12h
Les présentations d’ouvrages sont consacrées aux livres sélectionnés dans le cadre du Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe.
Le contentieux autour de la vénération des saints et de leurs tombes déchire l'islam. Il oppose les radicaux aux musulmans traditionnels. Il est à l'origine de nombreux attentats. Cet ouvrage fait le point sur un conflit qui pourrait enflammer les diasporas musulmanes d'Europe. Qu'est-ce que l'islam des tombeaux ? Pourquoi mobilise-t-il davantage de croyants que celui des mosquées ? Quels rituels lui sont attachés ? Que nous disent les confréries et les cheikhs, la grande philosophie arabe, la flamboyance du soufisme, la richesse symbolique d'une religion contre lesquels se dressent les salafistes ?
11h - 12h15
La question des sexualités pendant la guerre d’Algérie a souvent été abordée sous l’angle des violences. Comme dans toute guerre, a fortiori coloniale, cette dimension est incontournable et doit continuer à être mieux connue encore. Elle questionne les notions de genre, de virilité et de domination. Mais un nouveau champ de réflexion s’est aussi ouvert dans l’étude des guerres et des conflits avec l’étude des amours : les amours sont contrariées par l’éloignement, l’absence ; elles sont encadrées, surveillées ; elles sont aussi acceptées, tolérées ou rejetées.
Avec : Raphaëlle Branche, historienne française, spécialiste des violences en situation coloniale, professeure d'histoire contemporaine, université Paris-Nanterre, membre du Conseil supérieur des archives et rédactrice en chef de la revue Vingtième Siècle : Revue d'histoire ; Tassadit Yacine-Titouh, anthropologue et enseignante-chercheuse algérienne, spécialiste de la culture berbère.
Modération : Tramor Quemeneur, chargé de cours à l’université Paris 8 et université Cergy-Pontoise.
12h - 12h30
Les présentations d’ouvrages sont consacrées aux livres sélectionnés dans le cadre du Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe.
Cette enquête inédite revisite l’évolution du Maghreb médiéval à partir de ses marges. Elle dévoile l’histoire de l’ibadisme, une minorité aujourd’hui invisible dans l’océan du sunnisme, mais qui a puissamment façonné le Maghreb. Héritiers des dissidents kharijites soulevés contre le califat, les Ibadites animent les révoltes qui détachent la région de l’Empire. Ils jouent un rôle crucial dans l’émergence d’un discours en faveur des Berbères, chez qui ils recrutent en masse.
12h30 - 13h
Les présentations d’ouvrages sont consacrées aux livres sélectionnés dans le cadre du Grand Prix du Livre des Journées de l’Histoire de l’Institut du monde arabe.
L’histoire médiévale et moderne de l’Éthiopie et de sa région a longtemps été écrite en prenant pour source et pour cadre la tradition scripturaire des moines orthodoxes : celle d’un royaume chrétien dont les origines légendaires remonteraient au roi Salomon et à la reine de Saba. En plaçant au cœur de l’analyse le Futūh· al-H·abasha, un manuscrit du XVIe siècle rédigé par un auteur musulman surnommé Arab Faqīh (« le Juriste arabe »), cet ouvrage propose un profond changement de perspective.
14h - 15h30
Salle du Haut Conseil (niveau 9)
L'amour dans Les Mille et Une Nuits se décline de mille manières : sur le mode historique, avec le célèbre couple formé par le calife al-Mutawakkil et sa concubine Mahbûba qui ne lui survivra pas et partagera sa tombe ; sur le mode bédouin, avec les amoureux 'udhrites et des poètes mythiques de la même veine que Le Fou de Laylâ ; sur le mode citadin, avec un jeune marchand amoureux d'une chanteuse, elle-même amoureuse d'une jeune fille, sans conciliation possible pour aucun des trois. L'adultère est aussi décrit sur le registre d'un amour irrépressible pour un unique et quasi-immortel amant, comme pour l'épouse du roi des Îles noires. La relation charnelle zoophile, rare mais présente, nous transporte quant à elle vers les frontières des Nuits. Pourrions-nous évoquer encore l'amour mystique et le renoncement au monde des hommes pour celui du Ciel ou l’amour des djinns et des sirènes, qui n’éprouvent qu’un seul désir : retrouver la mer ?
Avec : Ibrahim Akel, maître de conférences, Sorbonne Nouvelle ; Monica Balda-Tillier, maîtresse de conférences en langue arabe, université Grenoble-Alpes, spécialiste de littérature arabe classique ; Evanghelia Stead, professeure de littérature comparée, Paris-Saclay, critique littéraire et traductrice.
Modération : Aboubakr Chraïbi, professeur de littérature arabe, Inalco.
14h - 15h30
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Lina Benchekor : « Contester au royaume du Maroc : devenirs révolutionnaires, trajectoires biographiques et héritages émotionnels du Mouvement du 20 février 2011 »
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Laura Chaudiron : « La reconfiguration des réseaux de solidarité dans le quartier de Karantina à Beyrouth »
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Louise-Marie De Busschere : « Les relations diplomatiques franco-iraniennes : acteurs et terrains d'exportation (1978-1995) »
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Alexandra de Varax : « Mourir en chrétien au pays de Moab, épigraphie funéraire, culture et société dans les provinces d’Arabie et de Palestine, de Byzance à l'Islam »
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Victor Dupont : « Se mobiliser pour le travail en Tunisie (post) révolutionnaire. Une comparaison des rapports au politique de jeunes diplômés universitaires »
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Sarah-Madona Kammourieh : « Résistance vs Collaboration ? Pratiques mémorielles et relations intercommunautaires dans les villages frontaliers du Sud-Liban »
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Alexandrine Roche : « Beyrouth antique d'après les fouilles préventives de la place des Martyrs (el Bourj) : 1993-1997 »
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Charlotte Schwarzinger : « La scène cinématographique au Liban, du soulèvement de 2019 à aujourd’hui. Fabrique de la création, trajectoire des acteurs, et formes d’engagement en temps de crises »
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Modération : Catherine Saliou, professeure d’histoire romaine, université Paris 8, directrice d’études EPHE, PSL ; Manon-Nour Tannous, docteure en relations internationales, rédactrice en chef de la revue Mondes arabes.
14h - 15h15
Provoquer l’amour ou la passion amoureuse est un objectif des recettes magiques parmi les plus communs que l’on retrouve dans toutes les traditions occultes connues jusqu’à présent. Si le Coran dénonce la magie (siḥr) comme moyen de semer la désunion entre les époux (Coran, 2, 102), il n’en demeure pas moins que les grimoires de magie arabe, qu’ils relèvent de la magie naturelle, de la magie astrale ou de la « science des lettres et des carrés magiques » (équivalent islamique de la kabbale opérative juive), regorgent de recettes pour susciter l’amour, la passion ou l’affection d’une tierce personne. À travers l’histoire des sciences occultes de langue arabe, cette table ronde présente des exemples concrets des méthodes et moyens mis en œuvre pour rendre amoureux.
Avec : Abdoulaye Ba, maître de conférences, université Cheikh Anta Diop de Dakar ; Jean-Patrice Boudet, professeur émérite à l’université d’Orléans ; Korshi Dosoo, chargé de recherche, université de Würzburg ; Alain Epelboin, chercheur émérite au musée de l’Homme, CNRS.
Modération : Jean-Charles Coulon, chargé de recherche, IRHT-CNRS.
15h30 - 16h45
Les peuples du Sahara cultivent l’art de la parole, que celle-ci soit savante ou vernaculaire, classique ou dialectale, écrite ou orale. Au cœur de ces pratiques langagières, qui ont valu à la Mauritanie le surnom du « pays au million de poètes », réside l’ambivalence du lien sentimental à l’autre, oscillant entre amour et inimitié. La table ronde interroge cette ambivalence dans ses fondements tant poétiques qu’anthropologiques et historiques. En évoquant l’imaginaire d’un monde invisible qui soutient la vie quotidienne au désert, les intervenants analysent la fabrique discursive de l’intimité dans un environnement naturel rappelant constamment à l’être humain la fragilité de son existence.
Avec : Rahal Boubrik, anthropologue et historien, professeur à l’université de Mohamed V, Rabat ; Amalia Dragani, anthropologue ; Marie Sklodowska-Curie, Global Fellow, université de Leuven ; Brahim Elhadj, chercheur postdoctoral.
Modération : Ismail Warscheid, historien et islamologue, chargé de recherche au CNRS et membre de la section arabe de l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT).
16h - 17h15
Salle du Haut Conseil (niveau 9)
Dans Les Cent Noms de l’amour (2001), Malek Chebel recense les 100 mots qui désignent l’amour en langue arabe. Ce riche répertoire dote ses locuteurs d’un vocabulaire nuancé et précis pour décrire les ressentis, les formes et les intensités du sentiment amoureux, qu’il soit conjugal, filial ou amical. Cette table ronde se focalise sur le Maghreb et sa diaspora afin d’interroger ses singularités vernaculaires. En interrogeant les formes conjugales, familiales et amicales de l’amour maghrébin à partir de ses pratiques langagières, cette rencontre invite à un aller-retour entre le Sud tunisien, Casablanca et Paris, afin de révéler les dynamiques qui formulent et nouent l’attachement. Comment dire l’amour en maghrébin, que l’on soit à Paris, à Casablanca ou dans le Sud tunisien ?
Avec : Leïla Bouasria, professeure de sociologie à l’université Hassan II de Casablanca ; Warda Hadjab, docteure en sociologie à l’EHESS et post-doctorante à l’IREMAM (CNRS-Aix-Marseille Université) ; Sarra Zaïed, docteure en histoire à l’université Paris-Cité et post-doctorante à l’université de Heidelberg (Allemagne).
Modération : Jocelyne Dakhlia, directrice d’études à l’EHESS, historienne et anthropologue.
16h - 17h
Les textes arabes médiévaux fourmillent d'histoires d'amour, qu'elles soient sentimentales ou sexuelles, politiques ou poétiques, historiques ou imaginaires. Ordinaires ou menant à la folie, licites ou illicites, hétéronormées ou homoérotiques, réalistes ou fantaisistes, elles sont rapportées par des textes très variés. Cette table ronde propose une lecture de textes médiévaux traduits, assortie de questionnements de deux historiennes sur ce que ces récits nous laissent comprendre de la diversité des amours dans le monde arabe médiéval.
Avec : Emmanuelle Tixier du Mesnil, professeure d’histoire médiévale à l’université de Paris Nanterre ; Vanessa Van Renterghem, historienne et arabisante, professeure d’histoire de l’Islam médiéval à l’Inalco.
17h - 18h15
L’amour courtois et son expression la plus noble, la poésie amoureuse sous sa forme déclamatoire ou chantée, est apparue dès le VIe siècle chez les Bédouins du désert d’Arabie, avant de fleurir dans le monde arabe citadin, puis persan et enfin occidental. L’amour passion, avec ses joies et ses détresses, s’exprime dans la démesure et dans l’expression hyperbolique du pathos. La poésie est une forme de « preuve d’amour » comme l’est toute forme de cadeau censé rendre hommage à l’être aimé. Ces différents aspects de l’amour sont analysés à l’étape de la séduction et des premières romances, et ce, quel que soit le type d’amour (hétérosexuel, bisexuel ou homosexuel), dans différentes sociétés arabes (Oman, Zanzibar, société maure de Mauritanie) ainsi que dans la littérature arabe (poésie arabe antéislamique).
Avec : Marion Breteau, anthropologue, université américaine du Koweït, chercheuse associée au CEFREPA Koweït ; Altaïr Despres, anthropologue et romancière, chargée de recherche à l’Institut des mondes africains, CNRS ; Sanaa El Aji El Hanafi, sociologue, Maroc (en visioconférence).
Modération : Corinne Fortier, anthropologue, chargée de recherche au CNRS, laboratoire d’anthropologie sociale (CNRS-EHESS-EPHE-université PSL-Collège de France).
17h30 - 18h30
Salle du Haut Conseil (niveau 9)
Comment les guerres et les crises influent sur les conceptions de l’amour, du lien conjugal et des promesses qu’offre le mariage ? Les intervenants de cette table ronde, à travers un dialogue autour des situations qu’ils ont observées en Palestine, en Égypte et parmi les populations réfugiées syriennes de Jordanie, s’efforcent de mieux comprendre l’attachement au mariage et à la tradition et la malléabilité des idéaux qui s’y rattachent.
Avec : Mariangela Gasparotto, docteure en anthropologie (EHESS, 2019), chercheuse associée à l'IFPO et à l'AC Migrations ; Morgann Pernot, doctorante contractuelle en sociologie à l’Iris (EHESS), affiliée à l’IC Migration et associée au CFEE (UMIFRE Corne de l'Afrique) et au CEFREPA (UMIFRE Péninsule arabique) ; An Van Raemdonck, postdoctorante à l’université de Gand (UGent).
Modération : Aymon Kreil, professeur associé au département des Langues et Cultures de l’université de Gand et codirecteur du Centre for Anthropological Research on Affect and Materiality (CARAM).
17h30 - 18h30
Cette conférence à deux voix retrace deux recherches, au départ indépendantes, sur deux chefs-d’œuvre : celle de Sophie Makariou sur le plus bel ivoire andalou du Louvre, la pyxide d’al-Mughira, et celle de Gabriel Martinez-Gros sur le livre par excellence de l’amour andalou, Le Collier de la Colombe d’Ibn Hazm. Ces deux recherches, enfin jointes, ont permis de jeter une lumière neuve et inattendue sur le plus fascinant des épisodes d’amour et de mort, qui mit fin au califat de Cordoue.
Avec : Sophie Makariou, conservatrice du patrimoine et présidente du musée national des Arts asiatiques – Guimet ; Gabriel Martinez-Gros, professeur d’histoire médiévale du monde musulman à l’université Paris Ouest Nanterre la Défense.
18h30 - 20h
Les réalisateurs, actrices et acteurs arabes, ont concilié avec habileté la représentation de l’amour avec les tabous culturels et les préceptes religieux de leur époque. À travers des extraits de films algériens, libanais et égyptiens, cette table ronde explore les subtilités et l’ingéniosité de la mise en scène de l’amour dans le cinéma arabe.
Avec : Nadine Asmar, cinéaste libanaise et doctorante en études cinématographiques à l'université de Bretagne Occidentale / ED ALL / laboratoire HCTI ; Camille Leprince, doctorante à l'EHESS sur le cinéma arabe contemporain et chargée de recherche au Centre national des arts plastiques.
Modération : Marc Khoreich, artiste libano-syrien, doctorant en études cinématographiques et audiovisuelles à la Sorbonne Nouvelle / ED 267 / IRCAV.
20h30