Tout comme l’enfant, le cinéma, cet art naissant, va se nourrir et s’inspirer des autres arts pour grandir et exister. Dès lors, les figures de l’enfance ne le quitteront pas, il puise dans ses personnages authentiques et spontanés un terreau propice aux comédies les plus folles et aux drames les plus déchirants.
Un des premiers enfants-vedette du cinéma en France se nomme René Dary. Il débute à l’âge de trois ans dans la série réalisée par Louis Feuillade « Bébé Abélard » avant d’être détrôné par René Poyen, quatre ans, qui incarne Bout-de-Zan. Mais l’enfant le plus célèbre du cinéma muet demeure sans aucun doute Jackie Coogan qui devient une star en 1921 grâce à son inoubliable interprétation dans The Kid.
Les drames et les grandes injustices de l’enfance jalonnent l’histoire du cinéma, de La Marâtre (1906) d’Alice Guy au Pré de Béjine, film inachevé de Sergueï Eisenstein, en passant par les films de Jacques Feyder (Gribiche, Visages d’enfants).
Parallèlement à la souffrance et la misère, les films mettent fréquemment en scène des récits de parcours initiatiques ou d’aventures menées par de jeunes protagonistes (Umanità d’Elvira Giallanella, My Boy d’Albert Austin et Victor Heerman, Mälarpirater de Gustaf Molander ou le patriotique Tour de France par deux enfants de Louis de Carbonat).
Si les enfants-star forcent l’admiration du public par leur grâce et leur naturel, les stars adultes endossent parfois le rôle avec excellence comme Mary Pickford dans le drame terrifiant Sparrows (1926) ou, dans un registre en apparence plus léger, Asta Nielsen dans Engelein (1913) et Das Versuchskaninchen (1916).
Au Japon, Yasujiro Ozu se fait le témoin incisif de la rébellion des Gosses de Tokyo (1932) et de la générosité d'un chômeur dans Une Auberge à Tokyo (1935).
Candeur, élan, insoumission, rêve et imagination, l’enfance est un territoire infini et intarissable pour le cinéma.