Co-curatée par les directrices de KADIST Paris et la Sharjah Art Foundation, cette exposition présente des œuvres de leurs collections respectives ainsi que des contributions invitées qui cherchent à sonder la pertinence de la figure du poète civique et sa redéfinition de l'engagement civique.
Commissaires : Hoor Al Qasimi, présidente et directrice de la Sharjah Art Foundation & Julia Morandeira Arrizabalaga, directrice de KADIST Paris
Pier Paolo Pasolini, une référence ici incontournable, définirait le rôle du poète comme une voix publique dotée d’une responsabilité éthique envers la réalité et contre la fracture persistante du monde. Les poète.sse.s civiques défendent une rage intellectuelle qui s'attaque aux urgences présentes et historiques, tout en élargissant par leurs écrits et leurs actions la pratique de la justice sociale ainsi qu'un sens renouvelé d’agentivité linguistique.
L'exposition présente des artistes qui rendent hommage aux poète.sse.s civiques. Le film de Manthia Diawara traite de liberté avec l'activiste Angela Davis, le film et l'installation de Bouchra Khalili explorent l'alliance radicale avec Jean Genet, tandis que Hajra Waheed se concentre sur des chansons d'activistes et d'artistes pour amplifier la solidarité transnationale. Helina Metaferia célèbre les histoires des femmes noires qui ont manifesté pour les droits civiques, et Jinoos Taghizadeh imprime au verso de timbres les portraits d'intellectuel.le.s iranien.ne.s assassiné.e.s en raison de leur dissidence.
Les radios et leur rôle transformateur font également partie de l'exposition, notamment une mixtape de Radio Alhara & Learning Palestine Group sur le présent, le passé et l'avenir de la Palestine, et le podcast de Hajer Ben Boubaker sur les mouvements de migrant.e.s nord-africain.e.s à Paris. Certain.e.s artistes de l'exposition se définissent comme des poète.sse.s, exploitant le pouvoir politique du langage, comme c’est le cas de la série Palabrarma de Cecilia Vicuña et les déclamations de David Wojnarowicz durant la crise du sida, filmées avec Marion Scemama. Des événements publics et des discussions avec Farah Al Qasimi et Joe Namy complètent le projet, en développant certaines questions connexes.
L'exposition relie ces diverses voix et questions, formant une géographie de luttes et de solidarités similaires, de la Palestine à Barbès. Cependant, une tension centrale — présente dans le travail de Nidhal Chamekh — apparaît lorsque les artistes se débattent avec le rôle de témoin et la manière de transmettre leurs expériences sans les réduire. Ce projet ne vise pas à fournir des réponses définitives, mais plutôt à explorer la pertinence de la poésie civique aujourd'hui, en encourageant une sphère de civilité radicale et de nouvelles formes d'engagement artistique.
Du jeudi au dimanche, un programme de projections en accès libre au sein de l'espace de KADIST Paris (avec sous-titres) :
15h | Bouchra Khalili, Twenty-Two Hours, 2018
15h40 | Marion Scemama & David Wojnarowicz, After Word, 1989 - Last Night I Took a Man, 1989
15h50 | Bouchra Khalili, Twenty-Two Hours, 2018
16h30 | Manthia Diawara, Angela Davis: A World of Greater Freedom, 2022
17h50 | Marion Scemama & David Wojnarowicz, After Word, 1989 - Last Night I Took a Man, 1989
18h | Bouchra Khalili, Twenty-Two Hours, 2018
18h40 | Manthia Diawara, Angela Davis: A World of Greater Freedom, 2022