Dans la plupart des albums
contemporains ayant quelque importance, les images seules, ou
l’articulation d’un texte avec des images, offrent aux lecteurs, petits et
grands, un cadre au désir de figuration, à des états du corps, à la
mémoire, aux sensations, à la nidation dans la communauté des faiseurs de
sens.
Les adultes qui
partagent le livre avec l’enfant, soucieux de compréhension et d’une bonne
acquisition du langage oralisent le texte, commentent les images et les
manipulations par les tout-petits des livres animés…
Quand la langue prend
manifestement le dessus, qu’est-ce donc qu’assurer la médiation des albums
et notamment des images ? Les verbaliser, seul moyen de communiquer à
leur propos, ne revient-il pas trop souvent à les traduire comme si ce qui
se montre aurait aussi bien pu se dire ? Quel est le destin du reste
à voir ? La langue ouvre certes à l’augmentation du monde et à ses
complexités, mais ne devrait-elle pas aller de pair avec l’informulé
d’une pensée en images où se déploie l’humaine possibilité d’un échange,
non exclusivement discursif, avec l’autre en soi, à tout âge ?
Dans le cadre d’un
partenariat avec l’Agence quand les livres relient et à l’occasion de
l’exposition À hauteur de bébé : chemine parmi les livres
avec Lucie Félix, nous avons proposé à Christian Bruel et
à Evelio Cabrejo-Parra de débattre de ces questions.
Evelio Cabrejo-Parra, psycholinguiste,
et vice-président de l'association A.C.C.E.S. (Actions Culturelles Contre les
Exclusions et les Ségrégations), apportera son éclairage sur les compétences
langagières et cognitives du bébé aux différents stades de son développement.
Christian Bruel, auteur, éditeur et membre du conseil d’administration de
l’Agence quand les livres relient, lui répondra en tant que spécialiste de
l’album et des images qu’ils contiennent.