Quand cette histoire commence-t-elle ? Quand le « soudain » en marque-t-il le début ? Quand une jeune femme entre dans l'appartement new-yorkais d'un médecin tout juste retraité et lui demande de lui parler de son grand-père qu'il a bien connu, ou quand les souvenirs affluent et que le spectateur se retrouve dans un petit village de Pologne, Roswadow, en 1941 au moment de l'invasion allemande ?
La plupart des Juifs du village sont massacrés, mais deux amis médecins, dont le narrateur de l'histoire, vont inoculer le vaccin du typhus aux rescapés et obtenir leur exemption des camps. Ils iront jusqu'à jouer la comédie, n'hésitant pas à mimer les symptômes de la maladie pour tromper la vigilance des soldats venus de Berlin dans le but d'en vérifier la réalité et l'ampleur.
Nos deux larrons s'accommodent, de l'aveu même du narrateur, de la science et de la loi. De la morale pourrait-on ajouter. Pari risqué et réussi puisque des centaines d'habitants seront sauvés, prouvant que l'humanité de ceux qui n'hésitent pas à risquer leur vie conduit au salut des autres.
La pièce est une pépite où les acteurs et la mise en scène virevoltent au fil de l'histoire et des allers-retours dans le temps, sans jamais perdre le spectateur qui, comme dans « La vie est belle » de Roberto Benigni, en sort heureux.
Heureux car humain. La catharsis fonctionne et par les temps qui courent, c'est beaucoup.