L’écriture de Théo Askolovitch évolue entre humour et tragique. Il décrit la vie telle qu’il la connaît, avec un sourire.
Après 66 jours, monologue sur
le combat d’un jeune homme face au cancer créé à Théâtre Ouvert, Théo
Askolovitch poursuit son travail sur le thème de la réparation. Zoé [et maintenant les vivants] aborde le sujet du deuil, de la relation que l’on entretient avec les mort·e·s, et avec celles·ceux qui restent.
Dix ans après la perte d’un être cher, le père, la fille et
le fils nous racontent avec délicatesse les étapes de leur
reconstruction. Il·elle·s se rappellent l’annonce, l’enterrement, les
rites religieux, puis la vie d’après et dressent le portrait intime
d’une famille qui résonne en chacun·e de nous.
Au loin la voiture se gare et en sortent les personnes en charge de transporter le cercueil.
Nola – Papa je crois qu’il y a un problème.
Lucien – Quoi ?
Nola – Regarde la tombe, c’est normal qu’il y ait une énorme croix dessus ?
Temps, les trois se regardent.
Lucien – Putain ils se sont trompés ces cons.
Sacha – Mais attends on fait comment là, parce que si mamie elle voit ça elle va mourir elle aussi !
Nola – Faut la faire enlever.
Sacha – Ouais mais on va pas ramener un pied de biche au milieu de toutes ces familles en deuil quand même !
Lucien – Si on met un grand drap sur le cercueil peut-être que la famille de maman le verra pas.
Sacha – T’es sérieux là papa ?
Lucien – Mais non… un peu.
Nola – Ah mais regardez, il y a une famille qui va vers le cercueil.
Sacha – Oh putain c’est pas le nôtre.
« ZOÉ (et maintenant les vivants) , est mon deuxième projet d’écriture.
Après 66 jours – monologue et seul en scène sur le combat
d’un jeune homme face au cancer – c’était logique de continuer à écrire
sur le thème de la réparation, c’était une évidence. Cette fois-ci, j’ai
voulu parler du deuil. De la résurrection.
J’ai décidé d’axer l’écriture sur trois personnages : le père, la
fille et le fils. Dix ans après la perte d’un proche, une famille nous
raconte les étapes de leur reconstruction. Ils retracent leur passé et
racontent leur présent. Ils se rappellent : l’annonce, l’enterrement,
les rites religieux, puis la vie d’après. Ils se rappellent avec bonheur
les souvenirs de celle qui leur a été enlevée. Ils racontent. À quel
point passer de l’enfance à l’âge adulte peut-être brutal ?
Les trois personnages sont liés par leur histoire, mais chacun se
répare différemment avec ses souvenirs. Le deuil est une période de
cicatrisation, de guérison, d’un retour à la vie.
J’ai voulu travailler autour du prisme de chaque personnage, comment
une même situation peut être vécue de différentes manières, comment la
réalité de chacun peut être dissemblable ? Ce récit est un puzzle. Dans
cette pièce, il n’y aura pas de chronologie entre les scènes. Ce seront
des moments de vie, qui bout à bout formeront une histoire. Le texte
alternera des monologues intimes de chaque personnage, des scènes de vie
entre les trois protagonistes, qui confrontent des idées et des scènes
de flashbacks qui retracent des moments de leur passé. J’ai pour
habitude d’alterner dans l’écriture l’humour et le « tragique ». Raconter la vie comme je la connais, avec un sourire. C’est comme cela, je pense, que ces histoires peuvent résonner en chacun.
Depuis quelques années, je crois qu’inconsciemment je me
dirige vers des projets qui parlent de la famille. La famille. C’est
peut-être ce qu’il y a de plus important pour moi. Ce texte est une
suite logique. J’ai poussé le curseur un peu plus loin.
Zoé (et maintenant les vivants) – titre provisoire est mon deuxième texte mais aussi ma quatrième mise en scène. Après Deux Frères, La Maladie de la famille M (textes de Fausto Paravidino) et 66 jours, je souhaite aussi me recentrer sur la mise en scène, proposer une scénographie plus léchée (après le plateau nu de 66 jours), tout en gardant le texte et les acteurs au centre.
Ce texte parlera de la relation qu’on entretient avec nos morts, et avec ceux qui restent. »
– Théo Askolovitch
Culture.blog SNES-FSU : « De la vie et de l’esprit, la mise en plateau de
Zoé n’en manque pas. Quelle vitalité sur le plateau ! […] Un travail d’étape fort prometteur. »
Sur les planches :
« Ce texte intimiste, de toute beauté, aborde le thème difficile d’un
deuil vécu. Il est conçu sans dramaturgie excessive, avec beaucoup
d’humour et d’à-propos. À cet effet, Théo Askolovitch nous ouvre son
coeur meurtri en créant une oeuvre touchante aux accents patents de
catharsis. »
©DR
PRODUCTION compagnie Saiyan, Théâtre Ouvert – Centre National des Dramaturgies Contemporaines
SOUTIENS Comédie de Caen – CDN de Normandie, de la Région Île-de-France dans le cadre de l’ÉPAT
RÉSIDENCE Théâtre de l’Odéon – Théâtre de l’Europe, Théâtre de Suresnes Jean Vilar
Durée : 1h20 Grande Salle