Ville de Paris

Évènement

Thomas Demand, le bégaiement de l'histoire

Du mardi 14 février au dimanche 28 mai 2023
À quoi pourrait bien ressembler la peinture de l'histoire dans un monde saturé d’images ? À quelque chose comme l’œuvre de Thomas Demand. Depuis plus de vingt-cinq ans, il déploie ses talents de photographe et de sculpteur pour tenter de saisir l’inquiétant bégaiement de l’histoire qui définit la culture contemporaine de l’image.
Dans des photographies de grande dimension, il montre une pièce où s’est produite une explosion, un ordinateur trônant sur un bureau dans une chambre miteuse, ou encore un mur rempli, du sol au plafond, de cartons plats contenant des bobines de pellicule… Ses premières oeuvres, vides de toute présence humaine, inquiètent à plusieurs titres. Leur contemplation suscite le malaise, car rien, en elles, ne fait signe vers leurs images sources : la pièce où Hitler échappa de justesse à un attentat (Room, 1994), le bureau et l’ordinateur parfaitement banals de la chambre que Bill Gates occupait à Harvard (Corner, 1996), les archives cinématographiques de Leni Riefenstahl (Archive, 1995). Ces références, Demand nous les dissimule à première vue. Dépourvues de cadre, enfermées dans des caissons de plexiglas, donnant l’impression de flotter sur le mur, ces images détachées de leur référent entretiennent avec l’histoire une relation paradoxale, à la fois monumentale et muette. Mais, plus on les contemple, et plus le malaise se déplace sur un autre plan. On a la sensation que quelque chose cloche.
Gangway
Gangway
Crédit photo : Thomas Demand
En effet, alors qu’elles semblent représenter le monde réel, un examen plus attentif révèle qu’elles n’entretiennent avec lui qu’un fragile rapport de similitude, lequel rapport trahit leur nature effective : ce sont les photographies de sculptures en trois dimensions réalisées par l’artiste à partir d’images médiatiques existantes. Après avoir choisi ses images sources, Demand utilise du papier et du carton de couleur pour reconstituer méticuleusement les espaces qu’elles représentent, en trois dimensions et à échelle réelle. Ensuite, il photographie ces maquettes avant de les détruire : ne subsiste alors plus que leur double photographique et spectral.
Mise à jour le 12/01/2023

Paris.fr ne fait aucun suivi publicitaire et ne collecte aucune donnée personnelle. Des cookies sont utilisés à des fins statistiques ou de fonctionnement, ainsi que d'analyse (que vous pouvez refuser ici), nous permettant d'améliorer le site en continu.

Plus d'informations