Traqués par l’Inquisition dès 1536,
les « nouveaux chrétiens » partent pour pratiquer plus ou moins librement le
judaïsme. Du XVIe au XVIIIe siècle, ils
participent aux profonds bouleversements socioéconomiques, religieux et
intellectuels qui feront entrer l’Occident dans la modernité. Leurs réseaux
familiaux, commerciaux et financiers se déploient à l’échelle planétaire.
La diaspora judéoportugaise se compose
de convertis devenus sincèrement chrétiens, de juifs, de marranes ou
cryptojuifs. La complexité religieuse de ses membres et la précarité de leurs
conditions de vie expliquent chez certains des aspirations messianiques ou chez
d’autres l’émergence d’un esprit critique et d’un désir de tolérance et de
liberté de conscience.
Malgré sa grande dispersion
géographique et religieuse, cette diaspora a su conserver une certaine cohésion
qui se manifeste à travers la langue, la littérature, la liturgie,
l’architecture, les patronymes ou encore l’art funéraire. Bien que composite,
elle partage une communauté de destin et fera naître une forme inédite
d’appartenance collective, désignée par le terme A Nação (La Nation).
Livia Parnes, historienne et spécialiste de l'histoire du judaïsme portugais et du marranisme, a été coordinatrice et programmatrice d'événements culturels à l'auditorium du Mémorial de la Shoah. Elle s'est aussi investie dans le milieu de l'édition comme porteuse de projets et chargée de missions éditoriales. Elle collabore régulièrement avec les Éditions Chandeigne, pour lesquelles elle traduit, introduit et prépare l'appareil critique d'ouvrages, dont La Découverte des marranes de Samuel Schwarz et O Judeo de Camilo Castelo Branco. Elle participe également à l'organisation des projets d'adaptation des livres (pièces de théâtre, lectures musicales, expositions).