Évènement

ART SPIEGELMAN - Street Cop

Du mardi 9 novembre au samedi 4 décembre 2021
Avec ses illustrations de Street Cop – un récit fou, noir, crépitant, signé Robert Coover – Art Spiegelman retrouve la dimension sensible et distanciée mise en œuvre dans Maus et À l’ombre des tours mortes, à la fois réponse au 11 septembre et célébration des comics grâce auxquels l’artiste avait surmonté sa dépression post-traumatique.
Belle occasion pour la Galerie Martel de mettre en lumière Spiegelman l’illustrateur, souvent masqué derrière Spiegelman le créateur. À partir du XX novembre, la Galerie exposera, outre ses originaux, ses études et croquis préparatoires – ceux de Street Cop bien sûr, mais aussi de sa fabuleuse Nuit d’enfer, en passant par ses couvertures du New Yorker, sans compter d’autres merveilles.
Street Cop est une novelette, un court récit enchâssé dans un livre minuscule : « Son édition américaine », s’amuse Art Spiegelman, « est plus petite que mon iPhone ! » Mais attention. Par son contenu, l’ouvrage tient du bull terrier, pas du yorkshire. Un street cop, c’est un flic patrouilleur. Celui-ci n’est pas nommé. La ville où il évolue, non plus. Notre flic s’est engagé dans la police pour se refaire une virginité : c’est un ancien voleur, un ex-dealer. Dans sa ville, rien n’est fixe. Rien n’est stable. Les quartiers changent de place. Un immeuble peut s’enrouler autour de vous et chercher à vous tuer : il sort directement d’une de ces imprimantes 3D qui reconstruisent sans cesse la ville en temps réel. La majorité des flics sont des robots. Coupables ou innocents, ils butent plus vite que leur ombre. Soumis aux mêmes règles, notre patrouilleur, lui, est un homme – ou ce qu’il en reste. Dépassé par la technique, par les puces dont est lardé son uniforme. Dépassé par Electra, son assistante personnelle virtuelle. Dépassé par son mobile, dont les centaines d’apps lui échappent. Electra l’aiguillera sur une étrange affaire, celle d’un cadavre « complètement mâchonné. » Pourquoi ? Parce que les corps retrouvés sur les trottoirs servent de nourriture aux morts-vivants vendus comme animaux de compagnie par des boutiques spécialisées. Toutes les péripéties, textuelles et graphiques, sont à la hauteur.
Quel que soit le moment du temps sur lequel elle se porte, l’intensité du regard d’Art Spiegleman combine deux éléments : l’instinct et la recherche. Son travail final ne va pas sans une intense préparation. Nerveux et jetés, ses croquis portent en amorce la perfection du rendu final. À l’occasion de cette exposition, la Galerie Martel a le privilège rare de mettre en regard la genèse et l’aboutissement d’un travail sans relâche, celui d’un artiste majeur.
Street Cop

Mise à jour le 03/11/2021

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