Titre de presse engagé, fondé en février 1973 sous l'impulsion de Jean-Paul
Sartre et Serge July, notamment, Libération
a été pionnier par sa manière de penser et de produire des photographies,
situées au cœur de sa ligne éditoriale, ainsi qu’en témoigne cet « art de la
une », marque de fabrique inimitable du journal. En cinq décennies, Libération a produit des dizaines de
milliers d’articles et de photographies. De la mobilisation sur le plateau du
Larzac, à l’élection de François Mitterrand, en passant par la Marche des
Beurs, le mariage pour tous, ou la guerre en Ukraine… Libé raconte le monde en images, offrant un espace d’expression
singulier et sans équivalent à des centaines d'hommes et de femmes, qui ont
façonné une certaine idée de la photographie de presse. Une photographie
d’auteurs, au service de l’actualité, avec un seul mot d’ordre : casser
les codes. Huit unes grand format, et 48 photographies de presse sélectionnées
parmi des dizaines de milliers, sont présentées de manière chronologique,
vitrines d’un journal qui reste un véritable laboratoire d’expérimentations,
ou, selon les mots de Serge July, « un
territoire immense, en perpétuelle extension ».
À l’occasion de l’anniversaire de sa création, Libération a choisi de donner aux
Archives nationales la majeure partie des archives de son service
photographique, afin de préserver la part la plus précieuse de son patrimoine
documentaire, et d’y donner largement accès au public. Ce trésor d’images, dont
une part conséquente est inédite, représente plus de 500 000 tirages photographiques,
distribués en autant de dossiers thématiques et géographiques qui dessinent les
contours d’une histoire contemporaine de la France et du monde, à la charnière
entre deux siècles. Ces archives visuelles reflètent les orientations
politiques et esthétiques du journal mais traduisent aussi son influence
déterminante dans l’écosystème de la photographie médiatique et son soutien
sans précédent aux photographes, à travers ses commandes de reportages entiers.
En entrant aux Archives nationales, les archives photographiques de Libération
opèrent une mutation, d’une temporalité journalistique vers le temps long de
l’histoire. Cet ensemble rejoint aux Archives nationales les trente-deux fonds
issus d’organes de presse, d’agences, de dirigeants de journaux et de
journalistes, comme celui du Petit
Parisien puis du Parisien libéré,
ou encore du service photographique du quotidien Le Monde, entré en 2020 aussi par un don.