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Cédric Klapisch, sa ville, son œuvre

Mise à jour le 19/01/2024
Joséphine Brueder / Ville de Paris
Le réalisateur parisien remet la capitale en scène avec « Deux moi », l’histoire de Rémy et Mélanie, deux solitudes en quête de l’âme sœur dans une ville où l’anonymat est à la fois un soulagement et une épreuve. « Un prétexte » pour montrer le Paris rêvé et vécu, où chacun cherche son chemin vers le bonheur.
On ne l’avait pas revu filmer la capitale au cinéma depuis plus de dix ans et son film « Paris », en 2008. Mais ne croyez pas que Cédric Klapisch est tombé en désamour de « sa » ville – il y est né et y a toujours vécu : « Il faut être clair, pour moi, c’est la plus belle ville au monde. C’est aussi simple que ça. » C’est cet amour inconditionnel qui le pousse depuis ses débuts à mettre en scène Paris, ses quartiers et ses habitants.
Et puis, pour le réalisateur de « Chacun cherche son chat » et du « Péril jeune », peu de villes peuvent se targuer d’être une muse pour le 7e art : « Je mettrais New York et Venise derrière Paris. Des villes marquantes, il n’y en a pas beaucoup, alors forcément, elles deviennent des lieux de cinéma », explique-t-il pour justifier les quelque 5000 jours de tournage recensés chaque année dans la Ville lumière.

L’anonymat parisien, cette liberté

En 2019, Cédric Klapisch revient donc à Paris, le personnage central de son œuvre cinématographique, après lui avoir fait quelque infidélité rurale en 2017 avec « Ce qui nous lie » (tourné dans le vignoble bourguignon). Mais cette fois, pas de glamour, comme dans la série « Dix pour cent » dont il a réalisé deux épisodes. Fini le Paris chic et haussmannien que ce passionné d’architecture affectionne tant – « J’aime regarder les villes, et les architectes sont les fabricants de ce que je photographie ».
Dans « Deux moi », sorti en septembre 2019, il nous montre un Paris populaire, celui du 18e arrondissement et des rues Marx Dormoy et Stephenson, à travers l’histoire à la fois légère et grave de deux solitudes en quête de l’âme sœur dans une ville hyperconnectée, où l’anonymat fait loi.

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« Ici, au moins, je respire », fait-il dire à Rémy, son personnage principal incarné par François Civil. « On ne le dit pas assez : dans une ville, l’anonymat est une vraie liberté ! », confie celui dont beaucoup connaissent le nom, mais peu le visage. « Notre liberté est liée au fait que personne ne vous connaît. Pour ma part, je suis très content de la petite renommée que j’ai. Quand on est Jean Dujardin ou Mbappé, c’est pas la même chose… »
Quant au personnage de Rémy, dans lequel beaucoup de néo-Parisiens pourront se retrouver, Klapisch est parti d’une anecdote liée au film « Ce qui nous lie ». « On était à Beaune pour le tournage, et un couple s’était engueulé. Le lendemain au marché, cinq personnes m’ont parlé de cette engueulade, alors qu’ils n’y avaient pas assisté… Il n’y a aucune intimité possible, c’est horrible ! Et Beaune n’est pas un petit village… »
Certes, le personnage souffre de la solitude qui découle de cet exode urbain, « mais il préfère ça que de vivre dans son village des Alpes ». Une « contradiction intéressante » pour Klapisch, indécrottable citadin qui pourrait tout de même « [s’]imaginer vivre à la campagne et travailler à Paris ».

« Une ville réussie est d’abord un chaos réussi »

Comme dans ses autres films, ces deux personnages, ces « deux moi » qui incarnent un peu de chaque Parisien sont « un prétexte pour montrer Paris ». Et plus précisément le 18e, « parce qu’il n’est pas beaucoup filmé, et parce qu’il illustre cette opposition parisienne entre les quartiers populaires qui côtoient les quartiers plus bourgeois », justifie le cinéaste, qui vit dans le 11e.
D’ailleurs, le Sacré-Cœur est filmé à plusieurs reprises sous un angle que l’imaginaire collectif ne connaît pas, ou très peu, à savoir depuis le quartier de la Goutte-d’Or où se déroule une grande partie de l’histoire, et non pas depuis Montmartre et son panorama fantasmé. Quel meilleur quartier pour illustrer la façon dont la ville se vit individuellement et comment on la partage collectivement.
« Une ville réussie, c’est d’abord un chaos réussi ! », philosophe le réalisateur, qui a apprécié tourner dans un quartier « considéré comme un conflictuel », mais qui s’est avéré « très familial et sympathique ». Et de détailler : « Dans une ville comme Paris, il y a des riches, des pauvres, des vieux, des jeunes. Ce côté anarchique se retrouve dans le film, avec des gens qui ne vont pas bien dans leur tête, et le chaos autour d’eux. Il faut arriver à trouver une harmonie entre ses deux anarchies, et réaliser qu’on navigue dans une époque où tout peut changer du jour au lendemain. »
Joséphine Brueder / Ville de Paris
Joséphine Brueder / Ville de Paris
Crédit photo : Joséphine Brueder / Ville de Paris
Dans ce café planté en bord de Seine sur l’Île-Saint-Louis où il nous a donné rendez-vous, face au chantier de Notre-Dame, cette prise de conscience prend une autre dimension. Ce choix, au cœur d’un quartier « haussmannien, harmonieux et très chic » plutôt que dans un lieu plus populaire et moderne comme le quartier Rosa Parks qu’il filme dans « Deux moi », participe encore des contradictions qui animent le réalisateur et qu’il aime rendre à l’image.
« Ce que j’aime, c’est voir Paris évoluer dans plein de sens différents. » Un clin d’œil furtif également à l’un des personnages de son film « Paris », un migrant africain qui cherche à retrouver le décor de la carte postale que son cousin lui a envoyée, avec Notre-Dame en toile de fond. Mêler le rêve à la – parfois dure – réalité, une autre caractéristique du cinéma de Klapisch… et de Paris.
PARIS EN DÉCORS AVEC KLAPISCH

« Deux moi » et… un jour pour Joséphine Brueder, sur le tournage du dernier film de Cédric Klapisch. Alors qu’elle fait des photos pour la Ville de Paris dans le quartier Rosa-Parks (19e), Joséphine croise par hasard le réalisateur : le courant passe, la rencontre se fait autour d’une passion commune pour la photographie et pour notre ville. Il l’invite à venir sur son tournage, dans un Paris en décors.
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