Le Pantanal, niché
au cœur du Brésil, au sud de la forêt amazonienne, est l'un des plus
grands réservoirs de biodiversité au monde, essentiel pour lutter
contre le dérèglement climatique. Sur 200 000 km2 de terres gorgées
d'eau, c'est la plus grande zone humide de la planète. Elle est si vaste
que lorsque des explorateurs la découvrent au 17e siècle, ils pensent
trouver une mer intérieure en plein cœur du Brésil. Plus de 4700 espèces
différentes vivent dans cet écosystème unique : oiseaux, reptiles, plantes,
jaguars…
Rythmé par des
saisons humides et des saisons sèches très marquées, le Pantanal se
transforme tout au long de l'année : un entrelacs de rivières
sinueuses bordées par une végétation luxuriante peut devenir quelques
mois plus tard un dédale de petits vallons arides, jalonnés par de rares
points d'eau attirant la faune locale d'une diversité exceptionnelle.
Mais
cet éden terrestre est menacé. Le Pantanal subit la pression
constante de l'activité humaine et ses conséquences dévastatrices : incendies et inondations, barrages, agriculture et
élevage intensif, exploitation de mines d'or… Le bouleversement
climatique que connaît notre planète a eu sur cette zone des effets
beaucoup plus immédiats et spectaculaires qu'ailleurs. En 2020, une
saison sèche particulièrement sévère a entraîné une vague d'incendies
dévastateurs ravageant presque 30 % de la région. Le bilan fut
vertigineux : 17 millions d'animaux périrent dans les flammes.
Principales victimes de ces feux dramatiques, les derniers jaguars de la
planète, dont on estimait la population à environ 400 spécimens
avant ces feux.
C'est pour
témoigner sur la fragilité de ce sanctuaire naturel que le
photo-journaliste sud-africain Brent Stirton s'est rendu plusieurs
semaines au Brésil, au cœur du Pantanal. Très attaché aux sujets en
lien avec la faune et la conservation, son travail d'investigation a
largement été publié et récompensé à travers le monde, notamment par les
Nations Unies.
Comme Frans
Krajcberg qui, toute sa vie, a mis son Art au service de la Nature afin
« d'entraîner
un mouvement qui mobilise l'expression d'une conscience planétaire »,
Brent Stirton nous alerte sur l'état dramatique de notre planète et la
nécessité d'agir.
Avec
ce reportage, Brent Stirton, nous interpelle, comme Frans Krajcberg avant
lui. « Ce que je veux montrer dans mes images, c'est la causalité. Une
action, et ses conséquences. Je pense que c'est vraiment comme cela que
l'on comprend mieux le monde » explique Brent Stirton. Cette
exposition fait écho à celle en cours au Festival Photo La Gacilly « La
nature en héritage ».