Trois femmes dans le numérique : « Il faut casser les codes ! »
Rencontre
Mise à jour le 21/05/2025

Sommaire
Diversi'Tech porte un message fort : la Tech de demain doit être inclusive ! L'événement, qui se tient mercredi 21 mai 2025 à l'Hôtel de Ville, met aussi en lumière les dix ans de ParisCode, programme de formations permettant à 1 000 demandeurs d'emploi de se former chaque année aux métiers du numérique. Rencontre avec trois femmes qui ont su y trouver leur place.
Alors que le numérique transforme notre société, les femmes restent largement sous-représentées : seules 3 % des lycéennes choisissent cette spécialité, et un emploi sur cinq dans la Tech leur est réservé. Parmi les voix qui comptent, trois femmes aux parcours singuliers témoignent. Corinne, Gwenaëlle et Nathalie montrent que, quel que soit son âge ou son profil, il est possible de s’emparer de la Tech !
Paris célèbre les femmes dans la Tech et le numérique
Hôtel de Ville de Paris - 3 rue Lobau , Paris 4e
Du mercredi 21 mai 2025

Gwenaëlle, 31 ans : « La tech m’a permis de reprendre confiance en moi »
Je viens de Mayotte, où j’ai grandi. Après une licence en arts plastiques et culturelle, j’ai enchaîné les petits boulots. Puis le Covid est arrivé, et je me suis reconvertie dans la communication digitale. C’est là que j’ai découvert le code, grâce à un collègue développeur qui m’a initiée. J’ai accroché tout de suite. J’ai suivi une formation intensive de quelques mois, puis j’ai trouvé une entreprise dans laquelle j'ai fait une alternance, puis un contrat. Mais après un an et demi, on ne m’a pas gardée. On m’a dit que je n’avais pas le « profil ». Ça m’a démoralisée. J’ai arrêté de coder pendant plusieurs mois. Heureusement, ma famille et mes amis m’ont soutenue, et j’ai fini par reprendre une nouvelle formation, très inclusive !
Il faut sans cesse prouver qu’on est à la hauteur, on peut finir par douter. Il y a aussi la pression financière, le manque de soutien… Le chemin peut paraître difficile, surtout quand on ne rentre pas dans les cases.
31 ans
J'ai pu la financer grâce à une subvention, sans laquelle je n'aurai pu m'offrir les frais de scolarité. Par la suite, ce qui m’a vraiment aidée, ce sont les rencontres avec des pros, qui ont validé mes compétences sans me juger. Ça m’a redonné confiance.
Le conseil de Gwenaëlle
Pour celles qui veulent se lancer : tester ! Il y a plein de ressources gratuites : tutos, plateformes, projets open source. Et aussi, ne pas rester seule : prendre soin de sa santé mentale, c'est important !
ParisCode fête ses 10 ans
La Ville de Paris propose un programme de formations innovantes aux métiers du numérique, qui permet à 1 000 demandeurs d'emploi par an de se former dans des filières métiers recherchées.
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Corinne, 55 ans : « Il n’y a plus d’âge et de genre. Intellectuellement, on est pareil »
Je suis biochimiste de formation. Très curieuse du monde qui m’entoure, je savais dès le départ que je ne voulais pas faire de recherche en laboratoire. Alors j’ai eu la double compétence en marketing et communication, ce qui m’a ouvert les portes de plusieurs secteurs : la presse médicale, la presse déco, l’agroalimentaire… Même dans l'automobile ! Je suis restée dans cette entreprise pendant quinze ans, j'y rencontrais des passionnés, des designers de renom, voyais des concepts cars ; c’était passionnant. Par ce biais, j’ai découvert les NFT, un phénomène exploré par des marques de prestige. Je me suis plongée dans le sujet, à la rencontre d'experts, et j'ai même investi !
J’avais l’impression d’avoir raté la vague du Web, je ne voulais pas manquer celle du Web3 et me retrouver « has been ». Alors je me suis formée : NFT, blockchain, crypto, no-code, CRM*… En deux mois, j’ai acquis les bases. Puis l’IA est arrivée, et je continue à me former aujourd’hui.
55 ans
La Tech reste largement associée à un univers masculin. Lors des meetups IA ou no-code auxquels je participe, 80 % des participants sont des hommes. Et puis il y a l'âge. Je ne me sens pas sénior, mais dès que j’ai des entretiens, on me demande si je vais réussir à m’intégrer dans une équipe jeune. Comme si l’âge faisait obstacle à la créativité ou à l’adaptation. J’ai constaté que beaucoup de recruteurs, souvent jeunes, ne savent pas comment se projeter avec des profils expérimentés. D'ailleurs, c'est la thématique du prochain projet sur lequel je travaille : une plateforme pour aider les femmes de plus de 50 ans à reprendre confiance en elles professionnellement.
Le conseil de Corinne
Ne vous autocensurez pas. Vous avez déjà traversé les révolutions du Web 1, Web 2… Vous vous êtes adaptées ! Pourquoi pas le Web 3 et l’IA ? Il faut oser, tester, créer. Parfois, les jeunes sont étonnés quand je parle d’IA ou de blockchain. À ce moment-là, il n’y a plus d’âge ni de genre. Juste des intelligences qui se rencontrent.
Nathalie, 59 ans : « Même à 50 ans, on peut changer de vie »
J’ai travaillé trente ans dans les assurances comme actuaire, un métier de chiffres, de statistiques, que j’ai appris en parallèle de mon travail, à distance. À l’origine, je voulais être informaticienne, et cette passion ne m’a jamais quittée. Très tôt, je me suis intéressée au big data, au machine learning, puis à l’IA générative. J’ai suivi des cours du soir, mais dans mon secteur, ces innovations avançaient lentement.
C’est en découvrant une formation no-code proposée par France Travail que j’ai franchi un cap. Huit semaines intenses, très cadrées, avec un projet concret. J’ai adoré l’ambiance, j’aimais aider les femmes de la promo… À la fin, on m’a proposé de devenir formatrice et de créer des tutoriels. Aujourd’hui, je suis à mon compte, je forme et j’accompagne des clients, et je continue à apprendre sans cesse !
Ce n’est pas une reconversion, mais une évolution de mon métier, portée par la passion.
59 ans
Le conseil de Nathalie
Arrêtez de vous mettre des barrières ! Le syndrome de l’imposteur, c’est fini. Avec notre expérience, nos compétences, on a tant à apporter. Le no-code rend la Tech accessible. Il faut casser les codes : la Tech, ce n’est pas que des jeunes hommes en sweat, comme on nous le montre souvent. Il existe aussi des femmes brillantes, et même à 50 ans, on peut changer de vie et transmettre son savoir !
* Glossaire des termes utilisés
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Blockchain : Sorte de grand carnet numérique partagé que tout le monde peut vérifier, utilisé pour stocker des informations de façon sécurisée.
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Big data : Très grandes quantités de données variées, produites rapidement, difficiles à traiter avec des outils classiques.
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CRM (Customer Relationship Management) : Un outil pour aider les entreprises à mieux suivre et gérer leurs relations avec leurs clients.
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Cryptomonnaie : De l’argent numérique (comme le bitcoin) qu’on utilise sur internet, sans passer par une banque.
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IA générative : Un type d’intelligence artificielle qui peut créer du contenu tout seul, comme des textes, des images ou des musiques.
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Machine Learning : Méthode qui permet aux ordinateurs d’apprendre à partir de données pour faire des prédictions ou des choix.
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NFT (Non-Fungible Token) : Un objet numérique unique, comme une image ou une vidéo, qu’on peut acheter ou vendre sur internet.
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No-code : Des outils simples qui permettent de créer un site ou une application sans avoir besoin d’écrire du code informatique.
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Open source : Un logiciel qu’on peut utiliser, modifier et partager librement.
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Web 1, Web 2, Web 3 : Trois étapes d’internet : au début on lisait (Web 1), ensuite on a commencé à publier et échanger (Web 2), et aujourd’hui, avec le Web 3, on veut que tout soit plus décentralisé et sécurisé grâce à des technologies comme la blockchain.
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