Série

Lorsque Paris était assiégée par les Prussiens en 1870 (1/5)

Mise à jour le 21/10/2020
Guerre de 1870. "Les Braves gens", peinture évoquant la charge des chasseurs d'Afrique à Sedan (3 septembre) conduite par le général de Galliffet et qui suggéra ces paroles au roi de Prusse Guillaume Ier.
Le dernier siège de Paris date de 1870-1871. Il y a 150 ans, les Prussiens ont envahi la France et encerclé la capitale avant de la bombarder. Mais les Parisiens ont résisté, des mois durant, à la famine, aux maladies et aux bombes. Série en cinq épisodes sur la vie des Parisiens assiégés.
Pour les Parisiens, la résilience ne date pas d'hier. En 1870 déjà, Paris est coupée du monde pendant plusieurs mois, assiégée par les Prussiens. Retour sur les grandes étapes du dernier siège de la capitale.
Ce siège est l'une des conséquences de la guerre franco-prusse de 1870 qui oppose Napoléon III au roi de Prusse Guillaume Ier. L'Empereur français déclare la guerre à la Prusse en juillet 1870, convaincu qu'elle sera gagnée facilement. Mais Napoléon III, tout à ses rêves de gloire et de conquête, n'imagine pas que cette guerre signifiera sa perte.

4 septembre 1870 : proclamation de la IIIe République

Débâcle. À la surprise générale, les armées de Napoléon III essuient une défaite cuisante dès le 1er septembre, lors de la bataille de Sedan. Partie en guerre au milieu du mois de juillet 1870, la France impériale est vaincue à peine six semaines plus tard. Napoléon III est fait prisonnier, les armées prussiennes envahissent la France.

Un élan patriotique et républicain pour défendre la France

"L'Hôtel de Ville au 4 septembre 1870".
À l'annonce de la capture de Napoléon III, les Républicains font pression pour déclarer la IIIe République.
Crédit photo : © Musée Carnavalet/Roger-Viollet
La nouvelle de la défaite arrive le 3 septembre à Paris. Les députés se réunissent en urgence au palais Bourbon, où siège l'Assemblée nationale. Une commission est rapidement désignée pour organiser la défense de la France. La foule parisienne se presse aux portes de l'Assemblée pour réclamer la déchéance de l’Empereur. Face à la ferveur populaire, le député Jules Favre encourage ses collègues et la foule à se rendre à l’Hôtel de Ville pour y proclamer la République.
« Français ! Le Peuple a devancé la Chambre, qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République. Il a mis ses représentants non au pouvoir, mais au péril. La République a vaincu l'invasion en 1792, la République est proclamée. La Révolution est faite au nom du droit, du salut public. Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée ; demain vous serez, avec l'armée, les vengeurs de la Patrie ! »
Cette déclaration, signée par de nombreux députés dont Arago, Favre et Gambetta, proclame le début de la IIIe République mais aussi la lutte contre l'envahisseur prussien.

Du 4 au 19 septembre : tous aux barricades

Affiche d'avis aux citoyens concernant l'interdiction de renforcer la défense de la capitale par l'élévation de barricades sans accord de la commission concernée. Typographie, 1870.
Dans leur enthousiasme pour défendre la capitale, les Parisiens élèvent des barricades spontanément. Mais un peu d'organisation est nécessaire pour que leurs efforts ne soient pas contre-productifs.
Crédit photo : © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
Branle-bas de combat ! Une fois le gouvernement de défense nationale instauré, Paris organise sa protection à la hâte. Tout autour de la ville, les garnisons s’affairent à consolider les fortifications, suivant le tracé de l’enceinte de Thiers. Les Parisiens les plus fortunés quittent la ville pour se réfugier dans leur résidence secondaire. Quant à celles et ceux qui habitent en périphérie, à l’extérieur des remparts, une seule solution : trouver refuge dans Paris.
Les armées prussiennes gagnent du terrain rapidement, l’encerclement de la capitale semble inéluctable. Durant la journée du 18 septembre, le siège de la capitale est pratiquement terminé. Les moyens de communication avec le reste du pays sont coupés. Il ne reste plus que deux façons d’envoyer et de recevoir des nouvelles : les pigeons voyageurs, soigneusement acheminés vers Paris au début du mois de septembre, et les ballons gonflables. Le 19 septembre, la ville est officiellement encerclée.

30 novembre – 3 décembre : échec de la percée de Champigny

Les Parisiens et Parisiennes doivent faire preuve d’inventivité pour résister au siège. Le climat politique est très tendu, à la limite de l'insurrection. Beaucoup s’engagent dans la défense de la ville. Henri Le Verdier, romancier, relate les premiers jours du siège :

Paris n'était plus qu’une immense caserne. Les uniformes emplissaient les rues et les boulevards. Tous les citoyens avaient voulu se faire inscrire dans la garde nationale, tous portaient fidèlement quelque lambeau de l’uniforme…

Henri Le Verdier
écrivain
En France, le gouvernement de défense nationale s’est retranché à Tours. Il tente de coordonner la libération de Paris en reformant des bataillons ici et là. Une stratégie est mise en place. Le 30 novembre, l’armée de la Loire doit attaquer les lignes de défense prussiennes vers Fontainebleau où les Parisiens doivent les rejoindre, après avoir effectué une percée du côté de Champigny-sur-Marne.
Cette opération se solde par un échec. La Marne a débordé, le froid est mordant (-12°C) et les Français souffrent de leur manque de préparation et de matériel. Le 3 décembre, l’armée de défense nationale bat en retraite et se retranche derrière les fortifications parisiennes, après avoir perdu 9 000 hommes.

5 janvier : début des bombardements de Paris

"Siège de Paris - le bombardement, guerre de l'invasion, 1870-1871". Estampe anonyme.
Pour accélérer la capitulation française, les armées prussiennes décident de bombarder la capitale à partir du mois de janvier 1871.
Crédit photo : © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
À Paris, le moral n'en peut plus de descendre. Après quatre mois de siège, les habitants se sentent abandonnés et humiliés par les défaites successives. Les vivres se font de plus en plus rares, l’hiver est rude, les plus fragiles meurent de maladie et de dénutrition. Mais malgré ces conditions de vie difficiles, la capitulation n'est pas à l'ordre du jour.
Entre temps, les armées prussiennes ont réussi à faire venir l’artillerie nécessaire au bombardement de Paris. Les fameux canons Krupp, de l’industriel du même nom, sont assemblés à Meudon, Boulogne et Saint-Cloud. Ils pilonnent d’abord les forts du sud et de l’est de Paris. Puis, le 5 janvier, les bombes tombent sur la capitale.

Dès le premier jour, plusieurs centaines d’obus franchirent l’enceinte et s’éparpillèrent sur le Val-de-Grâce, le cimetière Montparnasse, la chaussée du Maine, la rue Daguerre, la rue Delambre, etc.

Henri Le Verdier
ecrivain
Les bombardements font autant de dégâts matériels que psychologiques. La population est épuisée et souffre de voir mourir des enfants, des femmes et des personnes âgées, victimes civiles des bombes aveugles.

28 janvier : cessez-le-feu

Après cinq mois de résistance acharnée, il faut regarder la vérité en face. Les armées françaises sont incapables de vaincre l'ennemi prussien. Il ne reste qu'une solution, faire cesser le feu. La capitulation va de pair avec l'humiliation. C'est du moins le sentiment général à Paris. Après avoir fait preuve de courage, de résistance et de pugnacité, le peuple se sent trahi par son gouvernement qui a négocié l'armistice avec l'ennemi.
La fin de la guerre a un goût d'autant plus amer qu'elle a permis la formation de l'empire allemand, proclamé le 18 janvier dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, symbole de la grandeur de la France.
L'humiliation ressentie par les Parisiens servira de terreau à leur insurrection lors de la Commune, le 18 mars 1871.

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