Évènement

Valdas Papievis, de l'autre côté du temps

Le mardi 15 novembre 2022
Dialogue entre l’écrivain et le critique littéraire, Éric Dussert Deux romans autour desquels s’établira le dialogue entre l’écrivain et le critique littéraire, Éric Dussert, lors de cette rencontre-lecture organisée par la BULAC.
Rencontre - Un livre, des collections
S’il vit officiellement à Paris, après avoir décidé d’aller découvrir cette Europe située de l’autre côté du mur de Berlin démantelé, l’auteur considère qu’il vit surtout « entre » ses trois villes de cœur, villes natale, de jeunesse et d’adoption : « "Entre" est l’endroit où je vis vraiment. Entre Anykščiai, Vilnius et Paris : plus ou moins partout, mais vraiment nulle part. ». Depuis, cet éloignement n’a pas empêché Valdas Papievis de gagner en reconnaissance et en notoriété en Lituanie, et en particulier au cours de cette dernière décennie. L’auteur occupe désormais une place de premier plan dans son pays, où son œuvre, notamment composée à ce jour de huit romans, a été couronnée de prix importants. C’est ainsi qu’en 2016, Valdas Papievis recevait le Prix national de la culture et des arts en Lituanie, la plus prestigieuse distinction dans le domaine des arts et de la culture. L’année précédente son roman, Odilė, arba oro uostų vienatvė (Odile, ou la solitude des aéroports), non traduit en français, figurait sur la liste du Prix du Livre de l’année et était sélectionné pour le Prix du livre le plus créatif de l’année. Last but not least son roman, Eiti (Marcher), Un morceau de ciel sur terre (en français), s’était vu doublement récompenser, en 2011, par le Prix du livre le plus créatif et le Prix du meilleur roman lituanien de l'année.
À travers ses deux romans, Un morceau de ciel sur terre et Ėko, Valdas Papievis se place en explorateur du temps et des temps actuels auxquels sont soumis ses personnages. Certains des motifs de ces deux textes ne peuvent laisser indifférent le lecteur d’aujourd’hui par leur caractère prémonitoire. Le personnage principal d’Un morceau de ciel sur terre, roman écrit en 2010, est un journaliste lituanien envoyé par son journal dans le Lubéron pour enquêter sur les feux estivaux qui ravagent la région. Dans Ėko, Valdas Papievis imagine un Paris déserté, où personne ne peut plus revenir, une ville où la nature reprend progressivement ses droits et dans laquelle déambule le narrateur, suivi notamment par un chien, Ėko, son personnage-miroir. C’est en reprenant une de ses propres nouvelles qu’est né ce roman. Écrite au cœur de l’été 2016, celle-ci lui avait été inspirée par la torpeur ambiante qui régnait dans un Paris brûlant et dépeuplé. L’auteur, qui avait remis sur le métier ce court texte en amont du premier confinement parisien, en vue d’en faire un roman, sera rattrapé par un réel, que nul n’avait anticipé, et dans lequel, pour l’écrivain, fiction et réalité se confondaient soudain de façon inimaginable : « Je suis sorti dans les rues de Paris et j’ai eu l’impression de marcher à travers les pages de ma propre écriture ». Il en résultera Ėko, un roman qui nous parle d’« une mémoire européenne commune, marquée par la tristesse et l’inquiétude ».
Mais par-delà l’aspect étonnamment visionnaire de ces deux romans, c’est également l'écriture de Valdas Papievis qui interpelle lors de la parution en France de Un morceau de ciel sur terre, pour Éric Dussert (Le Matricule des Anges) : « Le style du livre peut au détour de plusieurs pages évoquer en même temps Marguerite Duras (dialogues) et Annie Ernaux (milieu et enjeux), le roman a cette particularité de paraître s'épanouir dès lors qu'il est question de sa pratique assidue de marcheur qui, en le menant bien loin parfois, lui procure un oubli de soi total, rédempteur et promesses de beautés à venir », et pour Florent Georgesco (Le Monde, 4 septembre 2020) : « La découverte d'un auteur singulier, capable de créer de la magie avec une intrigue aussi ténue, est, à chaque fois, une réjouissante surprise (…) Papievis a le don du détail juste, de la notation rapide, étrange, qui vous projettent d'un coup dans un univers neuf. Il entraîne son personnage au plus loin de lui-même, dans la vie des autres comme dans une nature d’une beauté presque déchirante, « une beauté qui touche à sa fin », et transforme peu à peu ce récit d’un vagabondage en expérience des frontières du monde, en approche du vide. ».

Mise à jour le 04/11/2022

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