La théorie décoloniale constitue l’un des
discours phares de notre temps. Loin des imprécisions dont elle fait souvent
l’objet, cet ouvrage, première synthèse en français sur son origine
latino-américaine, offre une généalogie et une cartographie d’un continent de
pensée méconnu en Europe. Mêlant récits historiques, portraits de théoriciens
(dont Gloria Anzaldúa, Arturo Escobar ou Aníbal Quijano), extraits d’œuvres non
encore traduites, explications de concepts clés, ce livre offre une
introduction claire, informée et stimulante des apports d’un des courants les
plus féconds de la théorie critique contemporaine.
La conquête de l’Amérique, scène inaugurale de
la modernité capitaliste, fut aussi l’acte de naissance de nouveaux rapports
coloniaux de domination qui ont modelé une hiérarchie planétaire des peuples
selon des critères raciaux, sexuels, épistémiques, spirituels, linguistiques et
esthétiques. Or cette colonialité du pouvoir n’a pas été enterrée par les
décolonisations. Si l’on veut en sortir, il faut (re)connaître les expériences
vécues par celles et ceux qui ont résisté à l’imposition de ces régimes, les
savoirs produits par les sujets marqués par la blessure coloniale, et tenter de
discerner, dans ces fragiles « nouveaux mondes », l’horizon d’un dépassement de
la colonialité.