Le musée, qui possède l’une des plus importantes collections européennes de peintures chinoises modernes et contemporaines, présente pour la première fois une exposition exclusivement consacrée à ces chefs-d’œuvre. La présentation de ces fragiles trésors faits d’encre et de papier, qui ne peuvent être exposés à la lumière de manière permanente, constitue un évènement.
De la fin de l’Empire à la Révolution de 1949, la Chine du XXe siècle est le théâtre de profondes mutations. La peinture chinoise est en phase avec ces changements. Définie depuis des siècles par l’usage de l’encre, elle se réinvente au contact de la peinture à l’huile, de la photographie, mais aussi grâce à la redécouverte de son propre passé.
Le voyage des artistes, hommes et femmes, joue un rôle moteur dans ce renouvellement. Si les destinations évoluent d’une génération à l’autre, les échanges s’étendent de l’Europe à l’Amérique, sans oublier l’Asie. La peinture à l’encre est profondément marquée par ce dialogue interculturel. Tout au long du siècle, elle est au centre des débats théoriques, qu’il s’agisse de la définition d’une peinture nationale, de la question de l’engagement politique, du réalisme ou de l’abstraction.
La collection de peinture chinoise du musée Cernuschi, constituée à partir des années 1950, comprend plusieurs centaines d’œuvres. Elle est une des rares collections en Europe à conserver aussi bien les peintures des maîtres actifs en Chine, comme Qi Baishi, Fu Baoshi, Wu Guanzhong ou Li Jin, que les œuvres des plus grandes figures de cette diaspora artistique comme Zhang Daqian, Zao Wou-ki, Walasse Ting ou Ma Desheng.
Afin de mieux appréhender ce siècle de mouvement et de création, l’exposition sera ponctuée d’archives filmées permettant de comprendre les enjeux proprement gestuels de la peinture à l’encre, depuis les démonstrations virtuoses des maîtres, jusqu’aux happenings qui remettent en cause de manière radicale les rapports même de l’encre et du pinceau. Ces films très rares, qui mettent en scène les plus grands créateurs du XXe siècle, donnent véritablement à voir l’encre en mouvement.
L’exposition « L’Encre en mouvement » vient couronner soixante-dix ans d'acquisitions. Pour la première fois, les peintures de la première moitié du XXe siècle, paysages sublimes et figures excentriques qui sont autant de défis lancés à la tradition, sont exposées aux côtés des créations des dernières décennies, esquisses révolutionnaires, encres abstraites ou expérimentales qui ont rejoint récemment les collections du musée, à la faveur de donations majeures de Françoise Marquet-Zao et AXA.