Le peintre François Rouan, 80 ans, fait son retour à la galerie Templon, près de deux décennies après sa dernière exposition, avec un ensemble inédit d’œuvres récentes.
Complexes et érudites, ses nouvelles peintures s’inscrivent dans la continuité de trente
années d’expérimentation et d’engagement – une «utopie politique à dimension
humaniste ». Ambiguës, les figures et références iconographiques sont ornementées de
motifs rappelant les fragments abstraits de la méthode fondatrice de l’artiste: le
tressage. Entre jouissance de la forme et de la couleur et questionnements
métaphysiques, son œuvre résonne avec une acuité particulière avec les préoccupations actuelles – le rapport à l’image, l’envers de la surface, la capacité de la peinture à
recomposer un monde réel et mental fragmenté.
Né à Montpellier en 1943, François Rouan intègre l’École Nationale Supérieure des
Beaux-arts en 1961 lorsqu’il s’installe à Paris. Suite à ses recherches sur les collages, il
aboutit en 1965 à ses premiers tressages, d’abord de papier gouaché puis de toiles
peintes, découpées et réassemblées en trame. Il se tourne ensuite vers d’autres
techniques dont celle des « hachures » ou de la cire. Il se laisse alors guider par des
matériaux épars qu’il associe dans des compositions imposantes pour en faire des
semblants d’hommages, incorporant ainsi à son travail des références à l’histoire de l’art.
La forte présence matérielle de la surface de son œuvre, la fragmentation lumineuse et
les rythmes colorés contribuent de concert à l’avènement d’un nouvel espace, d’un
tableau, d’un mode de peinture original et immédiatement reconnaissable.
À partir de 1980 il élargit sa pratique à d’autres médiums, photographiques et
filmiques.Ses images se jouent dès lors de l’inversion et l’opposition
photographie/peinture, abstraction/figuration, vrai/faux et voient le commencement de
ses «tressages de négatifs». Les années 1990 sont consacrées à de nouvelles
conversations autour de l’image du corps notamment – féminin, masculin, attaqué ou
magnifié. Ses « coquilles » témoignent d’une palette de couleurs inédites, crues : rouge,
magenta, rose et d’un jeu troublant d’apparitions et de formes. La décennie 2000 – 2010
montre une continuité de l’approche et des procédures, avec une réapparition de la
figure.
Pensionnaire de la Villa Medicis en 1971-1973, il reçoit en 1985 la distinction de
Commandeur des Arts et des Lettres.
Son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et rétrospectives
notamment au Centre Pompidou en 1975, 1983 et 1994 ; au Musée d’Art Moderne à
Villeneuve-d’Ascq en 1995, aux Abattoirs à Toulouse (2006) et au musée Fabre de
Montpellier (2017). Il a été exposé dans le monde entier, dont la galerie Pierre Matisse à
New York (1972), la Stadtische Kunsthalle à Düsseldorf (1979) au Sezon Museum of Art,
Tokyo (1997), à l’Institut des Beaux-Arts de Beijing (2000). Entre 1987 et 2005, l’œuvre de
François Rouan est présentée dans près d’une dizaine d’expositions à la galerie Templon.
En septembre 2024, le musée des Beaux-Arts de Lyon lui consacrera une grande
exposition rétrospective.