Le saviez-vous ?

Saint-Eustache souffle ses 800 bougies en 2024

Mise à jour le 29/02/2024
Eglise Saint-Eustache
Avec sa hauteur sous voûte supérieure à celle de Notre-Dame, pas étonnant que l’église de Paris Centre ait été surnommée « la cathédrale des Halles ». Autres surprises : on peut y admirer un triptyque de Keith Haring, y célébrer une messe en l’honneur des charcutiers et y flâner pendant Nuit Blanche. Tout un programme !

Elle porte le nom d'un martyr

Sur le chemin qui mène de l’île de la Cité à la colline de Montmartre, une modeste chapelle dédiée à Sainte-Agnès est bâtie vers 1220. Celle-ci devient église paroissiale, consacrée à Saint-Eustache, en accueillant des reliques de ce martyr romain.
Avec les années, la population s’accroît : il faut agrandir l’édifice. La première pierre de l’église actuelle est posée le 19 août 1532, sous François Ier. Le roi la veut grandiose : Saint-Eustache fait 105 mètres de long pour 44 mètres de large, presque autant que la cathédrale Notre-Dame (120 mètres sur 48 mètres), et culmine à 33,08 mètres de hauteur sous voûte (33 mètres pour Notre-Dame).
L’église, dont la construction a duré plus d’un siècle, a assisté à toutes les transformations du quartier : le marché vivant et bigarré de la Renaissance, les premiers travaux d’urbanisme, les douze pavillons vitrés construits par Victor Baltard à partir de 1852 et qui accueillaient des vendeurs et des grossistes par spécialité (viande, légumes, poisson…).
Ce « ventre de Paris », immortalisé par Émile Zola, donne à la paroisse le surnom de « cathédrale des Halles ». Viennent ensuite la dislocation de ces halles, transférées à Rungis en février 1969, les pelleteuses et l’impressionnant « trou des Halles », destiné à devenir un pôle régional de transport, d’activités commerciales et culturelles.
Pendant huit cents ans, elle est restée là, dressée, élégante, puissante, indéfectible… Depuis 2016, la naissance de la canopée et l’ouverture du jardin Nelson-Mandela, deux années plus tard, offrent enfin une vue dégagée sur Saint-Eustache et font de ce bâtiment l’un des éléments principaux du quartier.
Crédit photo : © Ville de Paris

Elle est la dernière demeure de… La Fontaine

Richelieu y est baptisé, ainsi que Molière. Jean de La Fontaine, lui, y est enterré. En 1649, le jeune Louis XIV y fait sa première communion. C’est là aussi que le révérend père Jean-François Senault, de l’Oratoire, prononce l’oraison funèbre d’Anne d’Autriche en 1666.
Le 30 décembre 1721 y est baptisée une enfant nommée Jeanne Poisson, bientôt connue sous le nom de Madame de Pompadour. Le 4 juillet 1778, c’est Mozart qui vient pleurer à Saint-Eustache, aux funérailles de sa mère.
Quelques années après, le corps de Mirabeau y est déposé en grande pompe. Le 30 avril 1855, Hector Berlioz dirige à Saint-Eustache l’exécution de son Te Deum et, le 15 mars 1866, Franz Liszt assiste à la première audition de sa Messe de Gran.

Près de 8 000 tuyaux composent son orgue

Crédit photo : Jean-Baptiste Gurliat / Ville de Paris
8 000 tuyaux, 147 rangs, 101 jeux… Des chiffres à faire tourner la tête de plus d’un organiste. L’instrument de l’église Saint-Eustache est l’un des plus imposants de France, avec ceux de Notre-Dame de Paris (Paris Centre) et de Saint-Sulpice (6e).
La paroisse possède un orgue depuis le XVIe siècle. Mais son visage a bien changé depuis ses origines. Au début du XIXe siècle, l’orgue de Saint-Germain-des-Prés est installé à Saint-Eustache.
En 1844, à la suite de la chute d’une chandelle lors de son entretien, il est détruit par les flammes ! Ce n’est qu’en 1854 qu’il est reconstruit, enchâssé dans le buffet monumental réalisé par l’architecte Victor Baltard. Il sera de nouveau remis sur pied en 1879 après les événements de la Commune. Sa dernière restauration d’envergure, réalisée par Jan Leendert van den Heuvel, date de 1989.

Son entrée principale a retrouvé son lustre d’antan

Façade rénovée de l'église Saint-Eustache
Façade rénovée de l'église Saint-Eustache
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
En janvier 2024, Saint-Eustache retrouve son massif d’entrée du XVIIIe siècle ! L’église était en travaux depuis février 2022. L’entrée principale composant la façade occidentale nécessitait une restauration d’envergure : tour nord, terrasse ouest, loggia, pronaos, perron et emmarchement, vestibules latéraux…

Un cervidé orne sa façade sud

Regardez le sommet du transept sud et vous verrez une sculpture de cet animal qui sort littéralement de la façade. Sur sa tête, une croix portant le Christ. On retrouve cette figure à l’intérieur de l’église, sur les candélabres. Il renvoie à la légende de Saint-Eustache, chasseur converti par l’apparition dans les bois d’un cerf crucifère qui l’illumine et le fait changer de voie…
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Les charcutiers y apportent des saucisses tous les ans

Vitrail
La chapelle Saint-Antoine-Saint-André, dédiée aux charcutiers
Crédit photo : Clément Dorval / Ville de Paris
Avant d’être transféré à Rungis, le marché central des Halles regroupait plus de 300 artisans charcutiers. Saint-Eustache était leur église… Depuis 1809, la société française de la charcuterie organise d’ailleurs une messe en mémoire des défunts de l’année, le troisième dimanche de novembre. Venus de toute la France, les charcutiers entrent en procession, vêtus de leurs toques et tabliers, et déposent au pied de l’autel leurs chefs-d’œuvre gustatifs.
La chapelle Saint-Antoine-Saint-André, à l’entrée sud-est de l’église, qui bénéficiera prochainement d’une rénovation, est dédiée à la mémoire des charcutiers traiteurs, sous l’invocation des deux saints patrons de la profession.
Un vitrail, Le Souvenir de la charcuterie française, représentant notamment cochons et saucisses, orne cette chapelle.

Keith Haring y côtoie Rubens

Et le décor ? Peintures murales, tableaux, sculptures, boiseries, mobilier liturgique font voyager à travers l’histoire : des œuvres sont en place depuis leur création. D’autres viennent des différentes campagnes de décoration et de restauration, auxquelles on ajoute les acquisitions et les dons.
Ces œuvres sont juxtaposées, variant les styles, accolant les siècles. Dans la chapelle Sainte-Geneviève se trouve ainsi un tableau de Santi di Tito représentant Tobie et l’Ange, tandis que la chapelle Saint-Pierre-L’Exorciste abrite une œuvre de jeunesse de Rubens, Les Pèlerins d’Emmaüs (1611). N’oublions pas que L’Adoration des bergers (vers 1655) du Tintoret a également rejoint Saint-Eustache ces dernières années !
Côté sculptures, plusieurs pièces exceptionnelles, comme le tombeau de Colbert réalisé par Coysevox et la Vierge à l’Enfant de Pigalle.
Ces œuvres dialoguent avec la création contemporaine tel le triptyque en bronze La Vie du Christ (1990) du peintre américain Keith Haring, installé dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul, sous des peintures murales datant de 1634. Quant aux deux toiles de John Armleder, Pour Paintings, elles ont été exécutées sur place en l’an 2000 et installées au sein de la chapelle Saint-André.

Elle fête la musique durant… trente-six heures

L’église se veut un lieu de vie et de culture. Elle propose régulièrement des expositions d’artistes contemporains. Chaque Nuit Blanche, elle est le cadre d’installations éphémères plus incroyables les unes que les autres. Ses voûtes accueillent aussi des événements lors du Festival d’automne, à Noël ou à Pâques.
La Fête de la musique est aussi devenue un rendez-vous incontournable à Saint-Eustache avec, depuis 2006, un marathon de trente-six heures de musique, aussi bien sacrée que profane.
Enfin, pour célébrer les 800 ans et plonger dans la légende ce monument, l’expérience immersive Luminiscence s’y installe du 16 février au 25 mai 2024.

Elle affiche une solidarité sans faille…

Envers les malades du sida

Dès la fin des années 1980, à contre-courant de la posture adoptée par bien d’autres paroisses, Saint-Eustache décide d’accompagner les personnes malades, parfois mourantes, touchées par le virus.
Un groupe de soutien et de partage est alors créé à l’initiative du père Bénéteau. En 2024, le groupe Sida Vie Spirituelle perdure. Ses membres se réunissent tous les mois pour une soirée de réflexion et de prière.

Envers les personnes sans abri

Qu’il pleuve ou qu’il vente, tous les soirs à 19 h, du 1er décembre au 31 mars, les portes de l’église restent closes pour mieux s’ouvrir à l’accueil fraternel de la soupe Saint-Eustache. Près de 300 repas sont ainsi servis par des bénévoles aux sans-abri, aux personnes en situation de grande précarité ou aux migrants qui se présentent sur le parvis.
Une initiative qui date de 1984 et qui fonctionne grâce aux collectes de denrées auprès de la Banque alimentaire, des entreprises partenaires, des commerçants et des boulangeries du quartier.

Visitez Saint-Eustache !

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