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Avec «Prêter son jardin»: le bonheur est dans le potager

Mise à jour le 26/05/2016
Marché Nation, Cours de Vincennes - légumes - 2013/11/02 - 268648
Vous possédez un jardin mais vous n'avez pas le temps de jardiner? Vous avez envie de jardiner mais vous n’avez pas de jardin? Danièle Heiligenstein vous offre la solution avec la plateforme de mise en relation pretersonjardin.com qu'elle a créée en 2010. Rencontre avec une passionnée de potager et… de relations humaines.
C'est une pionnière du partage de potager. Si les plateformes de mise en relation entre particuliers ont fleuri depuis, c'est à Danièle Heiligenstein que l'on doit d'avoir inventé le concept. Et le concept est très simple: les propriétaires de jardins n'ayant pas la main verte ou le temps, prêtent leur lopin de terre à des jardiniers motivés n'ayant pas de jardin, en échange d'un partage de récolte par exemple.
Une fois que l'on a défini ce que l'on propose ou ce que l'on cherche, il suffit de poster son annonce sur le site prêter son jardin. Un système de messagerie permet d'entrer en contact et de voir si les intérêts peuvent se rejoindre. «Pour rassurer certaines personnes, on a mis en place une sorte de contrat type avec les droits et obligations de chacun. Cela peut aussi aider à définir des horaires et des conditions d'accès par exemple. Mais on peut très bien s'entendre à l'amiable», explique Danièle.

Par amour des légumes

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Crédit photo : paris.fr
«Au départ, j'avais vraiment envie que cela tourne autour de la création d'un potager parce que c'est inouï ce que l'on peut récolter avec seulement quelques mètres de terre, précise Danièle, et puis il y a aujourd'hui tellement de questions autour de ce que l'on mange. Cultiver sa propre production cela semble tellement plus sain et le sentiment d'indépendance que cela crée, n'a pas de prix. Et puis j'ai la folie des légumes, sourit Danièle, mais évidement, c'est ouvert, du moment que cela reste autour du jardin.» Le tout est qu'il y ait un échange: une personne prête sa terre contre le partage de la récolte mais cela peut être contre un service, donner des cours d'anglais pourquoi pas. On peut tout imaginer tant que les termes satisfont les deux parties. Tout est gratuit, même l'inscription au site et le dépôt de l'annonce. «Cela repose sur l'échange et doit rester le plus convivial possible» explique Danièle.

Un café à deux, sous le laurier

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Crédit photo : paris.fr
Journaliste pigiste, Danièle vient du sud de la France où elle a longtemps travaillé. Passionnée de jardinage, elle avait créé une rubrique hebdomadaire dans les colonnes du Midi Libre. Après un déménagement qui l'amène à Houilles en région parisienne, elle acquiert un petit jardin où elle a tout de suite envie d'installer un potager. «Mais je n'y connaissais pas grand chose et je manquais surtout de temps», explique-t-elle. Elle pense alors à l’engouement pour les jardins familiaux, les demandes dépassant souvent largement les offres. Elle songe qu'il y a sûrement près de chez elle quelqu'un qui rêve de travailler un peu la terre. Mais comment le trouver? La création d’un site web émerge alors avec l’intuition que cette démarche pourrait intéresser un plus large public. Ni une ni deux, elle crée sa plateforme et dépose sa propre annonce. La réponse ne tarde pas. Un jeune retraité de la SNCF se dit très motivé, il habite Gennevilliers mais ce n'est pas un souci; il viendra créer le potager de Danièle et partager avec elle la récolte. «Cela a été une belle rencontre se souvient Danièle, on cultivait ensemble et après l’effort on prenait le café sous le laurier: à deux c’est vraiment beaucoup plus stimulant. Par ailleurs c'est une personne que je n’aurais probablement jamais rencontrée par mon travail par exemple. C’est très enrichissant.»

La rencontre est dans le potager

Car c'est surtout l'humain qui intéresse Danièle: «Au-delà des légumes c'est la relation humaine qui me plaît, la rencontre autour d'une envie commune, ce qui se passe entre les personnes et pourquoi ce besoin de revenir à la terre.» Pour creuser cela, Danièle est d'ailleurs en train de créer un petit magazine en ligne où elle va choisir des annonces intéressantes et faire des reportages sur eux. Aujourd'hui son site compte 8.000 à 9.000 annonces, «plus fréquentes en région parisienne, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées» précise-t-elle. On peut trouver des annonces d’associations qui cherchent des personne pour s’occuper de jardins partagés en pied d’immeubles. Mais il y a surtout des particuliers comme cette retraitée qui «cherche jardinier aimant fleurs et nature pour aide entretien de jardin contre prêt d'une parcelle pour potager (60-90m²)» ou ce Parisien qui cherche à faire un potager dans son jardin du 19e arrondissement ou cet habitant de Paris qui «recherche un jardin, idéalement dans Paris ou à 15-20 min max de Paris en transport, pour mettre en place un système agro-écologique de petite dimension».

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Du 19e à la vallée de Chevreuse

Car on peut même envisager d'aller se ressourcer dans le jardin d'un autre à plusieurs kilomètres de chez soi. C'est l'exemple de Tom Wersinger. Il vit dans le 19e arrondissement mais n'hésite pas a faire une heure vingt de RER pour aller cultiver un potager vers Saint-Rémy-lès-Chevreuse. Il raconte: «J'ai grandi dans les Vosges, je suis arrivé à Paris il y une dizaine d'années et plus ça allait et plus j'envahissais mon balcon de plantes, de graines de citronnier ou de litchi… Mettre les mains dans la terre me manquait vraiment». Il tombe alors sur l'annonce d'Anne-Christine qui a un terrain dans le 78. Ils se rencontrent et Tom tombe tout de suite sous le charme: «C'était fou: tout de suite si dépaysant. Anne-Christine a un immense terrain à transformer en potager. Je me suis engagé à venir un jour et demi par semaine. Elle ne m'a rien demandé en échange. C'est une femme qui a sa maison et sa table ouvertes, il y a toujours du monde. Il y a d'autres adeptes de potagers aussi, alors on discute, on échange des savoir-faire, on s'organise entre nous pour l'arrosage par exemple. J'ai vraiment envie de tenir mon engagement et récolter mes propres légumes. Même si évidemment pour le moment cela ne me nourrit pas, cela a pas mal modifié mes habitudes alimentaires: j'ai plus envie de soupe que de fast-food quand je rentre», dit-il en riant. Pour ce trentenaire, développeur d'applications éditoriales, qui a travaillé pour Rue89 ou créé le site Owni cette rencontre a été providentielle. «Après une journée là- bas je reviens en pleine forme! Un week-end je suis même resté dormir sur place dans une cabane à côté du potager, c'était dingue: j'étais en pleine nature, au réveil j'entendais les canards des étangs à côté. C'est mon spot de villégiature à quelques encablures de Paris et contre presque rien, juste quelques efforts pour désherber et planter.»

Jardins du Ruisseau - Jardin partagé rue du Ruisseau - 2013/06/26 - 260159
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Crédit photo : ©Marc VERHILLE / Mairie de Paris
Pour Danièle c'est vraiment cela le but de son site: (re)créer des liens sociaux, des échanges autour d'une activité saine. Aujourd'hui, elle pense qu'elle devrait faire évoluer le site pour le mettre un peu plus au goût du jour mais, si elle a investi au départ, elle ne veut pas gagner d’argent dessus: «J’ai une activité à côté, je veux continuer à faire cela pour le plaisir.» Elle ne souhaite pas que son site soit envahi de publicités ou faire une boutique en ligne, comme d’autres sites qui se sont créés à sa suite, le proposent. «Ce n'est pas du tout cet aspect qui m’attire. C’est seulement l’aspect humain qui m’intéresse. De toutes les façons je n’ai jamais su gagner d'argent, ajoute-t-elle en riant. Pour moi, tant que le site fonctionne et que les gens sont contents, cela me suffit et c’est ce qui me plaît.»

Ce ne sont sûrement pas Tom et Anne-Chistine qui la contrediront. Et vous ça vous tente? Allez vers le site.

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