À l’heure où le wax connaît une popularité sans précédent dans les sociétés occidentales, l’exposition donne à voir la richesse de ce tissu reconnaissable entre tous, mais dont l’histoire singulière est ignorée du grand public. On l’a visitée, voici ce que l’on en a pensé.
De quoi ça parle ?
Cette exposition croise les regards d’anthropologues, d’historiens de l’art, de designers, de couturiers et d’artistes contemporains qui examinent le wax sous toutes ses coutures.
À l’origine, le wax est une transposition technique et iconographique du batik, un tissu d’origine indonésienne teint grâce à une technique de réserve à la cire. Industrialisé par les Européens, le tissu a rencontré le succès en Afrique de l’Ouest, puis s’est diffusé sur le continent. Il est ainsi devenu l’objet d’un enjeu commercial et industriel, dont les cartes sont rebattues depuis la fin de la période coloniale.
Le wax n’en est pas moins devenu un tissu-étendard qui peut permettre à celui ou celle qui le porte de montrer son appartenance à une communauté religieuse, son engagement politique ou une cause qui lui tient à cœur.
L’avis de la rédaction
« WAX ». Trois lettres qui laissent naître dans l’imaginaire
des imprimés graphiques, des couleurs fortes et le symbole d’une certaine
culture africaine. Avec cette nouvelle exposition, le musée de l’Homme (16e)
propose une découverte totale de ce tissu, invitant à transcender les frontières
géographiques et temporelles.
Tout démarre grâce à des soldats ghanéens,
envoyés sur l’île de Java (Indonésie) et séduits par les batiks très populaires chez les Néerlandais installés sur place, au milieu du XIXe siècle. Revenus sur le
continent africain, les soldats noirs partagent leurs trouvailles et c’est
ainsi que de nombreux pays s’emparent du wax, questionnent son identité et le
transforment au point de se l’approprier totalement.
Pour ce faire, les
communautés (Nigéria, Bénin, Côte d’Ivoire, Togo…) puisent dans la faune, la
flore et, progressivement, dans la politique et la religion pour personnaliser ce
tissu, le revendiquer aussi d’une certaine manière. Au fil des années, la richesse iconographique du
wax prend de l’ampleur, et devient un patrimoine incroyable qui raconte avec
beaucoup de finesse et d’humour l’histoire des pays noirs.
Des clichés de Malick Sidibé aux « waxionautes » de Monsengo Shula
Cette exposition permet aussi d’explorer le wax comme matière de travail
artistique. Des peintres, des photographes, des designers textiles et des néo-artistes s’en
inspirent (encore aujourd’hui) pour mettre en exergue les crises politiques,
économiques et climatiques vécues, pour montrer également un certain désespoir comme
ces « waxionautes » de l’espace signé du Congolais Monsengo Shula.
Et
puis, il y a les très belles photos exposées de
Seydou Keita ou de Malick Sidibé, qui ont su montrer l’essor malien des années 1960 grâce au wax. On sourit aussi devant cette robe qui arborent les visages de
Valéry Giscard d’Estaing et de Félix Houphouët-Boigny, on s’émeut de voir des
morceaux de sucre reproduits sur une chemise, comme pour prier, appeler une certaine douceur de
vie, et on laisse nos doigts volontiers courir sur les étoffes pour mieux cerner
les différences entre super wax, glitter glam, sky wax ou wax gaufré…