Palmiers, dauphins, fleurs, vagues invitent à l’évasion et font oublier les pots d’échappement qui ronronnent, la fumée qui s’échappe et la conduite brinquebalante. Décorer son moyen de locomotion se nomme le « truck art ». Une tradition née dans les années 1940 entre le Pakistan, l’Inde et le Népal, aujourd’hui ancrée dans la culture populaire mauricienne. Destinées à se distinguer sur la route, les peintures font aussi bien référence à des croyances qu’à des éléments de pop culture. La diversité des langues et des symboles religieux reflète le multiculturalisme du pays. La customisation des bus rend visible le travail des artistes dans l’espace public et leur offre un support d’expression significatif.
Point de rencontre et d’interaction, le bus est le transport le plus utilisé par les Mauricien·nes grâce à son dense réseau et son coût bon marché. Depuis quelques années, la première ligne de tramway a vu le jour et de nouveaux bus font leur apparition. Plus modernes, plus rapides, climatisés et parfois même dotés du wifi, ils se rapprochent des modèles européens. L’uniformisation des transports — si elle apporte un gain non négligeable pour la sécurité routière — menace petit à petit l’authenticité de ces perles de la route inscrites dans le paysage mauricien. Ce travail questionne les enjeux de la modernisation face aux traditions culturelles.