Michka, une femme âgée, perd peu à peu l’usage de la parole, événement d’autant plus bouleversant que les mots furent la vie de cette ancienne parolière. Placée dans un Ehpad, elle doit imaginer un nouveau rapport aux autres, liée en silence à Marie, jeune femme dont elle est très proche, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de la suivre, touché par sa quête. Car avant de mourir, Michka voudrait retrouver le couple qui, durant l’Occupation, a sauvé la petite fille juive qu’elle était.
Après Stallone, c’est la deuxième pièce du metteur en scène que le CENTQUATRE-PARIS produit et diffuse.
Dès l’entrée en salle, on est
accueillis par Jean-Jacques Goldman, Julien Clerc et Nino Ferrer. Sur la scène
du CENTQUATRE-PARIS, il y a un synthé posé sur une table à roulettes. Les notes
qui s’en échappent sont si familières qu’on s’y attache, qu'on s’y accroche même, au
point de se retrouver à chanter avec la salle entière. Avant d’être embarqués
par Laure Blatter, Catherine Hiegel et Pascal Sangla, les trois acteurs de la
pièce.
Dans Les Gratitudes,
Delphine de Vigan raconte la perte des mots, ceux qui ne viennent plus. Celle des maux qu’on porte longtemps en soi et qui, justement, ne nous lâchent
pas. Même quand la mémoire flanche. Dans cette mise en scène signée Fabien
Gorgeart, on suit Michka, étonnante octogénaire atteinte d’aphasie et qui travaille avec un orthophoniste pour remettre de l’ordre
dans son esprit. Le sens propre vient se mêler au figuré. « D’accord »
devient « d’abord », « merci » devient « mardi », etc. La musique traduit les errements de langage et la perte des repères. Face
à tout ça, le public assiste, impuissant, mais bouleversé, notamment par les dernières
minutes du spectacle.