Voyage dans un monde devenu absurde, "Intensément bleues" de Juan Mayorga nous donne à voir l'ombre, la possibilité mouvante et incertaine des dérèglements politiques et climatiques des prochaines années.
À
son dernier anniversaire, on lui a offert des lunettes de natation
corrigées. Elle ne s'habituait pas à voir le fond de la piscine. Elle
allait les rendre. Mais un matin, en se levant, elle retrouve cassées
ses lunettes normales. Alors, elle met les lunettes de piscine. Soudain,
elle voit le monde sous un jour nouveau : teinté de bleu – les
lunettes sont intensément bleues.
Elle comprend aussi les choses
complexes avec plus d’exactitude : les règles du basket, la
mécanique quantique, Le Monde comme volonté et comme représentation, d'Arthur Schopenhauer. Elle devient Schopenhauerienne. Elle rejoint un groupuscule des
pessimistes aux lunettes de couleurs. Le
monde autour d'elle la voit différemment. Certains la croient
violente, d’autres veulent l’aider,
la défendre, au prix de leur vie s’il le faut. D’autres n’en
croient pas leurs yeux. Le Palais Royal l’invite à
tous ses dîners d’apparat. Sa Majesté demande à lire
Schopenhauer avec elle. Le Monde comme volonté et comme représentation, est commenté dans les débats politiques télévisés, mis en tête des listes de ventes du New York Times, adapté en comédie musicale Disney.
Les lunettes de natation, les palmes, les tubas sont de plus en plus portés dans la rue et par les célébrités, alors qu'un mystérieux déluge menace de déferler sur la Péninsule Ibérique…
Par la compagnie Alba Reda
Texte : Juan Mayorga dans une traduction de Clara Chevalier Cueto
Mise en scène : Clara Chevalier Cueto
Jeu : Elsa Pérault, Samsy Missamou, Clara Chevalier Cueto