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Pendant plusieurs mois, munis d'un appareil photo et d'un carnet, nous sommes allés à la rencontre des "gens des rives": ils s'y promènent, y vivent, y travaillent, y reviennent...

Découvrez leurs histoires, en images et en mots. Et pour retrouver tous les portraits Rives de Seine, rendez-vous sur notre compte Instagram dédié.

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Stéphanie

Je cours deux fois par semaine le long des quais et à travers le parc de Saint-Cloud. Je suis responsable d’une boutique de prêt-à-porter, j’ai un mari et deux garçons. Je vois des gens toute la journée. Ce break, c’est mon indispensable. Il fait partie de ma routine beauté, avec les masques, les gommages, les crèmes hydratantes, les compléments alimentaires et les massages en institut quand j’ai quelques sous de côté. J’aime manger, j’aime boire – si je ne fais rien, c’est ma silhouette qui paie.

J’ai toujours du mal à m’y mettre, mais je ne regrette jamais. J’ai un casque Bluetooth, j’écoute Kool & The Gang, Gene Kelly, Minnie Riperton. J’observe les mutations du paysage urbain, je laisse monter l’adrénaline de l’endurance. Le dépassement de soi, la performance, c’est comme une drogue – on finit par en vouloir plus.

Stéphanie, 46 ans, Boulogne-Billancourt

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Boulogne-Billancourt
Quai Alphonse Le Gallo
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Ophely

Je suis en alternance à l'école de voile. Il y a des bases nautiques sur toute la côte et ici on s'occupe de l'administratif et de la vente. Il n'y a pas de formation de voile sur la Seine mais nos bureaux sont sur l'eau. Ce cadre est incroyable, surtout quand il fait beau comme aujourd'hui, on a un petit ponton qui court le long du bâtiment, et le midi on mange sur notre table de pic-nic dehors sur l'eau. En ce moment il y a plein de petits canetons, et de bébés cygnes qui viennent juste sous nos fenêtres. Je me promène souvent sur les bords de Seine après le travail, en fait je ne vois pas comment on pourrait se lasser de cet environnement. J'habite à côté du canal Saint Martin, donc je suis au bord de l'eau 24h/24. Le matin on prend nos pauses dehors sur le ponton, quand les bateaux mouches passent les touristes nous font coucou et nous prennent en photo, on se sent un peu comme des stars !

Ophely, 26 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Maëlle Henri

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Paris
Quai Louis-Blériot
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Serge

Je viens très souvent sur les berges, surtout depuis que les voies ont été fermées à la circulation. Je cours beaucoup, tout le long de la seine jusqu'au musée d'Orsay et parfois plus loin. J'ai fait mon premier marathon de Paris en 1981, on était 5 000 au départ à cette époque! Avec le travail on est en contact direct avec les riverains et les touristes sur les bords de Seine. En vélo on nous arrête toutes les 30 secondes pour nous demander des renseignements, nous prendre au photo… Il y a même une fois où c'était un sherif du New-Jersey qui voulait nous saluer, et nous avons fini par échanger nos écussons et prendre des photos. En voiture c'est impossible de faire ce genre de rencontre. Je suis d'origine italienne donc j'aime bien parler en italien avec les touristes, et je bosse mon anglais pour être plus à l'aise. Les gens qui viennent visiter Paris ne savent pas forcément qu'ils peuvent marcher de la Tour Eiffel à Notre Dame sur les berges alors on leur indique, et on les encourage à se promener à pieds, c'est comme ça qu'on ne loupe pas une miette de Paris.

Serge, 56 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Maëlle Henri

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Paris
Île aux Cygnes
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Florent

Je viens ici en vélo faire du sport au bout de l'île, aujourd'hui j'ai fait des tractions et des pompes. Ce que j'aime ici c'est qu'il y a du vert, je traverse l'île et je suis entouré d'arbres, c'est rare à Paris donc il faut prendre son temps et apprécier. C'est toujours agréable d'être au bord de l'eau, c'est un cadre parfait. Ma copine habite pas loin, quand je vais chez elle j'en profite pour passer ici et m'entraîner, il n'y a pas trop de monde et surtout il y a des équipements !

Florent, 27 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Maëlle Henri

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Paris
Île aux Cygnes
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Cyril

Je viens tous les jours ici, je marche en moyenne 14km et bientôt j’espère arriver à 20km. Il n’y a rien de mieux que marcher seul pour synthétiser toutes ses idées et réflexions, ensuite je rentre, j’écris et je suis remotivé pour le travail. C’est un moment à la fois apaisant et productif. Marcher sur les bords de seine tout au long de l’année c’est voir les saisons défiler et changer les éléments du décor, aucun jour ne se ressemble. Je marche du boulevard Lefebvre jusqu’au trocadéro et parfois encore plus loin, je passe aussi par le parc André Citroën pour remplir ma gourde d’eau pétillante à la fontaine. Je trouve que rendre la rive droite piétonne est une idée géniale, et ceux qui se plaignent des bouchons n’ont qu’à marcher !

Cyril, 63 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Maëlle Henri

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Paris
Port De Grenelle
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Lino et Maria

Vous voyez ce plan ? On a découpé Paris en tranches, comme une belle tarte. Tous les jours, on avale une part du gâteau. Ca nous permet de visiter la ville à pieds, et de ne rien rater au spectacle. C’est très pragmatique, mais il y a tant de choses à voir… Hier, on était du côté de la butte Montmartre, du cimetière, du Moulin Rouge, du Sacré Cœur et des Galeries Lafayette. Demain, c’est notre journée romantique, on grimpe sur la tour Eiffel et on fait une croisière sur la Seine. En Espagne, je travaille dans le bâtiment, je construis des immeubles. En architecture, j’ai l’œil. Lorsque je dis que cette ville est spectaculaire, je sais de quoi je parle.

Lino et Maria, 33 et 30 ans

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Square du Vert-Galant
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Jessie et Julien

Les enfants sont chez leurs grands-parents et nous sommes en virée romantique pour mon anniversaire. Nous avons longtemps vécu à Paris mais c’est en quittant cette ville qu’on a finalement commencé à l’aimer. Ce quartier par exemple. On sent bien l’amorce du virage contemporain. Les jeux de transparence, les teintes gris clair, marron et taupe : il s’en dégage une harmonie très naturelle. Je deviens aussi plus sensible aux symphonies urbaines. Il y a moins de bruit qu’avant. Les quais sont très bien isolés. Comparé aux grandes métropoles asiatiques ou africaines, ou même à certaines villes d’Europe, Paris est une cité modèle, politiquement correcte. Les nuits sont calmes, les marchés ne braillent pas, les klaxons sont raisonnables – d’où lui vient donc cette discipline ?

Jessie et Julien, 39 et 41 ans, Tours

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont de Bercy
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Zoe

J’ai grandi à Portland, Oregon. Je fréquentais une école catholique très stricte. Le port de l’uniforme était obligatoire. Et puis je suis arrivée à Paris comme fille au pair pour y apprendre le français. Au début, j’étais vraiment impressionnée par le style parisien. Je pensais qu’il fallait s’apprêter pour descendre au supermarché ! Maintenant, c’est plus facile, je maîtrise un peu mieux les codes, je fais des progrès en français. Je craque lorsque les gens disent « en fait », ce qui arrive assez souvent.

Je vais pouvoir commencer mes études de cinéma. J’adore Wes Anderson qui adore justement Paris ! Regardez le quai d’en face : ce serait un cadre idéal pour y planter une scène. Je vois deux personnages qui marchent les mains dans les poches. Peut-être un couple. Ils portent des imperméables au col remonté et de grandes lunettes de soleil. Ca se passe à la fin des années 60’. Ce sont des espèces de malfrats qui ourdissent leur prochain coup. Ils vont s’attaquer au musée d’Orsay. Mais plutôt que de dérober une œuvre, il s’apprêtent à en ajouter une. Il s’agit d’un projet politique, avec une réflexion de fond, mais dont la réalisation emprunte au scénario d’un film d’action. Qu’en pensez-vous ?

Zoe, 18 ans, USA

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont du Carrousel
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Georges

En 2015, nous avons fêté les 40 ans de Thalassa ! Avant on louait une péniche sur le pont Alexandre 3 et puis on s’est dit, pourquoi ne pas construire un bateau à côté de France Télévision? C’est ainsi qu’est née la péniche Thalassa. Comme elle n’a pas de moteur, un pousseur l’a amenée ici en 2000, on tenait à être en face du parc André Citroën qui est magnifiquement entretenu.

Je préfère être ici, sur un petit bateau, peinard. Même s’il y a un clébard en particulier qui nous fait chier, c'est marrant il aboie systématiquement quand certains journalistes sont en visionnage et ont besoin de se concentrer. En bas, c’est la salle des archives, tout part à l’INA mais depuis la mort de Tabarly, où on s’est retrouvé complètement dépourvus, on garde toujours une copie.

Je suis issu d’une famille de journalistes, un jour mon oncle a demandé à mon père ce que je voulais faire, il a répondu cameraman, et mon oncle a dit c’est bien il a choisi un métier manuel !...Et puis j’ai travaillé plusieurs mois sur un bateau pour couvrir la course de voile Whitbread, entre Portsmouth et Le Cap et ça a été une révélation. Un jeune marin surnommé Gaïa a été emporté par une lame pendant cette traversée. C’est aussi ça la mer.

Je ne suis pas né à Paris mais je m'y promène ,je la découvre continuellement. Paris est une ville unique en son genre qui ne peut pas déplaire, ce n’est pas possible. Tout l’été ici, il y a des animations, le parking que vous voyez là est noir de voiture. On est obligé de faire appel au personnel du port pour qu’ils récupèrent, entre autre, les bouteilles d’alcool. Le reste du temps, c'est tranquille, les bateaux de touristes ne viennent pas jusqu’ici, c’est plutôt des travailleurs, c’est sympa, on se salue. les pompiers se garent là et viennent faire leur entrainement. On a des cygnes, des canards et depuis quelques temps des cormorans, c’est marrant, ce sont des oiseaux qui se nourrissent de poissons de mer. Et à Thalassa, on ne fait que dans l’eau salé.

Georges, 69 ans

© Sophie Robichon / Mairie de Paris, textes: Clémentine Michaud

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Paris
Port de Javel
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Daha

C’est tous les jours la même histoire. Mes collègues sont à la cantine en train de s’empiffrer de produits chimiques, et moi, je suis ici, à refaire pour la énième fois la même promenade. La Seine, c’est mon shoot, c’est ma cigarette : je la veux quand je vais mal et je la veux quand je vais bien. Nous sommes une communauté d’addicts à nous y croiser tous les jours, avec les sportifs, les soucieux, les touristes et les amoureux. Le monde entier tient sur les quais.

C’est peut-être parce que je suis d’origine sahélienne que j’aime autant marcher. Chez nous, c’est une culture, une philosophie, un certain art du paysage. Je suis né en Mauritanie, sous protectorat français, à Nouadhibou qui s’appelait alors Port-Etienne. C’est une coopérante, Mme Gimili, qui était là pour me mettre au monde. Ma mère ne s’est pas étonnée lorsque je lui ai annoncé que j’allais épouser une française. « Ils sont venus te chercher très tôt, » m’a-t-elle sagement glissé en guise de bénédiction.

Daha, 48 ans, Jouy-le-Moutier

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai François-Mitterrand
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Andrea

Je me souviens très bien de la première photo que j’ai prise à Paris : c’est une image de mes amis rassemblés au bord de la Seine, près de la tour Eiffel. A l’époque, je n’étais pas encore photographe. Je venais d’arriver du Mexique pour étudier les arts plastiques à Paris VIII. C’était il y a 14 ans. Aujourd’hui, je vis à Maisons-Alfort avec mon mari que j’ai rencontré dans un cours de sculpture. Je suis une femme de passions : la danse classique, le flamenco, la psychanalyse, la taille du bois et de la pierre… Ma dernière œuvre, je l’ai faite sous un pont ferroviaire, porte de la Chapelle, près d’un centre d’accueil pour migrants. J’ai gravé une colombe en origami pendant que mon époux écrivait FRATERNITÉ.

Andrea, 32 ans, Maisons-Alfort

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont de Sully
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Liam

Je suis originaire de Glasgow et je vis à Paris pour apprendre le français. Je fais des études de criminologie, mais ma passion, c’est la photographie. La plus belle photo que j’ai faite à Paris, c’est justement une image du Pont Neuf qui se trouve derrière moi. Dans un seul cadre, j’ai capturé à la fois l’histoire - car c’est le plus ancien pont de Paris - un peu d’architecture gothique, des immeubles haussmannien, et même un échantillon de nature avec la Seine qui coule entre ses jambes et les pique-niqueurs sur les quais. Pour moi, c’est le charme de cette ville : tout s’y concentre harmonieusement. Ah oui, je suis aussi très agréablement surpris par la qualité des coiffeurs français, qui vous offrent un café en prime. Je n’ai jamais vu ça chez moi.

Liam, 26 ans, Paris 6ème

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai des Grands-Augustins
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Carmen

C’est ma tenue qui vous a plu ? Et encore, aujourd’hui je suis simple. Paris est la capitale de la mode, mais parfois j’ai peur qu’elle se transforme en capitale de la saleté. Je vois des choses qui me font pleurer, avec de vraies larmes mouillées. Je me promène ici tous les jours et j’ai pour habitude de ramasser les ordures qui traînent sur mon passage. Des emballages, des bouteilles ou des sacs plastiques. Si j’aperçois quelqu’un qui crache, soyez sûrs que je lui passe un gros savon ! On me traite de vieille folle, mais qu’est ce que ça peut bien me faire ?

Il y a les sans-abris de Tolbiac qui m’appellent tous Mamie et à qui j’achète des sandwichs. Je leur donne 1 euro à condition qu’ils aillent jeter leurs canettes vides à la poubelle. Ils resquillent parce que c’est une bande de filous mais je les ai à l’œil. J’étais scout quand j’étais gamine. J’ai fait la promesse d’être au service des malheureux et ça ne m’a jamais quitté.

Carmen, 68 ans, Paris 13ème

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai Saint-Bernard
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Pauline et Karine

Nous sommes descendues sur les quais pour répéter le spectacle de cabaret qu’on doit donner ce soir. Notre studio de danse est à quelques mètres d’ici. On fait du hip hop, du dancehall, de la house et de la danse africaine. C’est dommage que les danses urbaines soient si peu reconnues en France. C’est un moyen d’expression qui créé un sentiment d’unité puissant, au-delà des âges, des origines et des classes sociales. Car si la langue française est belle, le langage du corps est universel. Danser dans la ville, sur le bitume, au pied des bâtiments, sur fond de graffiti, pour nous c’est toujours un geste fort. Une manière de réintroduire de la poésie dans la routine et la grisaille. Proposer d’autres rythmes ou suspendre le temps. Les gens s’arrêtent parfois pour nous remercier. La vie est faite de petites beautés simples.

Pauline et Karine, 24 et 23 ans, Paris et Ivry

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Ivry-sur-Seine
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Thomas

Bienvenue dans mon bureau. Entrez sans frapper, je vous en prie ! J’ai créé ma boîte il y a quelques mois. Je fais du conseil en création et en gestion de patrimoine, plus particulièrement à l’intention des jeunes entrepreneurs et des expatriés. Les gens pensent parfois que j’aide les riches à devenir encore plus riches. C’est faux ! J’aide les gens à améliorer leur niveau de vie. Créer un cercle vertueux en proposant des recommandations bienveillantes, c’est le principe de « Mon Réseau d’Experts ». Je bosse généralement de chez moi, mais au moindre rayon de soleil, je suis dehors. C’est plus fort que moi, je suis un véritable tournesol. Je vais là où le soleil est. Je rêve d’inventer une appli qui recenserait les terrasses des bars parisiens en fonction de leur exposition. Ce coin, je l’ai repéré la semaine dernière et j’ai flashé dessus. Lorsque je suis arrivé à Paris de ma Bourgogne natale, je trouvais que les lignes d’horizon étaient toujours trop courtes. Mais je les vois qui s’étirent, qui s’ouvrent et qui s’allongent aussitôt que la Seine entre dans mon champ de vision.

Thomas, 27 ans, Paris 12ème

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai des Célestins
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Ketlin et Judson

Ce matin j’ai réalisé ce rêve de petite fille : Judson m’a passé la bague au doigt sous la tour Eiffel. C’est un mariage symbolique. L’officiel a déjà eu lieu à Rio, avec nos familles respectives et nos amis. On s’est rencontrés sur Facebook, on s’aime depuis quatre ans. Cette robe, c’est ma vraie robe de mariée. Je l’ai emmenée avec moi pour pouvoir immortaliser ce moment dans la ville la plus romantique du monde. Son costume aussi, sauf le nœud papillon qu’on a oublié au Brésil. La coiffeuse et la maquilleuse sont spécialement venues dans ma chambre d’hôtel pour m’apprêter. Le shooting a d’abord eu lieu sur le Champ-de-Mars, puis dans la Cour Carrée du Louvre, et enfin sur les quais de Seine. Et ce soir, dîner aux chandelles au Jules Verne, le restaurant de la Tour Eiffel. La totale.

Ketlin et Judson, 26 et 33 ans, Rio de Janeiro, Brésil

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont de Sully
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Remy

Je suis ingénieur et je travaille dans une entreprise qui fabrique des programmes. Mais le métier de mes rêves, ce serait d’être guide touristique. Je viens souvent me promener sur les bords de la Seine pour observer les visiteurs. J’aime étudier leurs gestes, les poses qu’ils prennent en jouant des perspectives avec la Tour Eiffel. C’est très drôle. D’ailleurs, au milieu des touristes, avec mon visage et mon sac à dos, je passe incognito. Ils sont toujours surpris de m’entendre parler français. Pourtant je suis ici depuis huit ans. Je me souviens des premiers jours de mon arrivée. Je vivais chez mon père dans le 14ème. Je voulais absolument venir toucher cette eau. J’ai enfourché un vélo pour descendre jusqu’à la Seine. Et c’est là que j’ai entendu pour la première fois le son du klaxon des bus. Un choc ! J’en suis tombé à la renverse. C’est sûr, je préfère lorsqu’ils utilisent la clochette.

Remy, 28 ans, Créteil

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Port Debilly
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Adolfo et Diana

J’attendais ces vacances avec impatience. Au Chili, je travaille pour la police gouvernementale aux frontières, je fais partie des brigades anti-drogue. C’est un métier très difficile. Notre coup de cœur à Paris ? C’est l’Irish Pub, juste là sur le quai Saint-Michel. Bon, on est arrivés hier soir. Mais quand même, ils ont cette liqueur de banane dont vous me direz des nouvelles… En espagnol, on appelle ça la « caña ». Mal de tête, c’est ça. Comment on se soigne ? En marchant. Ce matin, on va rejoindre la Tour Eiffel à pied par le bord de la Seine.

Adolfo et Diana, 27 ans, Chili

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont Saint-Michel
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Markendy

Je suis né à Paris. Ma mère habite Boulevard Victor juste à côté. En ce moment, je dors à droite à gauche, je cherche un logement. Je suis aide-soignant, je travaille parfois en gériatrie, on est toujours en sous-effectif, c’est catastrophique.

J’ai commencé à courir il y a 6 ans, pour perdre du poids, ça a été radical. Avant, je m’entrainais dans les parcs et puis un jour j’en ai eu marre de tourner en rond. Ça fait 3 ans que je cours sur les berges, tous les deux jours. Ce qu’il y a de bien ici, ce sont les parcours sportifs, on peut faire des pompes, des tractions, tout un tas d’exercices.

J’apprécie encore plus Paris maintenant que je cours sur les quais, j’y vois même une certaine poésie le soir venant. L’été il y a des animations, des bars à bière, des concerts, il y a une bonne ambiance. Mais je me rends compte en vous parlant que je viens peu me promener, je ne fais que courir seul en bord de Seine. Je devrais faire plus de balades je crois.

Quand j’étais petit, mon père m’emmenait souvent au manège du Champ de Mars. Il n’est pas resté très longtemps avec moi, il est parti quand j’avais 6 ans. Je passe toujours là-bas quand je cours. Ça me rappelle de bons souvenirs, ça me rappelle mon père, que quand j’étais gosse, tout m’émerveillait, tout était plus simple.

Markendy, 35 ans, Paris 15

© Sophie Robichon / Mairie de Paris, textes: Clémentine Michaud

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Paris
Port de Javel Bas
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Michel et Camille

Je suis venu rejoindre ma petite-fille qui habite tout près, pour profiter ensemble du beau temps. Je ne connaissais pas du tout ce parc. J’habite à Nanterre près d’un espace vert de 24 hectares construit en partie sur les déblais des tours de la Défense. J’ai toujours adoré la nature. Je vais aussi parfois à Chatou, sur l’île des impressionnistes, un lieu superbe où je fais du vélo. Je suis accompagné de ma chienne Moka, qui est très contente de profiter du parc canin. C’est excellent pour la socialisation des chiens. Ici, les animaux semblent tranquilles. Seuls les moineaux semblent moins nombreux qu’auparavant, ils sont peut-être chassés par les corneilles.

Michel et sa petite fille Camille

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Victor Dixmier

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Hauts-de-Seine
Île Saint-Germain
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Grégoire

J’habite à Boulogne, à 200 mètres de l’île Saint-Germain. Je viens régulièrement dans ce parc : on n’a pas l’impression qu’on se trouve en face de Paris. Aujourd’hui, je m’occupe de l’entretien des voiles de mes deux kitesurfs. Je vérifie l’état des boudins et de la toile pour éviter qu’ils se déchirent pendant la navigation. Je pars pour un week-end à Berck dans la baie de Somme, qui est l’un des meilleurs spots pour pratiquer ce sport en France. Faire du « kitsurfing » sur la Seine n’est ni possible, ni recommandé ! Je suis originaire de Brest en Bretagne, et j’ai toujours été attiré par l’océan. Je suis venu en région parisienne pour le travail. Dans le parc, mes voiles de kitsurf attirent les curieux. La première fois, j’ai été contrôlé par les gardiens. Ils craignaient que je fasse décoller mes voiles !

Grégoire, 25 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Victor Dixmier

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Hauts-de-Seine
Île Saint-Germain
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William

Je suis agent d’exploitation dans une déchèterie réservée aux professionnels. Je travaille sur le quai du président Roosevelt à Issy-les-Moulineaux. On accepte tous les types de déchets : certains amènent leurs gravats de construction, d’autres du papier, des cartons, des pots de peintures… J’ai débuté en intérim, puis j’ai été embauché il y a deux ans. Je réceptionne les camions avec leur chargement, et j’estime leur volume. Les clients paient et vident leur cargaison dans des immenses cases, qui sont ensuite évacuées par un tapis roulant sur une péniche vers le centre de tri de Gennevilliers. J’oublie la circulation automobile : le bruit fait partie du métier. Je suis tous les jours en bord de Seine, mais je ne suis jamais monté sur la péniche. Ici, c’est le boulot, il n’y a pas de place pour la distraction !

William, 31 ans

© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris, textes : Victor Dixmier

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Hauts-de-Seine
Issy-les-Moulineaux
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Orane et Jonathan

On sort d’un cours de macro-économie et on réattaque tout à l’heure avec la médecine. Nous sommes étudiants à Sciences-Po en humanités scientifiques. C’est un programme plutôt costaud, donc on vient s’aérer sur les quais. On aime bien l’eau: ma mère est normande, elle vient du Havre, et Jonathan est originaire de la Martinique. Mais c’est à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, qu’on s’est connus, et c’est à Villepinte qu’on a grandi. Alors le quartier de Sciences-Po, les cortèges diplomatiques et les classes supérieures, c’est clair, ça nous dépayse. Heureusement, il nous suffit de prendre le RER pour nous rappeler d’où on vient. C’est pareil avec la Seine : les visages, les attitudes, les langues changent au fil de l’eau. La population n’est pas la même sur la canal qu’à l’île Saint-Louis. C’est une géographie sociale qui traverse Paris. Nous, on est aussi à l’aise sur la rive droite que la rive gauche, en banlieue nord qu’à Saint-Germain des Prés. C’est notre force, elle est précieuse.

Orane et Jonathan, 18 ans, Villepinte

© @ulrich_lebeuf / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont des Arts
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Dinah

Je viens de Londres et je suis ici pour la fashion week. Je suis tombée en rade de batterie dans l’avion et c’est comme ça que j’en suis arrivée à parler de littérature avec mon voisin français. Il adore Dostoïevski et je suis d’origine russe. Une familiarité en appelant une autre, il m’a proposé de venir boire un apéro sur les quais de la Seine. Il est arrivé avec du fromage, du pain, du saucisson et du vin blanc. My Godness ! Ca existe donc vraiment ? J’ai l’impression de m’être téléportée dans un film de la Nouvelle Vague.

Je suis réalisatrice et photographe. J’ai trois lubies : les clochers d’église, les sans-abris, les chiens avec leurs maîtres. Les parisiens n’ont pas du tout les mêmes chiens qu’à Londres. Je dirais qu’ils sont plus petits et mieux entretenus. Les parisiens sont très apprêtés de manière générale. Les femmes surtout. De vraies ladies. Très belles, très chics mais d’un premier abord très arrogant. Je suis frappée de voir à quel point leur palette de couleur est monochrome : du noir sous toutes ses formes. A côté d’elle, je fais feu d’artifice. A Londres, je passe inaperçu. A Paris, on me siffle, on me zieute, on me prend pour une fille de joie. De vous à moi, est-ce que les hommes de chez vous ne seraient pas un peu pervers ?

Dinah, 26 ans, Londres

© @ulrich_lebeuf / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Cathédrale Notre-Dame de Paris
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Dominique

Je reviens d’Aix-les-Bains, où j’ai déposé mes petits-enfants, et je rentre à Boulogne-sur-Mer où je vis. C’est une traversée de la France avec escale à Paris. Comme j’arrive par la gare de Lyon et que je repars de la gare du Nord, j’en profite pour casser la croûte au bord de l’eau. Mon train part dans trois heures. Je ne tue pas le temps ! Je le prends.

C’est un trajet que je fais régulièrement et je m’arrange toujours pour traverser Paris à pied. Marcher, c’est la meilleure manière de découvrir une ville. De découvrir le monde, en fait.

Avec mon épouse, j’ai entrepris de compléter la Via Francigena, une voie de pèlerinage médiévale qui se termine à Rome. Nous procédons par tronçons. Boulogne-sur-Mer – Troyes nous a pris 40 jours. Troyes – Pontarlier, 3 semaines. Nous marchons avec notre ânesse, Quiétude. L’animal favorise les rencontres. Nous nous arrêtons pour dormir au hasard des invitations. Personnellement, la présence de l’eau m’apaise. Mais c’est l’inverse pour Quiétude. Sur les chemins de Grande Randonnée, elle refuse les passages d’eau et nous oblige à faire un détour. C’est une question de vision. J’y vois la paix, mais elle n’y voit qu’un trou.

Dominique, 65 ans, Boulogne-sur-Mer

© @ulrich_lebeuf / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Jardin du port de l'Arsenal
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Galina

Je suis née à Vladivostok, en Russie, à 12 000 km d’ici. J’étais une jeune et belle étudiante en économie quand j’ai rencontré mon mari. Il était de passage pour son travail. Il fait du commerce maritime. Je suis repartie avec lui. Nous avons vécu à Tokyo, à Rotterdam, à Vancouver et à Paris depuis 1992. Il y a vingt-cinq ans que je fais cette balade. Je pars du Trocadéro, où j’habite, et je marche jusqu’à l’île Saint-Louis. J’ai des escarpins dans mon sac. Je les enfile en arrivant si je dois retrouver une amie. C’est quand même plus élégant que ces vieilles godasses, non ? Vous comprenez, j’essaie de faire honneur à la grande culture française. D’ailleurs, cette promenade me rappelle sans cesse à ses merveilles. Mais vous aurez beau faire, je garde la nostalgie de ma mer natale. Chez moi, on mange des oursins et des coquilles Saint-Jacques pour le prix d’une baguette de pain. Vous imaginez ?

Galina, 75 ans, Vladivostok

© @ulrich_lebeuf / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Passerelle Léopold-Sédar-Senghor
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Rémi

Je suis en train d’ouvrir l’écluse pour laisser passer un bateau. Je commande tout à distance. J’actionne les portes, le bateau entre, puis j’ouvre les vantelles, qui sont comme des trappes à travers lesquelles l’eau s’écoule pour remplir l’écluse. Je laisse entrer 900m3 de flotte en six minutes. C’est rapide. Le bateau doit s’amarrer, sinon c’est le ping-pong assuré. L’écluse de l’Arsenal est la neuvième et la dernière du canal Saint-Martin. On ne dirait pas comme ça, mais il y a 3 mètres de dénivelé à chaque écluse, soit un total de 27 mètres de différence entre la Seine et le canal. A l’époque, il a été construit pour apporter de l’eau aux Parisiens. C’est Louis XIV qui avait eu l’idée, mais c’est Napoléon qui l’a réalisée, comme pas mal de choses finalement.

Je travaille à la capitainerie depuis 13 ans. Je suis maître de port. J’essaie de le placer de temps en temps dans les conversations, ça fait toujours son petit effet.

Rémi, 38 ans, Paris

© @ulrich_lebeuf / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Bassin de l'Arsenal
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Mouloud

Je cherche un coin tranquille pour bouquiner. Je suis plongé dans la lecture de Don Quichotte. C’est le genre de livre qu’on a lu bien avant de le lire parce qu’il nous concerne tous. Une œuvre universelle. Comment dire ? C’est à la fois terrible et émancipateur. Cervantès est là pour nous ouvrir l’esprit et le faire voyager. Certains jours, je suis tellement atterré par les nouvelles du monde que je m’imagine mettre les voiles à mon tour. J’aimerais me laisser entraîner par la Seine tout comme Don Quichotte fuit la bêtise humaine avec une pointe de folie qui frise la poésie. Je me vois dérivant sur mon radeau au gré des flots, interrogeant le fond de l’eau. 17 octobre 1961, Saint-Barthélemy : si seulement la Seine pouvait parler…

Mouloud, 52 ans, Vitry-sur-Seine

© @france_keyser / @agence_myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Jardin du port de l'Arsenal
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Charlette

Pourquoi la Seine, l’eau ? Mon mari était médecin militaire, il disait que « l’eau est une forme de liberté ». On a donc cherché un bateau en Hollande, on ne voulait pas être statique. Je me rappelle qu’une fois, arrivés à une écluse fermée, nous nous sommes amarrés à la péniche du marinier. Il a trouvé ça drôle qu’on vive sur une péniche par choix quand lui y était obligé professionnellement, qu’on prenne comme habitation son outil de travail.

Au début, notre péniche était au Pont Alexandre III, puis à Grenelle, c’était très festif à l’époque. J’ai toujours adoré Paris, pour moi, Paris, c’est le Paradis ! J’ai voyagé dans de nombreux pays paradisiaques et je peux vous dire qu’en hiver, c’est mortel, il n’y a rien. Ici, il y a tout, et tout le temps de nouvelles choses à découvrir ! Ce matin, je me suis demandée ce que j’allais faire… et je suis allée me promener au Jardin des plantes. »

Charlette, 85 ans, Paris 12e

© Mairie de Paris /JB Gurliat

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Paris
Bassin de l’Arsenal
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Tiphaine

Je me bats pour me débarrasser de toutes les croyances limitantes que la société tente de m’imposer en tant que femme. Le parkour en fait partie. Lorsque je m’y suis mise, c’était pour tenter de reconquérir l’état d’enfance en moi. Pour réapprendre à tomber, à oser ; pour changer ma manière d’observer la vie. Avec le temps, j’ai développé de nouvelles habitudes mentales. Désormais, mon esprit cherche sa liberté partout où il se trouve.

J’aime bien ce spot pour la concentration du mobilier : les barrières, les poteaux, les chaînes, les murets… C’est l’occasion d’entraîner certains mouvements. Le saut de précision, le saut de chat, le passement. Officiellement, le parkour, c’est une discipline qui consiste à se déplacer le plus efficacement possible d’un point A à un point B. A mon avis, il s’agit surtout de s’amuser avec son corps et ce qu’on trouve autour de soi. J’aime cette activité parce que c’est plus qu’un sport. C’est une forme d’exploration urbaine aux combinaisons infinies, avec un petit faible pour les folies d’architectes et les espaces biscornus. C’est très facile d’accès aussi : pas d’équipements, pas d’infrastructures, pas d’adhésion. Pas de compétitivité non plus. Chacun développe sa grammaire et son style en fonction de ses goûts, de son vécu, de son physique. Finalement, du parkour, on en fait tous sans le savoir.

Tiphaine, 22 ans, Fontainebleau

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai Saint-Bernard
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Jean-Charles

Je suis professeur de danse swing, j’ai été champion du monde dans la catégorie solo Charleston en 2015. Aujourd’hui, je profite du soleil pour tourner un petit film sur la passerelle Simone de Beauvoir avec une amie vidéaste. Je le fais pour remercier les élèves de mes cours. J’aime particulièrement cet endroit : on a un pied sur terre et la tête dans les nuages ! La vue est d’ailleurs souvent utilisée par les artistes et les chorégraphes. Ce pont est l’un des seuls réservés aux piétons et aux vélos à Paris. C’est une pause sonore dans la circulation. Il y a à la fois de l’espace, de l’eau, de la verdure et de l’air, sans que l’on ne soit non plus à la campagne. Ici, j’ai une réelle impression de liberté. Paris n’est pas riche que de ses monuments, ce n’est pas seulement une ville pour les touristes : c’est d’abord un lieu de vie pour ses habitants.

Jean-Charles

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Passerelle Simone-de-Beauvoir
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Alain

Je regarde la rive d’en face. Jussieu, l’Institut du monde arabe. Tous ces bâtiments, je les ai vus pousser. C’est ici que mes filles ont appris à faire du vélo. Caroline nous a quitté à l’âge de 23 ans, après dix ans de maladie. Perdre un enfant, je ne le souhaite à personne, mais à un moment donné, il faut savoir lâcher prise. Je me suis rapproché d’une association d’étudiants de HEC qui aidait à construire des écoles en Afrique. Ils m’ont parlé d’un village au Burkina Faso qui s’appelait Korsimoro. Comme je suis né en Corse, à Pietralba, j’y ai vu un signe de la providence. J’ai organisé des concerts à l’église Saint-Marcel et j’ai levé 150 000 euros de fonds. Ma seule contrepartie souhaitée, c’était que l’établissement puisse porter son prénom. Aujourd’hui, l’école Caroline accueille 250 élèves, toutes confessions confondues, bien qu’elle s’appuie sur des structures diocésaines. C’est un projet œcuménique grâce auquel ma fille n’est pas morte pour rien.

Aujourd’hui, je suis apaisé. J’ai fini ma carrière à la direction de la communication d’un grand groupe financier. J’en suis sorti indemne. Je partage mon temps entre mon village de Monticello, où les cendres de Michel Rocard viennent d’être dispersées, et mon quartier d’Aligre, qui est aussi comme un village. Où que j’aille, je ne suis jamais bien loin de l’eau.

Alain, 64 ans, Paris 12e

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai de Bastille
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Kinge et Anni Marie

On sort du cinéma. On a vu La La Land. On parlait justement de cette scène où le personnage principal raconte en chantant que sa tante vivait à Paris, et qu’un beau jour elle a sauté pieds nus dans la Seine. L’eau était glaciale, elle a éternué pendant un mois, mais elle jure qu’elle recommencerait si c’était à refaire. Cette chanson, c’est l’éloge des folies douces, des cœurs fragiles, des passions insensées. C’est très romantique, mais Pouah ! pour rien au monde je ne me baignerais dans ces eaux-là.

Nous sommes deux filles au-pair. Les enfants sont très gentils. Le problème, c’est plutôt les grand-mères ! Nous venons d’Estonie et des Pays-Bas. Paris, bien sûr, c’est une machine à fantasmes. L’architecture, la mode, la gastronomie, qui ne rêve pas de ça ? Malheureusement, la réalité est un peu décevante. Surtout la vie nocturne, parce que les bars ferment à deux heures et que les clubs sont très classiques. Mais vous savez quoi ? On se rend compte qu’on préfère ce Paris-là, avec ses odeurs désagréables, ses bouis-bouis bon marché et son bordel ambiant, à celui des cartes postales qu’on essaie de vendre aux touristes. D’ailleurs, c’est drôle: on a regagné nos familles à Noël, mais c’est en revenant à Paris qu’on a eu l’impression d’enfin rentrer chez soi.

Kinge et Anni Marie, 18 et 20 ans, Pays-Bas, Estonie

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont Saint-Michel
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Marine

Je travaille à la piscine Joséphine Baker depuis janvier dernier, comme apprentie maître-nageuse. Je suis originaire d’une petite ville près de Lille, et je suis venue en région parisienne pour ma formation. Je donne notamment des cours d’aquabike et d’aquagym, et j’assure la surveillance du bassin. C’est une piscine à l’atmosphère particulière, puisqu’elle est sur la Seine. J’y passe environ 30 heures par semaine, et je préfère travailler le soir.

La nuit, l’ambiance est spéciale : les bateaux qui passent éclairent les nageurs. Mais on ne ressent pas le roulis de la Seine lorsqu’on est dans la piscine. Pendant l’été, mes collègues m’ont dit que l’ambiance était différente, avec les nageurs qui font la queue le long du quai pour profiter du solarium sur le toit. Avant d’arriver dans la capitale, je n’avais pas très envie de découvrir la vie parisienne. Pourtant, en remontant la Seine du 13e arrondissement jusqu’à la Tour Eiffel, j’ai trouvé la balade super agréable ! Tous les principaux monuments sont à proximité du fleuve. Paris vit en permanence. On ne s’y ennuie pas, et on n’est jamais seul.

Marine

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Piscine Joséphine Baker
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Thierry

Dans le métier, on a un vieux proverbe qui dit, « en hiver c’est l’enfer, en été c’est le paradis. » J’ai de la chance parce qu’avant je n’avais pas de chauffage. C’était le froid complet. Mais aujourd’hui, avec le vent, c’est pas terrible. Je porte un manteau, un coupe-vent, un pull d’intervention, un polo à manches courtes, un gilet fluo, une casquette, un pantalon d’intervention et des chaussures Magnum. C’est plus confortable que les Rangers. Je travaille comme agent de sécurité de site depuis 18 ans. C’est mon frère qui m’a converti. J’adore mon job. On voit des trucs de fou. Même que quand il fait chaud, sur les terrasses, les filles se mettent parfois topless. Malheureusement, c’est interdit par la loi. Je suis obligé de leur dire de se rhabiller.

Thierry, 41 ans, Achères (78)

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Cité de la Mode et du Design
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Corinne et Léonard

Sans ma chienne à sortir, je n’aurais jamais appris à aimer ce paysage. Une gravière, une usine et un chemin boueux. Vu comme ça, c’est un peu destroy. En fait, c’est surtout l’autre rive qui me fascine. Ses maisons de bric et de broc, sa promenade de béton, sa silhouette à la Doisneau. C’est moins cossu qu’ici. Choisy-le-Roi est la seule commune de la Seine à s’étaler à cheval sur deux rives. C’est très intéressant, en matière d’urbanisme. Je suis iconographe, ça doit être une déformation professionnelle. Il m’arrive de prendre cette perspective en photo et d’en faire des cartes postales pour mes amis.

Je suis née au Havre. Gamine, pour faire passer le temps, je m’asseyais sur un muret pour regarder passer les bacs. J’imaginais de grandes traversées. En Normandie, pour traverser un pont, changer de rive, il y a cette expression qui dit « aller de l’autre côté de l’eau ». Ça m’a toujours fait rire. Je ne pourrais plus habiter loin d’une rivière ou de la mer. L’eau, les bateaux, les ports, ça met de la poésie dans les villes. Ça leur donne une touche balnéaire. Mais surtout, ça renverse le paysage. Ça change des arbres, des immeubles, des poteaux... La Seine, c’est une ligne horizontale qui coupe cette perspective verticale. C’est pour ça qu’elle est relaxante.

Corinne (49 ans) et Léonard (24 ans), Choisy-le-Roi

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Choisy-le-Roi
Port De Choisy Le Roi
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Mikiko

La trompette, c’est un pis-aller. Mon instrument fétiche, c’est le trombone. Malheureusement j’ai dû laisser le mien au Japon. Je n’avais pas assez d’argent pour en racheter un en France, alors que la trompette, c’est bien plus abordable. Je viens jouer sur les quais pour ne pas déranger mes voisins. Pour m’aérer, aussi. Je suis couturière, je fabrique des cravates, des boutonnières et des nœuds papillons sur-mesure. C’est un travail minutieux. Ici, mes yeux se dégourdissent les jambes. J’étais justement en train de jouer « The Water is Wide ». C’est un hasard, mais c’est de circonstance, n’est-ce pas ? Les touristes s’arrêtent parfois pour m’écouter. C’est très gênant, parce que je suis d’une timidité maladive. Au Japon, ce n’est pas un problème, les gens ne s’expriment pas beaucoup. A Paris c’est l’inverse. Les Français communiquent énormément. Si vous n’avez pas la parole facile, vous risquez de souffrir la solitude.

Mikiko, 32 ans, Paris 17e

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Paris
Pont du Carrousel
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Arnaud

Je suis maître d’hôtel pour une entreprise de catering. Aujourd’hui, nous sommes au Grand Palais avec le staff du défilé Chanel. J’adore mon travail, parce qu’en fonction de chaque événement je rencontre des gens et des endroits très différents. Le contact est toujours sympathique : la nourriture, c’est un moment de réconfort pour ceux qui bossent toute la journée. Mon réconfort à moi, c’est de pouvoir prendre ma pause ici, avec un bon bouquin. Je suis né dans le 13e arrondissement de Paris. La Seine, je l’ai côtoyée à tous les âges de ma vie. Gamin, j’y ai même plongé pour sauver une écharpe. Mes pauvres parents…

J’ai beau être un infatigable bourlingueur, la Seine reste un superbe voyage immobile. Quand je regarde ce pont, ses dorures et ses statues, je me téléporte à l’époque des glorieux, des grands rois, des célébrations fastueuses. Tous les dimanches avec mes enfants, j’invente des monstres marins et prédis des destins romanesques aux cailloux que ma fille jette à l’eau. Certains soirs, au coucher du soleil, lorsque le ciel s’embrase, je m’imagine à Bénarès ou Istanbul. Je suis très attaché au rôle de l’eau dans les villes. Le fleuve et le marché, c’est le cœur de la cité.

Arnaud, 42 ans, Paris 13e

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont Alexandre III
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Clara et Brice

Nous sommes les amoureux du pont Alexandre-III. C’est là-bas qu’on s’est rencontrés. Brice faisait une démonstration de rugby, je travaillais pour une marque de sport. Ca a cliqué, on ne s’est plus quittés. C’était il y a deux ans, on vient d’emménager ensemble. Je suis d’Arras et lui d’Agen, alors ce pont, c’est notre base, notre repère parisien. Il y a quelque chose de magique à être au cœur de la ville tout en étant préservé des cohues.

Aujourd’hui, j’apprends à Brice à faire du skate. On est venus de Boulogne en scooter. On se gare près des Invalides et on descend se balader. Ces planches, c’est des cruisers, c’est fait pour la promenade. Idéal pour les quais de Seine. Tous ces coins, je les connais grâce aux Nike Running Session. La course à pied, c’est le meilleur moyen de découvrir une ville.

Clara et Brice, 24 et 27 ans, Boulogne

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai d’Orsay
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Cyril

Ce tunnel me plait bien : à ma droite, ce sont les étudiants qui descendent de la fac, les touristes qui visitent la BNF. A ma gauche, les banquiers en costards. Mais ce ne sont pas les humains qui m’intéressent le plus. Je préfère observer les cygnes, ou mieux, les cormorans. En période d’amour, ils volent en couple et plongent dans l’eau pour croquer des poissons. Mon petit jeu consiste à deviner où est-ce qu’ils vont ressortir. S’ils pêchent, c’est bon signe, ça veut dire que la Seine est moins sale qu’avant. D’ailleurs, on parle de la Seine, mais géographiquement parlant, c’est l’Yonne. C’est parce que les Gaulois l’appelaient Sequana que ce nom est resté.

Je m’y connais un peu en plumes parce que j’adore Belle-Île-en-Mer. J’y passe tous mes étés, j’y finirai mes jours. Quand on quitte le port de Quiberon, il y a un cormoran perché sur un poteau qui nous fait signe. Armel Le Cléac’h a dû le voir aussi.

Cyril, 49 ans, Paris 19e

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Paris
Pont de Bercy
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Peter

Les cavalières de la Garde républicaine viennent de passer. J’étais en train de jouer Puttin’ on The Ritz et elles se sont arrêtées pour laisser danser leurs chevaux. Que les gendarmes aient encore de l’humour, je trouve ça renversant. Vous connaissez ce morceau ? C’est un standard américain. Fred Astaire s’en sortait pas mal. A la fin des années 1920, c’était la première chanson à être jouée par un ensemble mixte. Des noirs et blancs dans un même orchestre, à l’époque, c’était révolutionnaire. Vous imaginez ?

Il y a 40 ans que je joue du saxophone. Ca m’est tombé dessus en plein concert de Roxy Music. Je trouvais que ça en jetait, je voulais frimer moi aussi. Je m’entrainais dans le miroir, je prenais des airs de steward. Et c’est vrai que parfois, je drague des cougars.

Je suis Irlandais. Avant, j’étais peintre en lettres. Je peignais des enseignes, des publicités. Maintenant, ce monde est révolu. Je ne me plains pas, j’ai la musique. J’habite le 11e arrondissement de Paris. Le quartier des bars. Si je viens jouer ici c’est parce que mes voisins sont hostiles. Mais ça ne me dérange pas, au contraire. L’acoustique est magnifique sous les ponts de la Seine. Vous savez, chaque note est tributaire de son environnement. Les crécelles du métro aérien, le kek-kek des mouettes, le clapotis de l’eau. La vie résonne de délicieuses musiques. Alors de grâce, ne graissez pas vos portes !

Peter, 56 ans, Paris 11e

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Pont Charles-de-Gaulle
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Brioche

Je vis en bord de Seine, j’aime les branches d’arbre, je les mâchouille et je joue avec. On me les lance mais moi ce que je préfère c’est quand mon humain essaye de les récupérer et me court derrière ! J’aime aussi me faire les dents dessus, j’ai 8 mois, je suis encore un jeunot. J’adore me promener sur les bords de Seine, il n’y pas de voitures, je ne me prends pas de gaz d’échappement dans la truffe, c’est pas juste, je suis pile à leur hauteur. Moi aussi je produis des tas de gaz si vous voyez ce que je veux dire, mais c’est pas de ma faute, c’est ma race qui est comme ça. Ici sur les rives, ça ne gêne personne. Et puis je peux courir et gambader en toute liberté, des fois, on me retire même ma laisse ! J’aime aussi les enfants, j’aime quand ils rigolent alors je suis tout excité et je fais des tas de pirouettes. Je suis un vrai petit clown. Avec mes humains, on vient des Etats-Unis, on est des expatriés, moi je suis un pug américain alors forcément j’aime faire le show!

Brioche, 8 mois

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Port du Gros-Caillou
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Judith

Aujourd’hui, c’est Mardi-Gras, je suis déguisée en Princesse. Ou en Fée. En Fée-Moi-Pas-Chier, comme dirait ma collègue. Je suis régisseuse générale de la Cité de la mode et du design. Je cadre et coordonne une équipe d’une cinquantaine de personnes sur un espace de 15 000 mètres carrés, ouverts de dix heures à six heures du matin, en comptant les boîtes de nuit. D’habitude, ma tenue, c’est plutôt les Rangers et la veste fluo !

On me dit souvent que j’ai beaucoup de chance de travailler dans cet endroit, avec une pareille vue. Et c’est vrai. Mais je n’oublie que la Seine est un élément naturel. Elle est ambivalente. Apaisante, lorsque j’arrive le matin et que j’observe la brume qui se lève doucement. Stressante, certains soirs d’été, lorsque je dois gérer des afflux de 5000 personnes qui viennent pour faire la fête sur les terrasses.

Judith, 39 ans, Vincennes

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Cité De La Mode et Design, Quai D’Austerlitz
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Mamadou

Je suis originaire de Guinée-Conakry et je vis au foyer. Je viens m’asseoir ici tous les jours pour réfléchir. C’est un paysage qui m’inspire. Je pense à l’avenir. Mon père me maltraitait. J’ai connu la galère et je cherche une manière d’épargner ça à mes enfants. Je vais me battre pour gagner de l’argent. De l’argent propre, par le travail et par la force.

Mamadou, 25 ans, Paris 13e

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
Quai de la Gare
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Maud et Sébastien

- C’est mon fils ! On travaille tous les deux à la Bibliothèque nationale de France, alors on profite de la pause déjeuner pour se voir. Je bosse ici depuis 14 ans, et vous savez quoi ? Je me promène ici tous les jours depuis 14 ans. Dans les bureaux, c’est la clim, alors il faut sortir prendre l’air, quoi qu’en dise la météo. On marche, on s’assoit sur un banc pour manger, on observe les péniches qui font leur grand retour. Mes grands-parents vivaient eux-mêmes sur une péniche à Saint-Mammès. A l’époque, les quais n’étaient pas très aménagés. Pour la gamine que j’étais, c’était comme des bacs à sable géants ! Je suis née à Bastille, et je peux dire que cette rivière m’a toujours accompagnée. J’habitais à Rimini lorsque je suis tombée enceinte de mon fils. Je suis rentrée à Paris pour qu’il puisse naître au même endroit que moi.

- Ma mère est bibliothécaire, mais moi je suis magasinier. Je trie et range des revues scientifiques. Je travaille au magasin socle, c’est en sous-sol, on ne voit pas la lumière du jour. En ce moment, je lis un livre de Jan Van Drop qui parle de la mer. C’est relaxant, comme cette balade. Mais j’aime aussi les quais lorsqu’ils s’animent. Avec ma femme, on sort danser la salsa du côté de Sully-Morland.

Maud et Sébastien, 59 et 30 ans, Paris, Chennevières-sur-Marne.

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
La Barge Du Crous
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Emilie et Swann

Nous venons régulièrement sur les rives de Seine, le weekend pour des balades en famille et mon compagnon, pour courir. Là, nous étions chez le coiffeur pour Swann, nous rentrons à la maison.

Je suis née à Granville dans la Manche, la mer ça me connait et Swann aime regarder les bateaux. Là, il me tanne depuis deux jours pour en voir. Ici, j’aime qu’il y ait un rapport direct avec l’eau. Et je trouve ça génial les quais avec moins de voiture. On peut se promener au calme. Swann peut courir comme il veut, on a même pris la trottinette ! En plus, c’est bétonné donc plus sécurisé. Quand il y a de la circulation, je suis tout le temps obligée de le surveiller, de lui dire de faire attention à ne pas aller sur la route. Là, on profite !

Emilie et Swann, Granville (50)

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Port du Gros-Caillou
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Bao Kim

J’attends des amis pour aller déjeuner sur la Barge du CROUS. C’est un restaurant universitaire. Les étudiants peuvent manger un repas complet pour 3,25 euros, avec vue sur le défilé des canards, les bateaux qui passent sous les ponts, le reflet des nuages sur l’eau. C’est un beau privilège qui nous est fait.

Je suis en troisième année de licence à l’INALCO. J’étudie le japonais et le commerce international. En japonais, rivière se dit 川. Ca se prononce {kawa}. Mais mon mot préféré, c’est {Ikebana}. Ca ne se traduit pas vraiment. C’est l’art de faire naître une œuvre d’art en mettant en scène des fleurs et des plantes.

Bao Kim, 23 ans, Paris 20e

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Paris
La Barge Du Crous
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Sibylle

Je cours deux fois par semaine depuis le début de l’année, je m’entraine pour le semi-marathon. Quand on court sur les quais, on ne tourne pas en rond, le paysage change tout le temps. C’est un luxe de pouvoir courir au bord de l’eau. Sur les rives, il y a plein de joggers, des clubs, parfois je me faufile dans un groupe et je le suis, ça motive d’être à plusieurs.

Avant, j’habitais à Toulouse en plein centre-ville, nous avons déménagé aux Invalides avec mes parents et je suis des études de biologie. Ça me change, ça ne fait pas longtemps que j’habite et que je cours au bord de l’eau mais on s’y fait très vite! Sur les berges, il y a toujours du monde, plein de choses à découvrir, le Grand Palais, les péniches qui organisent des soirées, on les repère en courant et on se dit qu’on reviendra. J’aime beaucoup observer le patrimoine. Certains apprennent Paris sur un plan de métro, moi c’est en courant le long de la Seine.

Sibylle, 17 ans, Paris 7e

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Port du Gros-Caillou
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Corine

Je vous présente Celtique. Elle est têtue, elle porte bien son nom. Elle a 9 ans, c’est un Parson Russell. Ces chiens sont d’excellents ratiers, alors ici, je la surveille de près. On croise beaucoup de ragondins, certains font presque le double de sa taille. Elle s’en fiche, elle y va quand même. En ce moment je ne travaille pas, alors on marche deux heures par jour. J’ai des ravitaillements dans mon sac. Et encore, cette race-là peut avaler jusqu’à 18 km/ jour. La vraie question, c’est : « Qui promène qui ? »

Je l’envie parce qu’elle peut se baigner lorsqu’il fait beau. J’adore l’eau moi aussi, à la moindre flaque je suis à deux doigts d’enfiler un maillot. Se baigner dans la Seine, je suis pour ! En attendant, j’ai de la chance, mes fenêtres donnent justement sur la Seine et sur le parc de l’île Saint Germain. Je ne vois jamais deux fois le même paysage. D’abord, la Seine monte et descend. Certains jours, lorsqu’elle brunit, on se croirait au Vietnam, sur le fleuve Mékong. Mais c’est sa robe bleu-vert que je lui préfère. Ca lui donne un côté surréaliste.

Corine, 49 ans, Boulogne

© @ulrich_lebeuf / Myop pour la Mairie de Paris, textes : @salome_kiner

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Boulogne-Billancourt
Base Nautique Ile De Monsieur
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Rose

J’étudie l’écriture créative et la littérature à Science Po pendant un semestre. Je compte par la suite revenir à Paris pour y travailler quelques années. C’est plus facile pour moi d’améliorer mon français en étant ici, de plus mes cours sont en français. J’adore Paris et la France, il y a des petits cafés avec des chocolats chauds, c’est génial. Le froid ici me permet de me sentir plus vivante, quand il fait trop chaud comme chez moi, à Melbourne, je me sens trop détendue et paresseuse.

J’adore la Seine, c’est le cœur de Paris. S’il n’y avait pas la Seine, je ne suis pas sûre que j’apprécierais autant Paris. J’aime l’eau, la mer, les rivières, la plage. C’est l’endroit où je préfère écrire, la nature est très inspirante pour moi. Je trouve que c’est plus facile de créer et d’écrire quand je suis dans un environnement calme, tranquille, silencieux, et c’est l’effet que me procure l’eau. Comme il y a moins de voiture, on peut écouter les bruits environnants, comme le clapotis de l’eau. Il est nécessaire d’avoir des espaces où l’on peut réfléchir et se poser, comme ici. Dans la société en général, cet espace est facilement inondé de beaucoup de choses qui nous parasitent.

Rose

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Port du Gros-Caillou
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Jean-Christophe

Je suis en train de chanter l’air de Rodolphe de Bizet « quand la flamme de l’amour brule la nuit et le jour… », je suis baryton. Quelquefois, je chante à l’extérieur car ça sonne très bien. Je viens de temps en temps chanter ici et faire mes gammes sur les Rives de Seine. Je m’entraine et je chante aussi pour le public. J’apprécie cette richesse à Paris, pouvoir venir au bord de l’eau, on n’est pas emmerdé par les bagnoles, on regarde les bateaux, libéré de l’urbanisme. Ce que j’aime quand je viens chanter ici, c’est qu’après je peux discuter avec les gens. Ils ne sont pas habitués à ce répertoire et sont curieux. J’ai aussi monté un chœur de 50 personnes, "Voix Si-Voix La, l’Opéra sans frontière", pour que l’Art Lyrique soit à la portée de tous. Notre prochain concert est le Requiem de Mozart !

On est habitué à écouter de la musique enregistrée, une infime partie de la vibration de la voix humaine. Quand on est chanteur lyrique comme moi, on ne chante pas dans un micro, c’est une vibration. Il y a des choses qui échappent à la conscience, on voit ça sur les enfants d’ailleurs, ils lèvent les yeux ils sont fascinés. L’homme fait de la musique depuis la nuit des temps et la voix de l’homme s’est façonnée à l’extérieur. Tout le monde peut trouver sa tonalité !

Jean-Christophe

© Mairie de Paris / Sophie Robichon

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Paris
Port des Invalides
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Kévin

Aujourd’hui, je passe un moment en bord de Seine pour jouer de la musique et chanter des mantras indiens avec des potes. J’habite en banlieue et je suis de passage à Paris : j’aime beaucoup cet endroit sur le quai St Bernard (5e) au bord du fleuve. Il y a des arbres, de la nature, des oiseaux… J’apprécie cette tranquillité en plein centre-ville. Je ne connais pas bien Paris et l’emplacement est très pratique. C’est très accessible par les transports en commun et super calme. Les passants s’arrêtent pour nous écouter, notamment les parents avec leurs enfants. C’est un lieu où circulent des énergies positives.

Kévin

© Mairie de Paris /JB Gurliat

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Paris
Jardin Tino-Rossi
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Arnaud Seité

Capitaine ? Je me définis plutôt comme un serial noceur, sourit Arnaud Seité. J’ai commencé ma vie professionnelle comme entraîneur de tennis de table, puis j’ai joué du jazz sur un bateau, avant d’habiter chez un ami sur la Seine. Avec trois associés, j’ai repris aux enchères en 2011 la péniche Le Marcounet. Nous sommes amarrés sur le quai des Célestins (4e). C’est un lieu exceptionnel en face de l’île Saint-Louis. L’emplacement est sublime : nous sommes entre les ponts Marie et Louis-Philippe qui sont illuminés pendant la nuit. Le Marcounet joue la carte de l’éclectisme avec des concerts de jazz et de musique du monde, et des bals swings le dimanche après-midi durant l’été. Semaine après semaine, les quais s’animent de plus en plus. Il y a toujours des promeneurs, même pendant l’hiver. Les Parisiens sont en train de se réapproprier le fleuve.

Arnaud Seité

© Mairie de Paris /JB Gurliat

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Paris
Quai des Celestins - Face Île St Louis
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Hortense et Yanis

Hortense danse sur les quais depuis 18 ans, du coup nous avons continué en couple. La plupart du temps, nous allons dans l’amphithéâtre (13e), et en été à Paris Plage, où nous avons un parquet de danse à disposition. Le top, ce serait d’en avoir un toute l’année, couvert.

C’est vrai qu’au début, sur les quais, c’était plus confidentiel, sauvage… Mais quoi qu’il en soit, danser dehors, ce n’est pas comme s’exercer entre quatre murs. A l’intérieur, on est contraint dans ses gestes, et surtout dans sa technique. On se sent enfermé, cloisonné. C’est du tango argentin, il a besoin d’espace !

Quand vous êtes arrivés, on discutait justement d’un pas de danse. Hortense m’a dit : « je ne sais pas comment tourner », et en cherchant on a trouvé ! »

Hortense, 37ans, Paris 15e et Yanis

© Mairie de Paris /JB Gurliat

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Paris
Bassin de l’Arsenal

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