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Sur les traces du Covid-19 dans les égouts de Paris

Mise à jour le 25/01/2021
Sur les traces du virus dans les égouts de Paris
Les équipes du service technique de l'Eau et de l'Assainissement de la Ville de Paris effectuent chaque semaine des prélèvements d'eaux usées dans les égouts. L'objectif est d'y détecter la présence de génome du Covid-19 avec l'aide des acteurs du projet Obépine. Explications avec Miguel Gillon-Ritz, responsable du pôle qualité de l'eau et recherche au service technique de l'Eau et de l'Assainissement (STEA/DPE).
Dès le début de l'épidémie, de nombreux projets de traçage du coronavirus dans les eaux usées ont vu le jour à travers le monde. En France, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation a souhaité centraliser au niveau national les initiatives des différents territoires pour les regrouper au sein d'un même projet : Obépine.

Qu'est-ce que le projet Obépine ?

À Paris, Obépine regroupe différents acteurs d'intérêt scientifique dont Sorbonne Université, l'Institut de recherche biomédicale des armées, le laboratoire d'Eau de Paris, des universités et collectivités et, enfin, le SIAAP qui donne accès aux eaux usées dans les stations d'épuration franciliennes. L'objectif de ses recherches est de suivre l'étendue et la dynamique de la circulation de l'épidémie à l'échelle d'un territoire et, potentiellement, d'utiliser cet indicateur comme outil d'alerte pour détecter et anticiper une reprise de l'épidémie.
Obépine permet déjà de bâtir une vision à l'échelle de la métropole. Mais il a été décidé en mars dernier de surveiller plus finement la présence du virus dans les eaux usées à Paris. Cette campagne de mesures a été déployée à compter du 11 mai. Le service travaille maintenant avec la DASES [Direction de l'action sociale, de l'enfance et de la santé, ndlr] et le réseau scientifique d'Obépine, dont le laboratoire d'Eau de Paris, à l'exploitation de ces données pour les « faire parler » à l'échelle parisienne.

Comment s'effectuent les prélèvements ?

Chaque semaine, nos équipes, au sein du STEA, vont prélever dans le réseau d'assainissement des échantillons d'eaux usées qui sont ensuite confiés au laboratoire d'Eau de Paris pour des analyses. Nos agents ont l'habitude de descendre dans les égouts et disposent de toute la protection nécessaire.
Cependant, la médecine du travail et le Bureau de Prévention des Risques Professionnels (BPRP) ont travaillé sur la prévention des risques professionnels pour sécuriser, davantage encore, tout le processus pendant la crise sanitaire. Les égoutiers bénéficient d'un masque intégral et filtrant et doivent respecter une procédure de nettoyage en sortie d'égout pour éviter la dissémination d'agents pathogènes provenant du contact des équipements avec les eaux usées.
Les prélèvements se font sur une dizaine de points. Au début de la campagne, nous avons essayé de diversifier les points de mesure pour détecter de possibles différences en fonction des types d'égouts : petits ou grands, entrées ou sorties de Paris. Ensuite, ces points ont été répartis pour mailler l'ensemble du territoire. Nous souhaitions initialement aboutir à un réseau de points fixes mais celui-ci évolue au fur et à mesure de nos réflexions et de nos retours d'expérience.

La question de l'infectiosité du virus présent dans les eaux usées est par ailleurs un sujet des recherches scientifiques du projet Obépine.

Miguel Gillon-Ritz
responsable du pôle qualité de l'eau et recherche au service technique de l'Eau et de l'Assainissement (STEA/DPE)
Le laboratoire d'Eau de Paris analyse les échantillons d'eaux usées. Il les prépare, les concentre et arrive à quantifier le nombre de morceaux de virus qui s'y trouvent. Ces morceaux que l'on détecte ne permettent pas de préciser si le virus est forcément contagieux ou infectieux mais fournit un indicateur de la présence du virus dans la population. La question de l'infectiosité du virus présent dans les eaux usées est par ailleurs un sujet des recherches scientifiques du projet Obépine.

Comment utiliser au mieux les données récoltées ?

Nous travaillons sur les données collectées afin d'obtenir un outil supplémentaire dans la gestion de l'épidémie. On essaie d'étudier le phénomène au mieux et de faire parler les données, mais ce n'est pas évident. Il est difficile, par exemple, de fixer des seuils ; c'est pourquoi nous étudions particulièrement les dynamiques de circulation du virus. Notre objectif est de mieux détecter des zones de contamination ou de reprise de l'épidémie à l'échelle des bassins de collecte.

Avec un tel suivi, il est possible d'avoir un petit temps d'avance sur la détection de reprise épidémique.

Miguel Gillon-Ritz
RESPONSABLE DU PÔLE QUALITÉ DE L'EAU ET RECHERCHE AU SERVICE TECHNIQUE DE L'EAU ET DE L'ASSAINISSEMENT (STEA/DPE)
Ainsi, au début du mois de mai, et ce pendant plusieurs semaines, nous ne détections quasiment pas le génome du virus. Sa présence a augmenté durant l'été et rediminué depuis le deuxième confinement. On peut donc mesurer l'efficacité de certaines mesures prises pour endiguer l'épidémie. On surveille actuellement l'effet du déconfinement et des fêtes de fin d'année.
L'intérêt de la surveillance des eaux usées, c'est aussi la détection des cas asymptomatiques. C'est une information très intéressante et complémentaire. Les gens qui ne présentent pas de symptômes ne vont pas forcément se faire tester mais utilisent leurs toilettes comme tout le monde ! Or la présence du virus dans les selles précède de quelques jours les symptômes. Avec un tel suivi, il est possible d'avoir un petit temps d'avance sur la détection de reprise épidémique.

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