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De la rue à la scène, voyage dans l'histoire du hip-hop avec Pockemon Crew

Mise à jour le 22/02/2024
Né dans les rues du Bronx et de Harlem dans les années 1970, le hip-hop a traversé l'Atlantique, franchi la barrière des théâtres et des salles de spectacles, avant de se voir consacré discipline olympique aux Jeux de Paris 2024. Tout ça en une cinquantaine d'années. Une histoire dans laquelle il est aisé de se plonger aux côtés de Riyad Fghani, le directeur du collectif Pockemon Crew. Nineteen, sa dernière création, se produira avec trois dates exceptionnelles au 13e Art à la fin du mois de novembre.
Le hip-hop c'est la rue. Une danse née dans les quartiers chauds new-yorkais il y a bientôt 50 ans, qui voit les battles, ou compétions de rue entre bandes rivales à l'origine du mouvement, érigées au rang de spectacles chorégraphiés sur les plus grandes scènes nationales.
Le collectif lyonnais Pockemon Crew est emblématique de ce mouvement. Quand les crews parisiens se retrouvaient Place Carrée, aux Halles, à la fin des années 1990, ces danseurs lyonnais se retrouvaient, eux, sur le parvis de l’opéra de Lyon, où ils se sont constitués crew officiel en 1999. À cette époque, l’accès au théâtre et à la création était loin de leurs objectifs. Seule la compétition comptait. « On n’avait pas les codes à une époque où il fallait être guidés et conseillés pour accéder aux théâtres » confesse Riyad Fghani, le directeur artistique de la compagnie.

La danse, une arme dans la guerre des gangs

À l'origine du breakdance, des rixes entre bandes rivales des quartiers chauds du New York des années 1970. Des combats de danse sont alors initiés pour calmer les esprits et les rivalités dans le Bronx et Harlem. « Quand les soirées dégénéraient, les gangs ont décidé de régler ça en musique, avec un DJ ou un rappeur, ou en compétitions de danse ». DJing, graff, rap ou danse ont alors progressivement remplacé les couteaux et les pistolets dans les combats.
Puis, au début des années 1980, des personnalités ont permis au graff et à la culture hip-hop de franchir l’Atlantique et de séduire le Vieux-Continent. C'est le cas en France du rappeur et fondateur du groupe Assassin, Rockin’Squat. C'est aussi le rôle de l’émission culte de Sidney, H.I.P.H.O.P, qui a beaucoup contribué à l’émergence et à la diffusion de la culture hip-hop en lui donnant une vraie visibilité médiatique le dimanche après-midi sur TF1. « Émission qui fera d’ailleurs apparaître Madonna pour la première fois à la télévision française en 1983 » ajoute Riyad Fghani… C’est dire ! « Les images d’archives montrent tous les petits jeunes de banlieue en train de danser sur son titre phare, Holiday ».

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Hip-hop, breakdance, smurf, on s’y perd…

« Le hip-hop c’est un arbre, et cet arbre il a des branches ». Ces branches sont les diverses disciplines du hip-hop : le DJ, le graff, la danse, les MC. « À l’époque, c'est-à-dire au milieu des années 1970 et dans les années 1980, ces disciplines se confondaient, et nos aînés les pratiquaient toutes : ils dansaient, graffaient et rappaient en même temps. Aujourd’hui tout est séparé. Mais c’était tout cela la culture urbaine du hip-hop ».
MC ou Rappeur ?
Le terme MC, littéralement « Master of Ceremony », désignait au départ l’artiste qui, armé de ses rimes et de son flow, accompagnait le DJ et animait les soirées. Le terme se confond aujourd’hui avec celui de rappeur : le rap étant devenu une discipline à part entière, difficile d’être rappeur sans être MC ! D’ailleurs, certains rappeurs n’hésitent pas à se nommer MC…

Le hip-hop est-il encore un art de rue ?

« Moins pour la nouvelle génération qui apprend le hip-hop à l’école ou dans les théâtres » insiste Riyad Fghani. L’introduction du hip-hop dans les théâtres se fait surtout à partir des années 1990, sous l’impulsion de chorégraphes comme Kader Atou (ancien directeur du CCN de la Rochelle et fondateur de la compagnie Accrorap, un collectif de hip-hop, en 1989), ou José Montalvo (ancien directeur du théâtre de Chaillot). Plus tard, la création de lieux comme La Place, un centre culturel consacré au hip-hop situé dans le quartier des Halles à Paris, légitiment la discipline comme branche de la danse.
Au début des années 2000, le groupe de rap marseillais Fonky Family rend hommage à l'art de rue et à ses branches : « Dj, breaker, B Boy Ggraffeur, beat box »

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De la compétition à la création…

Au début des années 2000 et 2010, le Pockemon Crew a remporté 3 fois les championnats du monde, en 2003, 2006, et 2007. Mais la compagnie n’hésite pas à franchir le cap qu'il y a de la compétition à la création. Et ça n’a pas été simple. « Ça a été très dur de se faire accepter. Au début on nous insultait, on nous disait : vous n’êtes pas des danseurs, vous êtes des acrobates, allez faire les JO… ». Et c'est pourtant ce qui fait aujourd'hui la marque de fabrique du groupe : « des compétiteurs qui font du spectacle et de la création » ; des compétiteurs capables de proposer une histoire chorégraphique et poétique. L’alliance de la performance et de la poésie, par opposition aux chorégraphies un peu (trop) cérébrales que l'on trouve parfois dans la danse contemporaine… C’est aussi ce qui donne l’énergie incroyable de leurs spectacles, très minimalistes en termes de décors.

… et aux Jeux olympiques

Avant les Jeux olympiques et paralympiques, il y a les jeux de la francophonie, qui consacrent les différentes disciplines olympiques. « Nous y avons participé à deux reprises, à Nice (2013) et à Abidjan (2017), et nous avons vu avec joie la consécration du break dance comme discipline olympique. Mais on n’y sera pas, on se concentre sur la création. »

Nineteen, un spectacle dans l'air du temps

Pour l'instant, il s'agit de Nineteen, leur dernier spectacle : 10 danseurs sur la scène du 13e Art, pour 3 dates uniques à Paris. « C'est un spectacle dans l’air du temps. On est dans quelque chose d’abstrait, pour surprendre le public. C'est une fable écologique où l’on se questionne sur l’avenir de la planète, sans jouer les pères la morale, comme on l’avait fait avec Hashtag (leur avant-dernier spectacle, NDLR), où notre propos n’était pas de dire les réseaux sociaux c’est bien ou c’est mal. Dans Nineteen, on met en scène un scientifique. Il se questionne sur l'écologie avec son côté scientifique, et convoque la mythologie pour trouver des réponses. Le spectacle est une succession de tableaux de danse qui se déroulent dans la tête de ce scientifique… »
Pockemon Crew présente Nineteen au 13e Art
Adresse Théâtre du 13ème Art - Place d'Italie - Centre commercial ITALIE2, Paris 13e
Date(s)Du jeudi 24 novembre 2022 au samedi 26 novembre 2022

Quelques mots sur leur prochain spectacle « De la rue aux JO »

« Le breakdance n’est pas une discipline comme l’escrime ou le tennis. Et l’idée c’est de raconter l’histoire du hip-hop aux enfants à travers quatre grandes périodes ». Et les périodes mises en avant sont celles de l'histoire du mouvement hip-hop. D'abord les années 1970 et 1980, dans les rues du Bronx et de Harlem, avec les battles dans les quartiers. Puis la création et la mise en scène de ces règlements de compte par des chorégraphes contemporains (Accrorap ou Käfig). Ensuite, la compétition dans les années 2000, celles de la génération Pockemon. Enfin, les JO… « Le rapport au breakdance dépend de la période dans laquelle grandit chaque génération ».

Pourquoi « Pockemon Crew » ?
« À la base c'était juste pour une compétition d’une heure ! C'était la fin des années 1990. Il y avait une compétition à Grenoble qui invitait toutes les villes de France. Et là j’ai vu le nom des participants : Paris 93, Marseille Killer, Al Capone… que des noms de gangsters et d’assassins ! On a voulu se démarquer et arborer le nom de monstres gentils. On a gagné le tournoi et le nom Pockemon est resté ! »
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