Comment
un pays qui renaît des cendres d’un terrible génocide perpétré contre les Tutsi
il y a 30 ans peut-il seulement savoir exprimer la victoire dans le vocabulaire
de son mouvement ? Comment son corps exprime-t-il les luttes en cours ?
Deuil, souvenir, regret, frustration ? Telles sont les questions qu’explore "The Black Intore".
La crypte du Mémorial
de la Shoah est, si ce n'est le cœur battant du Mémorial, un lieu de silence,
de mémoire, et de commémoration. La performance de Yannick N. Kamanzi en ce
lieu, rappelle qu'il peut aussi rester, être, ou devenir un lieu de colère – non
pas destructrice, mais au contraire de cette colère vivifiante, nourrie de ce
que les philosophes nomment «conatus»
- la persévérance dans son être. Un lieu de mémoire et de recueillement mais
aussi un lieu de vie, dans laquelle la mémoire et le témoignage se transmettent
et se perpétuent, au gré des milliers de visiteurs, jeunes et moins jeunes, qui
s'y rendent chaque jour, un lieu pour dire «Je suis toujours vivant».
Yannick N. Kamanzi débute son parcours d'écriture et de mise
en scène de théâtre à Kigali au Rwanda avec « Quest to the cure », une pièce jouée notammant au Mémorial
national du génocide à Gisozi. Entre 2021 et 2023, il commence à
travailler sur le projet « The Black Intore », une tentative de redéfinir la danse guerrière traditionnelle. Il est
résident au Théâtre Chaillot
avec l'Opéra National de Paris où il travaille notamment autour
d'ateliers d'expression et de performance.