« A 12 ans, Andrea a décidé de devenir David.
Ses parents n’ont plus eu de fille, mes parents n’ont plus eu de nièce, je n’ai plus eu de cousine. David nous a rassurés, nous expliquant qu’il avait toujours été un garçon, mais dans un corps qui ne lui appartenait pas.
Aujourd’hui, mon cousin a 18 ans. Son corps, masculin, s’affirme, sous l’effet de la testostérone et des exercices physiques : il veut devenir prof de sport. C’est un jeune
homme doux et heureux, en proie aux questionnements de son âge mais aussi à ceux qu’implique sa nouvelle identité.
Dans son entourage, chacun compose à sa manière, avec ses propres convictions, ses appréhensions, ses interrogations… Chez ses parents, le désarroi a rapidement cédé la place à l’action militante pour la reconnaissance des droits LGBT. Au lycée Manuel de Salas, réputé dans tout le Chili pour son engagement progressiste, David a été accepté pour ce qu’il est par ses camarades et ses enseignants. Pour mon père, en revanche, très lié à Andrea, le coup fut rude.
En novembre 2018, mon pays, profondément catholique et conservateur, a voté une loi pour l’autodétermination de genre. L’histoire de David est en grande partie à l’origine de cette loi. »
Grâce à un tournage au long cours entamé, il y a cinq ans et à travers photos et films familiaux, la réalisatrice tisse le portrait intime de son cousin, une petite fille qui a choisi de devenir un homme.