Le don de près de 400 photographies et documents au mahJ par Pierre de Gigord, grand collectionneur dévoué à l’histoire de l’Empire ottoman, à l’œil avisé et à l’admirable générosité, constituent un enrichissement majeur pour le mahJ, dont la collection est désormais une référence sur la « Jérusalem des Balkans ». Les tirages albuminés du premier photographe local, Paul Zepdji, les négatifs sur plaques de verre inédits d’Ali Eniss, drogman au consulat d’Allemagne, amateur passionné auteur d’une vivante chronique photographique de la ville, font revivre un monde disparu. Ce sont aussi des autochromes, des albums de photographes amateurs, des documents du service photographique de l’armée d’Orient, des cartes postales, brochures et magazines qui racontent la vie de la cité.
Présentant une sélection de près de 150 pièces, l’exposition restitue l’histoire de Salonique de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. Hommes et femmes saisies dans leurs costumes traditionnels, modestes artisans, portefaix, commerçants, aux membres de l’« aristocratie » locale – liés à l’Europe par des attaches familiales et commerciales – la société se découvre. La modernisation urbaine : les quais et la Tour blanche, les cafés, les restaurants et les lieux de divertissements ; le secteur des Campagnes où les notables établirent leur résidence ; les zones déshéritées, ou s’installèrent les industries naissantes, hissant Salonique au rang de première ville ouvrière de l’Empire ottoman. Mais aussi, dans la ville dorénavant grecque, le grand incendie d’août 1917, authentique traumatisme pour les juifs qui virent leurs quartiers historiques, les archives communales et plus de trente synagogues emportés par les flammes, avant les bouleversements géopolitiques provoqués par la Première Guerre mondiale.