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La langue en liberté
À l'occasion de la publication, aux éditions Gallimard, d'une version augmentée et enfin non censurée de "Ravages", de Violette Leduc, une rencontre avec Mireille Brioude et Alexandre Antolin, deux de ses contributeurs, et les chercheuses Alexia Rivalet et Juliette Roux.
Mireille
Brioude et Alexandre Antolin sont, avec Anaïs Frantz, les trois chercheur.e.s
qui ont contribué par leur travail sur le texte à l’élaboration de la
nouvelle édition de Ravages.
« Ravages dans tous ses
états : 1955-2023 : à la recherche du roman perdu. » 1955 : Ravages est
publié : « c’est un assassinat » clame Violette Leduc devant son
« enfant » mutilé de la première partie et de nombreuses autres
scènes jugées trop audacieuses… Pourtant Ravages sera lu sous sa
première forme, sans que trois générations de lecteurs et lectrices ne se
doutent, ou à peine, de ces coupures effectuées sur un manuscrit qui n’a pas
encore été retrouvé. Aujourd’hui le Ravages donné à lire dans la
collection l’Imaginaire chez Gallimard est fort différent du Ravages
de 1955, publié dans la collection Blanche. Quelles découvertes la patiente reconstitution
des cahiers et des dactylogrammes a-t-elle permis ? Mireille Brioude
“La société se
dresse avant que mon livre paraisse” Contextualisation de la censure de Ravages. En mai 1954,
Raymond Queneau et Jacques Lemarchand signifient leur refus du manuscrit
de Ravages. Le premier soutient pourtant Hélène Bessette, qui parle
d'avortement (Lili pleure, 1953) et de lesbianisme (MaternA,
1954) dans ses livres. Le second a rédigé le prière-d'insérer de L'Affamée,
parraine les œuvres de Béatrix Beck, où les désirs lesbiens adolescents (Barny,
1948) ou adultes (Léon Morin, prêtre, 1952) sont clairement exprimés.
Quelle est donc la spécificité de Violette Leduc, à la fois au sein du
catalogue Gallimard, mais également du champ littéraire ? Les raisons sont
multifactorielles et s'expliquent à la fois par le contexte législatif et le
style littéraire leducien. Alexandre
Antolin
« Le
style de Violette Leduc victime du ravage de la censure ? ». Les marqueurs du style de
Leduc (notamment les particularités de sa syntaxe) sont-ils
présents de la même façon dans ces deux versions de Ravages ? On
analysera ce que cette nouvelle version de Ravages apporte à notre
connaissance du style de l’écrivaine. Outre les thèmes abordés, une partie importante de ce qui caractérise le style
de Leduc, et notamment sa poéticité, ne disparait t-elle pas dans cette
amputation du texte en 1955 ? Alexia Rivalet, doctorante (Université Paris-Cité)
« Car
Isabelle, c’est aussi vous, vous le savez » : la censure de Thérèse
et Isabelle par Simone de Beauvoir repensée à l’aune de son rôle
d’inspiratrice. » Je tenterai de montrer que la
littérature est pour Violette Leduc le seul lieu possible où exprimer et
consommer son amour pour celle qui était sa toute première lectrice, et que
Beauvoir devinait que l’adresse et l’écriture jouaient pour Leduc le rôle d’un
espace de rapprochement. La citation intégrée au titre de ma communication le
manifeste : dans une lettre à Beauvoir, Leduc confesse d'elle-même le rôle
de relais que joue, entre Beauvoir et elle, le personnage d’Isabelle. Juliette Roux, doctorante (Université de Picardie-Jules
Verne)
"Ravages", de Violette Leduc ; établissement du texte et notes d'Alexandre Antolin, Anaïs Frantz et Mireille Brioude, sous la direction de Margot Gallimard, préfaces de Camille Froidevaux-Metterie et Mathilde Forget ; édition augmentée, Gallimard ( L'Imaginaire. Hors-Série), 2023.