En Suède, le design est un vaste
paysage de création qui englobe aussi les champs de l’architecture, de
l’urbanisme, de la mode et de l’artisanat d’art. À l’international, il est à la
fois auréolé de prestige et attaché à certains clichés. On pense aux matières
naturelles, aux lignes claires et épurées, à la fonctionnalité et à
l’accessibilité. Mais il existe depuis longtemps un courant alternatif,
particulièrement fort dans les années 1970 : propositions ludiques et
excentriques, objets qui résistent. Aujourd’hui, Misschiefs renoue avec cette
tradition irrévérencieuse et porte les voix de plusieurs générations de
designerxs qui cherchent à renverser les symboles et détourner la bienséance.
Que nous disent-elles sur nos sociétés, nos humanités ? S’inscrivent-elles dans
un changement global ? Que se passe-t-il en France de ce côté-là ? En
présentant l’exposition FINE DYING, l’Institut suédois entend montrer la
diversité du design contemporain et servir de point de rencontre entre ses
multiples visages.
L’exposition FINE DYING par
Misschiefs
« L’Ange de la maison », du poète Coventry Patmore, lui a été inspiré
par sa première épouse, Emily Augusta Andrews, en qui il voyait la femme
idéale, maîtresse de maison gracieuse, discrète et modeste. Dans un discours prononcé
en 1931 au National Society for Women’s Service et publié onze ans plus tard
sous le titre « Professions for women », Virginia Woolf fustige cet idéal de la
femme victorienne et explique qu’elle a dû tuer l’ange. La création implique le
sacrifice.
En 2021, six artistexs et designerxs
sont invitéexs par Misschiefs à contribuer à la collection FINE DYING, en
référence à la pensée de Virginia Woolf et à l’idée de Fine Dining, l’art
raffiné de la table. Anna Nordström, ButchXFemme, Isa Andersson, Lotta Lampa,
Maria Pita Gerreiro et Sara Szyber créent alors des objets uniques, gothiques,
punk et flamboyants, qu’iels disposent sur une longue table. Chaque pièce,
fabriquée artisanalement en Suède, est vendue en tant qu’objet de collection :
vase, lampe, chandelier, verre, nappe, set de table…
Cette installation évolutive, d’abord
montrée à Stockholm en 2021, puis à Milan en 2022, débarque à l’Institut
suédois en septembre 2023, avec la participation additionnelle de l’artiste
française pluridisciplinaire Popline Fichot. Deux autres artistes, la Norvégienne
Yngvild Saeter et la Suédoise Klara Fahrman, ont également été invitées par
Misschiefs à présenter leur travail hors de la tablée sanguinolente.
Le vernissage de l’exposition sera mis
en musique par le DJ MrMaqs et ponctué de performances des artistexs
pluridisciplinairexs Vera Jörgensen et Grebnellaw.
Misschiefs est une méthode, une
plateforme indépendante née à Stockholm et fondée par Paola Bjäringer, qui
œuvre pour la visibilité des artistexs et designerxs. Misschiefs investit des
locaux vides dans les villes pour offrir à ces artistexs des espaces de
création gratuits et un lieu d’entraide bienveillant. Misschiefs conçoit et
produit partout dans le monde des expositions,performances, rencontres et
ateliers menés par des femmes et personnes non binaires.