We Knew How Beautiful They Were, These Islands, de
Younes Ben Slimane, suit les gestes solitaires d’un homme qui creuse des tombes dans le silence de la nuit. Sans dialogue, et sans autre son que le souffle du vent, le crépitement du feu et le frottement d’une pelle contre la terre sèche, le film de Ben Slimane compose une élégie visuelle d’une rare pudeur, où chaque plan devient un tableau en clair-obscur. Une poupée, un peigne, un rouge à lèvres : surgit alors une autre mémoire de la migration, une traversée nocturne hantée, peuplée de fantômes et de reliques.
Joël Andrianomearisoa murmure
Please Sing Me My Song Before You Go, une élégie tournée à Antananarivo, inspirée d’une berceuse malgache. Dans un monde saturé de bruits, l’artiste invite à ralentir, à écouter l’absence, à entendre ce qui disparaît sans bruit. Le chant devient ici un geste politique, intime, une mémoire chantée des corps et des liens.
Anhar Salem, avec
Love & Revenge, met en scène une adolescente qui s’évade dans un filtre Instagram. Derrière l’image, une quête d’identité et un cri politique porté par une jeune femme saoudienne d’origine yéménite et indonésienne. Ce film fort révèle une jeunesse qui résiste aux normes et à l’invisibilisation par la réappropriation de ses propres récits. Enfin,
Ali Cherri propose
The Watchman, où un soldat veille dans le silence d’une frontière figée. Le film interroge la mémoire des conflits et le coût humain de la séparation. La tour de guet devient ici un théâtre de l’attente, un lieu où l’Histoire refuse de disparaître. Chaque projection est une veille, un chant, une résistance. Le théâtre devient un écran de résonance pour ces récits essentiels, où l’art ravive les traces effacées et nous invite à penser autrement le temps, la perte et la mémoire.