Sur la scène du théâtre Juliette Recamier, Nicolas Le Bricquir s'empare d'un fait divers américain glaçant pour livrer une version aussi surprenante que bouleversante. On a vu la pièce « Denali » et voici 3 raisons pour lesquelles il faut vite l'applaudir.
1 > Une série Netflix transposée sur une scène de théâtre
Qui n’a jamais enchaîné les épisodes d’une série à s’en brûler les yeux ? Si on connaît le binge-watching, ce sentiment frénétique qui nous ligote à notre écran, la pièce « Denali » nous invite à l’expérimenter… au théâtre. Derrière cette idée audacieuse, le metteur en scène Nicolas Le Bricquir, grand manitou de nos (com)pulsions, s’inspire des séries Netflix pour dérouler son récit haletant. Résultat ? La pièce se découvre au fil de trois épisodes, avec ses résumés, sa tension dramatique, son générique et même ses options de visionnage (accéléré, pause, arrêt).
Outre sa modernité, cette narration originale nous offre des espaces de respiration (bienvenus dans cette ambiance pesante) ainsi que des touches d’humour, qui nous rendent aussi complices que spectateurs et juges des événements. Mais surtout, en jouant sur nos addictions, notre attrait pour les thrillers glaçants et notre goût pour le sensationnalisme, elle donne du sens au propos de la pièce.
2 > Une scénographie immersive qui nous embarque
Le choix du mot « immersif » n’est pas galvaudé : en se déployant de part et d'autre de la scène - mais aussi sur un écran projeté -, le dispositif scénique nous propulse au cœur de l’enquête qui se joue sous nos yeux. On assiste aux interrogatoires, on revit les événements clés sous forme de flashbacks, on infiltre les conversations privées des protagonistes : bref, on prend part entièrement à cette intrigue où chaque réplique devient une pièce à conviction.
Un dispositif scénique qui propulse au cœur de l’enquête.
Où se cachent les coupables ? Qui sont les vraies victimes ? Comment et surtout pourquoi ce meurtre barbare a-t-il été commis ? Sur la scène du théâtre Juliette Récamier (7e) comme dans le public, pas de place au temps mort : les doutes tourbillonnent sans cesse autour de nous.
3 > Une critique sociale pertinente
La force de « Denali » réside dans sa manière de captiver l’audience, certes, mais aussi de porter sur scène les travers d’une jeunesse désœuvrée qui tue le temps en rêvant, depuis un bled paumé où les perspectives sont un ailleurs fait de célébrité et de richesse. Ce monde fantasmé, la jeune génération l’entrevoit à travers la petite fenêtre des écrans. Un interstice dans lequel s’engouffrent la frustration, la colère, les illusions, la folie…
Point de bascule, vertige, drame : il nous faudra de longues minutes pour reprendre notre souffle, après la tornade « Denali ». Quelle claque !
