Si vous croisez un chien guide dans les rues de Paris, il y a des chances pour qu’il soit passé par l’école de Chiens Guides de Paris. Créée en 1987, elle élève, éduque et remet gratuitement des chiens aux Parisiens malvoyants. « Depuis la création de l’école, nous avons remis plus de 1150 chiens guides », se félicitent Laura et Kathleen. La première est référente communication au sein de la structure, la seconde est monitrice au pôle éducation.

En cette matinée pluvieuse, les deux femmes sont chargées de nous faire la visite du lieu, situé aux abords du bois de Vincennes. « La plupart des chiens que nous formons ne sont pas nés sur place, mais à Buc [Yvelines, ndlr], notre centre d’élevage ouvert en 2015 », explique Laura. Après leur naissance, les chiots débutent leur phase dite « d’éveil ». Celle-ci dure environ trois mois durant lesquels ils sont progressivement habitués aux sons, aux odeurs et aux textures du monde extérieur.

Pour ce faire, les "maternités" dans lesquelles ils passent leurs premiers mois de vie sont entourées de modules d’entraînement ainsi que de différentes surfaces sur lesquelles ils peuvent familiariser leurs petits coussinets. Après cette phase d’éveil, les petits élèves poilus sont envoyés dans une famille d’accueil bénévole afin de s'habituer au contact humain. Vers l'âge d'un an, ils débutent réellement leur formation de chien guide.

Nos héros du jour deviennent particulièrement enthousiastes lorsqu’ils voient Kathleen se diriger vers l’un des boxes. Après avoir reçu l'ordre correspondant, Trust, Twinie et Tyl se précipitent dehors, surexcités. Ces beaux labradors terminent bientôt leur cursus et sont donc particulièrement réceptifs aux ordres de la monitrice. Cette race, réputée pour sa faculté d’apprentissage, sa loyauté et sa gentillesse, est plébiscitée au sein de l’Ecole.

Car oui, en plus d’être une aide au quotidien, un chien guide est avant tout un compagnon de vie dont le but premier est d’apporter l'autonomie dans les déplacements et un confort de vie à la personne « pour lui permettre de souffler et de s’évader un peu », explique Laura… Avant d'ajouter : « La partie “guidage”, ce n’est que 20 % du travail du chien. Les autres 80 % consistent simplement à être un animal de compagnie qui apporte du réconfort et un peu de pétillant dans la vie de la personne ». Sans oublier le volet social, très important : avec un chien, les personnes déficientes visuelles ne sont plus vues uniquement que par leur handicap et peuvent tisser d'autres liens.

C’est donc ça, aussi, le travail des équipes de l’École de Chiens Guides : former des animaux capables d'apporter affection et soutien à des maîtres et maîtresses qui en ont tant besoin.

Une fois aux côtés de leur monitrice, les chiens font le show et se prêtent volontiers à une petite séance photo. Puis vient le temps de la pratique en situation réelle. « Lorsque nous équipons le chien de son harnais, il sait qu’il est en phase de travail », explique Kathleen. Au programme de cette petite sortie : reconnaissance du mobilier urbain et traversée de la rue. À ce petit jeu, les deux labradors qui accompagnent Kathleen sont imbattables. À l’écoute d’une simple instruction, ils sont capables de reconnaître un abribus, puis de poser leur tête sur le banc afin de garder une place à leur maître… Impressionnant ! Surtout que ces animaux sont remis gratuitement aux Parisiens qui en font la demande. Une aubaine, quand on sait qu’un seul chien coûte près de 25 000 euros à l’École.

Cette gratuité totale est rendue possible par « les nombreux dons du public et la générosité de différents mécènes, aussi bien des particuliers que des entreprises ». Cependant, pour pouvoir bénéficier d’un chien, il faut savoir faire preuve de patience. « Pour toute demande, nous avons une équipe pluridisciplinaire qui se réunit afin de déterminer si la personne est apte à bénéficier d’une telle aide », précise Laura. Cette attente peut monter jusqu’à 2 ans, mais « elle vaut clairement le coup ».