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Un engagement élémentaire contre la précarité menstruelle

Mise à jour le 26/02/2020
L’association Règles élémentaires organise des collectes de produits hygiéniques, redistribués aux personnes dans le besoin par des structures partenaires. Au-delà de ces dons, la structure compte briser le tabou de la précarité menstruelle.
Près d’1,7 million de femmes ne disposent pas suffisamment de protections hygiéniques en France, selon un sondage Ifop-Dons solidaires de mars 2019. Près de 8% des femmes connaissent des difficultés pour se procurer des produits d’hygiène intime, ou alors insuffisamment.
C’est en Angleterre que Tara Heuzé-Sarmini prend conscience du problème. À Cambridge, l’étudiante française participe pour la première fois, en 2015, à une collecte de produits d’hygiène intime pour les femmes sans-abri. « Dans les pays anglophones, c’est très courant, c’est une collecte parmi tant d’autres. Cette campagne s’inscrivait dans la lignée de The Homeless Period, Share the Dignity, une initiative pour faire changer les mentalités au sujet des règles. Ça m’a fait tilt

Des produits d'hygiène difficiles à obtenir

De retour en France, l’élève de SciencePo Paris se rend compte que rien n’est proposé aux femmes dans le besoin pour les aider à se procurer des protections périodiques. « Ces produits sont extrêmement difficiles à obtenir. Dans les associations, les stocks étaient à zéro. Puis c’est tabou, personne n’en parle ! »
En novembre 2015, elle met sur pied sa première collecte à SciencePo. C’est un succès. « Au niveau du timing, cela tombait pendant l’étude de l’abaissement de la TVA de 20% à 5,5% des produits de protection d’hygiène intime, détaille-t-elle. Cela a permis de considérer que ces produits ont un coût et de mettre en avant le sujet de la précarité menstruelle. »

Tout le monde peut organiser une collecte

Dans la foulée, en 2016, Tara Heuzé-Sarmini fonde l’association Règles élémentaires. Depuis, une trentaine de bénévoles âgés de 21 à 70 ans se retroussent les manches pour établir des collectes dans toute la France. Pour ce faire, la structure propose des collectes « clés en main » destinées à être mises en place par tous : particuliers, entreprises, professeurs, lycéens, retraités, etc. Ces derniers trouvent un lieu, fixent les dates et signent une charte de partenariat avec l’association. Ils peuvent alors utiliser les visuels et les éléments de communication de Règles élémentaires. À la fin de la collecte, des bénévoles viennent récupérer les dons, qui sont ensuite redistribués via des associations partenaires. Des boîtes à dons avaient été installées dans certaines mairies d'arrondissement.

Le fait de proposer un tampon peut aussi ouvrir la porte à des discussions sur les sujets sexuels. Ces structures ont le bagage psychologique et social pour aborder toutes ces questions.

Tara Heuzé-Sarmini
présidente de règles élémentaires
En 2019, 500 collectes ont été organisées en France, de longue durée ou ponctuelles, par plus de 600 organisateurs. Une autre part des stocks vient des dons de fabricants de serviettes et tampons. En tout, près d’un million de produits ont été distribués à plus de 35 000 bénéficiaires. « Nous travaillons avec plus de 200 associations partenaires, note la fondatrice. Elles vont vers les femmes dans le besoin. Le fait de proposer un tampon peut aussi ouvrir la porte à des discussions sur les sujets sexuels. Ces structures ont le bagage psychologique et social pour aborder toutes ces questions. Il y a des infirmières formées, des gynécologues présents lors de permanences pour délivrer des explications qui vont de pair avec l’hygiène menstruelle. »

Briser le tabou des règles

Un apéro menstruel aux Grands Voisins (14e) pour parler des règles.
Crédit photo : Règles Elémentaires
Au-delà de la fourniture de protections aux populations les plus sensibles, l’association s’est donnée pour objectif de briser le tabou des règles. Comment ? Via « une communication sans langue de bois, franche et directe » appuie Tara Heuzé-Sarmini. Lors d’ « apéros menstruels » aux Grands Voisins, de stands ou d’ateliers dans les collèges, l’équipe parle sans tabou. « Ce sont des sujets peu abordés à l’école. Beaucoup ne connaissent pas bien le fonctionnement du cycle menstruel. Il y a un tabou, culturel, religieux, un dégoût. » Pour faire bouger les lignes, l’association compte bien peser pour changer les règles.

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