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Michaël Jérémiasz, sportif hors norme

Mise à jour le 21/06/2017
Michaël Jeremiaz
Ce médaillé paralympique a, comme il le dit lui-même, un destin extraordinaire. Pas mieux que les autres mais juste pas commun. Citant Boris Cyrulnik, il l'explique en partie par le "merveilleux malheur" qu'il a traversé. Michaël Jérémiasz dévore la vie, enchaîne les défis, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas sa langue dans sa poche!
Nous allons rencontrer Michaël Jérémiasz. Il arrive en retard, et il a "horreur de ça". Il y a des matins comme ça… Attablé devant un coca zéro au bar du Crowne Plaza Hôtel de République, le tennisman en fauteuil professionnel, qui compte à son actif quatre médailles aux Jeux paralympiques et une sortie historique à Rio en porte-drapeau de la délégation française, revient sur son parcours hors norme.
Sportif de haut niveau, consultant, co-fondateur de l'entreprise sociale Handiamo!, et de l'association Comme les autres, marié, père de famille, trublion, cet hyperactif continue de vivre à 100 à l’heure car comme il le dit lui-même: "Je n'ai jamais eu peur de sortir de ma zone de confort. Mon accident a révélé ça chez moi, vivre le plus possible et faire le maximum de choses".

Un mauvais départ

Chez les Jérémiasz, le tennis est une affaire de famille: "Mes parents jouaient, ainsi que mes frères, et j'ai moi-même pratiqué de 5 à 18 ans". Il aime aussi le ski, où il se donne en spectacle, fait des sauts spectaculaires, prend de la hauteur. "J'ai 18 ans, On est en vacances à Avoriaz, on fait des sauts dans un snowpark avec mon cousin et mes frères. Normalement c'est interdit aux skieurs, mais bon… Je veux les impressionner, montrer que je suis le meilleur, alors je saute trop haut et je foire ma réception".
Il est transféré en urgence à l’hôpital de Genève, où il subit une opération de 9 heures. Quelques jours plus tard, il est rapatrié à l'institut Mutualiste Montsouris à Paris, "dans la chambre présidentielle, ça ne s'invente pas". Paraplégique, il part ensuite en centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle de Coubert pendant 8 mois.

Ça a été à la fois les meilleurs et les pires moments, quand tu te couches le soir, c'est dur

Michaël Jérémiasz
Il enchaîne la rééducation physique, se remet au sport, roule les pétards de son voisin de chambre, fume du shit, lui qui n'avait jamais touché un joint, "ça soulage les douleurs neurologiques et ça permet de s'évader, le personnel est compréhensif".

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Il parle aussi sans complexe de sexualité: "j'avais peur qu'il ne se passe plus rien à ce niveau là et puis au bout de deux mois, l'œdème que j'ai au niveau de mes dorsales fracturées commencent à se résorber et un matin, la Tour Eiffel se dresse. En toute modestie si je puis dire!… Ma vie commence vraiment à se reconstruire à ce moment là. Je suis sorti avec la kiné, des aides-soignantes, des infirmières, et même une patiente. Je suis dans une forme de frénésie. Je me rappelle, la première fois que je suis allé voir une fille en fauteuil en boite, ça m'a complètement désinhibé".
Michaël récupère de la motricité et peut même se mettre debout mais a besoin d'un fauteuil roulant. Il a accepté le fait qu'il ne remarchera pas: "j'avais foi en la médecine mais je n'ai jamais été dans l'illusion. Honnêtement, ça a été très dur les deux premiers mois, voire même les premières années, tu angoisses pour l'avenir, le moral est en dents de scie".

(Re) Naissance d'un champion

"En 2000, je découvre le tennis en fauteuil et je rends fous mes voisins de chambre à taper la balle contre le mur! Et puis le directeur sportif du tennis handisport, ayant appris qu'un ancien joueur de tennis à fort potentiel était au centre, vient me rendre visite et m’invite à la coupe du monde par équipe. Lors de la finale avec les Pays Bas, où s'affrontent les 5 premiers mondiaux, en bon petit con prétentieux que je suis, je dis à mon père et à mes frères "un jour ces mecs-là, je les battrai"!". La prophétie se réalise cinq ans plus tard. En 2001, il est sacré champion de France, une ascension fulgurante. "Le plus dur, c'est l'apprentissage de la mobilité en fauteuil, les premiers temps d'adaptation sont frustrants, j'ai quelques moments de doutes".
Michaël, que rien n'arrête, reprend aussi la Fac en Langues Étrangères Appliquées, filière qu'il choisit pour sa passion des langues et surtout des filles, majoritairement représentées dans ce genre de filière". Il arrête après l'avoir obtenu son DEUG pour faire plaisir à sa mère et devient un des 1ers athlètes handisport à gagner sa vie exclusivement grâce au sport ". En un peu plus de dix ans, Michaël Jérémiasz gagne 5 titres de Champion de France, une médaille d'or en double aux Jeux Paralympiques de Pékin en 2008, une médaille en bronze en simple et une médaille d'argent en double aux jeux paralympiques d'Athènes, une médaille de bronze en double aux Jeux de Londres en 2012, il est en tout médaillé 4 fois aux Jeux Paralympiques. En simple ou en double, il a aussi remporté les 4 tournois du Grand Chelem. Il pense à prendre sa retraite en 2012 et se laisse finalement quatre ans, jusqu'aux Jeux Olympiques de Rio, pour préparer sa reconversion.

Les Jeux à Paris en 2024, une nécessité

"J'ai aussi suivi une formation continue à Sciences-Po de 2008 à 2011, réservée aux sportifs de haut niveau. Une période où des blessures et surtout l'envie de faire autre chose que du tennis l'amène à co-écrire aussi un bouquin en 2011, Tant d'histoire pour un fauteuil, j'y parle de mon expérience, mon rapport au handicap, mon processus de guérison, mes doutes, mais aussi l'émergence d'une volonté considérable. C'est aussi l'année où je co-fonde Handiamo! et Comme les autres".
"J'ai aussi créé ma société de conseil, j'interviens notamment auprès de grandes entreprises: Disney par exemple, pour l’accueil des personnes handicapées sur leur site et rendre accessible à tous le merveilleux monde de Mickey, auprès d'Adecco sur la sensibilisation au handicap mais surtout l'accession des personnes handicapées au monde de l'entreprise. Je collabore également avec Malakoff Médéric pour démocratiser l'accès à la culture des ces personnes". Il garde toujours un pied dans le monde du sport avec Lacoste, son ancien sponsor, dont il est l'ambassadeur. Enfin, il collabore avec Elior autour des questions de nutrition, de sport et le bien-être. Il est aussi très engagé pour l'organisation des Jeux olympiques 2024 à Paris.
Michaël Jérémiasz, porte drapeau paralympique
Michaël Jérémiasz, porte drapeau paralympique
Crédit photo : Comité Paralympique et Sportif Français
"Je suis un éternel optimiste. Ces jeux, il nous les faut. Barcelone, Atlanta, Sydney, les Jeux ont profondément changé la physionomie des ces villes en terme d'accessibilité et de regard. A la Poste en bas de chez moi il y a toujours 4 marches à l’entrée, malgré de récents travaux, ce qui m'oblige à passer par la porte pour les livraisons. La dernière fois, la responsable m'a dit: "c'est pas un bureau pour les handicapés, j'ai pété un câble!"
Dans le cadre de la candidature aux JO 2024, Michaël avait participé à la Semaine Olympique, un dispositif pérenne qui a permis de sensibiliser plus de 2 millions d'enfants dans les écoles. "Tu leur parles des valeurs de l’olympisme et plus généralement des bienfaits du sport, du fait d'être ensemble, au-delà des différences, cela crée du lien social."

Un autre combat pour un nouveau regard

La couverture médiatique de France Télévison pour les derniers Jeux a été de 10h par jour avec 14 millions de téléspectateurs. "C'est très bien mais on peut encore faire mieux, n'est-ce pas Eurosport, Canal, Beijing? " Ce combat pour une plus juste reconnaissance des champions paralympiques et plus généralement pour changer le regard que la société porte sur les personnes handicapées, Michaël Jérémiasz en a fait son cheval de bataille.
Handiamo!, créé en 2011 avec son grand frère et son 1er entraîneur de tennis est la première structure ayant pour champ d'action l'accompagnement de grands sportifs handicapés et la veille au bon déroulement de leur carrière, ainsi que le développement d’événements sportifs et de conférences de sensibilisation au handicap. 
Michaël Jérémiasz
Michaël Jérémiasz
Crédit photo : Michaël Jérémiasz
Il créé également l'association Comme les autres avec son grand frère et sa femme. Elle a pour objectif d'accompagner des personnes lourdement handicapées suite à un accident de la vie dans leur parcours de reconstruction, leur proposant conjointement un accompagnement social (démarches administratives, retour à l'emploi,..) et la pratique d’activités à sensations fortes. "On organise des séjours sportifs mixtes, avec des personnes valides, ils pratiquent du ski, de l'ULM, du parapente, du bobsleigh… On essaye de les réconcilier avec leur corps, avec eux-mêmes, et avec les autres". Rebondir en est le témoignage captivant (en libre accès ici ) et compile les témoignages de ces personnes et de leurs proches.
L'association organise aussi des activités socio-culturelles: visites d'expos, ateliers de maquillage, pour travailler sur la confiance et le rapport à soi. Michaël projette d'en faire toujours plus. L'association compte déjà 6 salariés: "on est ambitieux et très optimistes. Quand j'ai eu mon accident, j'ai voulu refaire ce que je faisais quand j'étais valide. La plupart des gens veulent juste reprendre leur vie. J'ai conscience que je suis un privilégié à l'échelle du monde et de la société. Je gagne bien ma vie et l'argent me donne une forme de liberté, j'ai un boulot flexible, j’organise mon temps comme je le veux".
Michaël Jérémiaz à la Spartiate race
Michaël Jérémiaz à la Spartiate race
Crédit photo : Spartiate race
Michaël a été le premier athlète en fauteuil roulant à faire et à terminer la Spartiate Run. Quand on vous dit qu'il ne s'arrête jamais! Après son accident, son grand frère lui dit "à partir de maintenant, je serai tes jambes, et là où tu voudras aller, on ira". Porté par une volonté sans faille et l'amour inconditionnel de ses proches, Michaël, déjà loin, n'en est pourtant qu'au début…

C'est royal

Ce n'est pas sûr que vous puissiez rentrer mais on y est très bien reçu, à chaque fois j'ai très bien mangé et bu
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
55 Rue du Faubourg Saint-Honoré Paris 8E
Michaël Jérémiasz, porte-drapeau de la délégation paralympique à Rio, à droite, et Teddy Riner
Michaël Jérémiasz, porte-drapeau de la délégation paralympique à Rio, à droite, et Teddy Riner
Crédit photo : Philippe Millereau / KMSP / DPPI

Comme un spartiate

C'est pour moi le temple du sport, un endroit magique
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
11 Avenue du Tremblay Paris 12E
"Je m'y suis entraîné pour les jeux de Londres et de Rio. Je continue à m'y entraîner. J'ai fait la Spartiate ride, je suis le premier mec en fauteuil à l'avoir fait! Je prépare aussi le marathon de New York pour la fin de l'année.
Insep Aire sportive extérieure
Insep Aire sportive extérieure
Crédit photo : Ambre Marionneau

Le meilleur Bo Bun

Leur bo bun spécial mix est dingue, c'est ma cantine, j'en ai mangé des centaines!…
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
20 Rue Alibert Paris 10E
Le Petit Cambodge
Le Petit Cambodge
Crédit photo : Le Petit Cambodge
"Ma femme devait y manger le soir des attentats, elle était enceinte de notre fils, Mylo. Mais quelques heures avant je lui ai dit on part en weekend?".

La gastronomie ma passion

Le Graal, c'est Guy Savoy, mais Ze Kitchen Galerie est pour moi un des meilleurs restaurants. Il vaut un 3 étoiles! Il y a un menu dégustation avec 8 plats
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
4 Rue des Grands Augustins Paris 6E

UN grand et beau jardin

Mon petit garçon y a fait ses premiers pas, c'est là que je le regarde grandir
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
14 rue des Récollets PARIS 10E
Jardin Villemin
Jardin Villemin
Crédit photo : Jardin Villemin

les meilleures Caïpirinhas

J'y ai rencontré pas mal de femmes, c'est en partie là que je me suis reconstruit.
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
18 Rue du Faubourg du Temple Paris 11E

Rendez-Vous pro

J'y donne toujours mes rendez-vous professionnels, c'est cool, convivial, on est bien installé et c'est en bas de chez moi.
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
10 Place de la République Paris 11E

Le plus beau parc

Je trouve ce parc magnifique. C'est à 200 m de chez moi, on adore s'y promener avec ma femme et mon fils.
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
1, rue Botzaris Paris 19E

7ème art

J'aime les deux cinémas, MK2 Quai de Loire et Quai de Seine. L'endroit est sympa et on peut y voir des films de qualité, pas que les derniers blockbusters. Tu peux manger, boire un verre…
Jardin Villemin - Mahsa Jîna Amini
7 quai de la Loire PARIS 19E
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Article coécrit avec Jade Vigreux

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