Les carrières de Paris, visite avec des experts

Actualité

Mise à jour le 30/01/2019

La carrière des Capucins
Depuis 240 ans, l’Inspection générale des carrières (IGC) est à l’œuvre pour surveiller et consolider les sous-sols parisiens. Incursion dans les entrailles de la capitale.
Paris, 17 décembre 1774, rue d’Enfer, l’actuelle avenue Denfert-Rochereau (14e). Un effondrement spectaculaire dû à une ancienne carrière souterraine engloutit les habitations à trente mètres de profondeur. Et pour cause : depuis l’époque gallo-romaine et jusqu’au 19e siècle, Paris est un gruyère, sa magnificence se forgeant grâce à la richesse de son sous-sol.

Paris, c’est un gruyère qui se tient!

Jean-Michel Fournier
Au sud de la capitale (5e, 6e, 12e, 13e, 14e 15e et 16e), c’est le calcaire lutétien, dit « grossier », qui s’arrache. C’est cette pierre qui a servi à élever Notre-Dame au XIIe et XIIIe siècle. Au nord (9e, 10e, 18e, 19e et 20e), on creuse le gypse, la pierre à plâtre, dans les entrailles des buttes parisiennes : Montmartre, les buttes-Chaumont… Résultat, Paris est truffé de trous.
Carrières à l'Est de Montmartre / Thiénon, Louis-Désiré (1812-188.).
Pour sécuriser le domaine public et établir une cartographie précise de ces cavités, Louis XVI crée l’Inspection générale des carrières (IGC) le 4 avril 1777. Depuis 1968, l’IGC est rattachée à la Ville de Paris et couvre aujourd’hui, en plus de la capitale, les communes du 92, 93 et 94. « Paris, c’est un gruyère qui se tient, rassure Jean-Michel Fournier, chef de la division études et travaux. Il y a des souterrains, des parkings, un réseau de transport, des égouts… Tout ça est contrôlé. »
La Carrière des Capucins

Mission inspection

Deux siècles et demi plus tard, les missions de l’IGC restent les mêmes: inspecter les 280 kilomètres de galeries, mettre à jour les cartes du sous-sol, surveiller les nappes d’eau, instruire les permis de construire, diagnostiquer les risques… « Nous effectuons des reconnaissances de sols pour tous types de constructions dans les zones à risques comme les logements, les aménagements de la voirie, les travaux d’extension du tramway… », détaille Jean-Michel Fournier. Pour ne pas déstabiliser les bâtiments, il faut remblayer les cavités, consolider le sous-sol avec des piliers ou prévoir des fondations adaptées aux constructions.
+ d'infos

Avec 20% des immeubles parisiens se situant au-dessus d’une carrière, l’autre volet essentiel de l’IGC est l’information au public, surtout lors d’acquisitions ou de ventes de logements. Le service répond aux demandes de renseignements écrits et reçoit les habitants concernés sans rendez-vous. Qu’on se le dise, Paris est entre de bonnes mains!

L’IGC reçoit les lundis, mercredis et vendredis de 9h à 12h, 12 place de la Porte de Vanves (14e).

>> Toutes les infos sur paris.fr

L’atlas des anciennes carrières

Situation des anciennes carrières sous Paris (carte de 1908).
C’est le trésor de l’Inspection générale des carrières (IGC). Initié en 1859, avec seulement dix-sept cartes éditées au 1/1000, l’atlas des anciennes carrières du sous-sol de Paris et des départements limitrophes contient aujourd’hui 458 cartes. Sur chacune, les instructeurs des permis de construire, qui renseignent également le public, peuvent y lire le détail des consolidations réalisées, les incidents connus… « L’IGC reçoit les permis de construire depuis 1881. Tous les bâtiments construits sur des zones à risques après cette date ont donc été consolidés », rassure Marc Hannoyer, chef de la division réglementaire. Le risque zéro n’existant pas, la prudence reste néanmoins de mise.

Des effondrements spectaculaires

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Le 1er juin 1961, l’effondrement d’une ancienne carrière de craie à Clamart ensevelit à trois mètres de profondeur tout un quartier de la ville (photo). L’accident fait 21 morts et 45 blessés. À Paris, en 1909, une femme a été engloutie dans un effondrement rue Tourlaque (18e), ancienne voie d’accès aux carrières de gypse de la butte Montmartre. Les désordres de ces dernières années sont heureusement moins spectaculaires : un trou dans une chaussée du 18e en raison d’une fuite de réseau, un banc chutant d’un mètre avec un morceau de voie dans le 13e…
Onze ouvriers de la brigade des puisatiers mineurs ont pour mission d’inspecter visuellement, très régulièrement, l’état des galeries des anciennes carrières souterraines pour signaler toute dégradation ou danger potentiel. En 2015, par exemple, l’IGC est intervenue 73 fois pour des incidents sur Paris et la petite couronne.

Visitez la carrière des Capucins

Vingt mètres sous l’hôpital Cochin, se cache la carrière des Capucins : des galeries chargées d’histoire, restaurées par les membres passionnés de la Société d’études et d’aménagement des anciennes carrières des Capucins (Seadacc). Le site n’est pas ouvert au public, mais des visites peuvent être organisées pour de petits groupes sur réservation.

→ 27, rue du Faubourg Saint-Jacques (14e) / Sur réservation (nffbpvngvba@frnqnpp.pbz[association puis seadacc.com après le signe @])

La Carrière des Capucins

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