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Un bastion de l’enceinte de Thiers exhumé grâce à… l’Adidas Arena

Mise à jour le 16/04/2024
L’Adidas Arena sera-t-elle une citadelle imprenable pour les adversaires du Paris Basketball ? Ce ne serait pas si étonnant pour le club résident du seul site intra-muros bâti pour les Jeux de Paris 2024 : des vestiges des anciennes fortifications de la capitale y ont été mis au jour avant sa construction.
Cet été, des athlètes du monde entier fouleront le sol de l’Adidas Arena pour s’affronter lors des épreuves olympiques de badminton, de gymnastique rythmique ou encore d’haltérophilie. Mais avant d’en arriver là, l’archéologie vient de nous rappeler que ce secteur de la capitale a jadis été le théâtre d’un face-à-face… moins fair-play.
En septembre 1870, alors que la guerre franco-prussienne bat son plein, les troupes du chancelier Otto von Bismarck décident d’encercler Paris. Pendant près de cinq mois, la ville est assiégée. Les Parisiens survivent tant bien que mal, luttant contre la rudesse de l’hiver, le manque de vivres et la pluie quotidienne d’obus ennemis. Un armistice est signé le 28 janvier 1871 et amorce la fin du blocus.

La dernière enceinte urbaine de Paris

Si Paris a su résister aux assauts prussiens, c’est en grande partie grâce à sa ligne de fortification. En 1840, Adolphe Thiers, alors président du Conseil, fait aménager une nouvelle enceinte pour protéger la ville d’éventuelles offensives militaires. L’homme d’État se souvient de l’entrée des Prussiens (déjà eux !) dans la capitale en 1814 et ne souhaite pas voir l’histoire se répéter.
Fortifications de Paris : projet d’enceinte continue par le lieutenant-général Valazé
Crédit photo : Ville de Paris / BHVP
L’ouvrage défensif, communément appelé « enceinte de Thiers », voit le jour en 1844 après cinq années de travaux. Ce chantier est de loin le plus monumental de l’histoire de Paris par son ampleur, le volume des terrassements et des matériaux mis en œuvre. La fortification, qui s’étendait ainsi sur 33 kilomètres, était jalonnée de 53 portes (dont certains noms ont subsisté, notamment pour désigner des stations de métro) et de 94 bastions.
Profil de l’enceinte du XIXe siècle
Crédit photo : Ville de Paris / BHVP
Le rempart se composait d’un terre-plein de 30 mètres de large et 7 mètres de haut, muni d’escaliers et de rampes. Il était adossé à une muraille de 10 mètres de hauteur pour une largeur sommitale de 3 mètres, avec des contreforts trapézoïdaux sur sa face interne. Pour compléter la construction, un fossé de 20 à 40 mètres de large était prolongé par une zone non ædificandi de 250 mètres de large.
Au début du XXe siècle, la Ville de Paris est à la recherche d’espaces pour bâtir de nouveaux quartiers. L’enceinte de Thiers est ainsi progressivement démantelée pour laisser place aux habitations à bon marché (HBM), un type de logement populaire.

Le bastion no 33 révélé par l’archéologie

En 2019, un diagnostic archéologique réalisé en amont de l’aménagement de l’Adidas Arena (18e) a permis d’étudier des vestiges de l’ancienne fortification conservés dans le sous-sol de la porte de la Chapelle. Les archéologues du département d’histoire de l’architecture et de l’archéologie (DHAAP) ont ainsi reconnu une portion de l’ouvrage, correspondant au bastion no 33.
Depuis les années 1990, des vestiges de l’enceinte de Thiers ont pu être documentés à plusieurs reprises dans le cadre d’opérations d’archéologie préventives. En 2017-2018, l’aménagement de la piscine Yvonne-Godard (20e) avait notamment révélé une partie du bastion no 14. La création d’équipements sportifs semble décidément profiter à la mise en valeur de ce patrimoine militaire !

Des baïonnettes et plusieurs glaives du XIXe siècle

En 2022, alors que l’Adidas Arena est en cours de construction, des ouvriers exhument par hasard une série d’objets métalliques. Le DHAAP est rapidement averti de cette découverte fortuite et se rend sur place pour collecter le mobilier. Il s’agit de neuf armes blanches, qui semblent dater du XIXe siècle.
Afin d’en savoir plus, les archéologues sollicitent l’avis de Julien Voinot, un spécialiste du musée de l’Armée (7e). Ce dernier identifie des baïonnettes et plusieurs glaives.
Longues de 60 cm en moyenne, ces armes ont été produites entre 1830 et 1860, mais elles continuent d’être utilisées par les soldats français durant les décennies suivantes. Leur présence à proximité des vestiges de l’enceinte de Thiers peut être rattachée à deux événements de l’histoire parisienne : le siège opéré par les Prussiens en 1870 et la défense de la ville par les communards en 1871, face aux armées « républicaines » envoyées par le gouvernement de… Thiers.
Monument élevé par l’État à la mémoire des soldats morts pendant le siège de Paris 1870-1871, au cimetière du Père-Lachaise (20e). Ce soldat de première ligne arbore un glaive similaire à ceux trouvés porte de la Chapelle (18e).
Crédit photo : CC0

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