« J’habite dans le 21e arrondissement de Paris ! »

Portrait

Mise à jour le 03/06/2025

Amber Silverstein Hueber sur la terasse de sa péniche sur la Seine
Depuis douze ans, Amber Silverstein-Hueber, coiffeuse, fait partie des quelque 250 propriétaires de péniches à Paris. Face à la gare d’Austerlitz, elle a construit un petit coin de paradis flottant, entre rock’n’roll, écologie et coucher de soleil sur la Seine.
Ne vous fiez pas à son apparence. La péniche Mercure, avec sa coque discrète et sa terrasse qui surplombe l’eau, n’est peut-être pas le plus luxueux des bateaux. Pourtant, une fois à bord, c’est un monde parallèle qui s’ouvre, en douceur, au rythme de la houle et des reflets du fleuve. Ici, Amber vit avec son mari, ses enfants, ses deux chats, Ninja et Nirvana, et nourrit une passion qu’elle a gardée intacte pour la vie fluviale.
« Mon mari avait un bateau quand je l’ai connu. Et franchement, c’est chouette », lâche-t-elle dans un sourire. Chouette, mais aussi stratégique : difficile de trouver un appartement trois-pièces dans Paris à prix abordable pour une famille de quatre. La péniche, elle, offre une surface de 180 mètres carrés, deux salles de bain, un jacuzzi, un sauna, une terrasse où l’on vit la moitié de l’année, et surtout, une proximité inédite avec la nature.

Le 21e arrondissement : Paris-sur-Seine

Depuis sa terrasse, Amber contemple Paris avec un œil différent. Elle parle de la Seine comme du « 21e arrondissement », une sorte de zone tampon entre l’agitation urbaine et la tranquillité d’un hameau flottant. « Dès que l’on franchit la passerelle, c’est un autre monde. On est à Paris, mais en décalé. On a l’impression que la Seine nous appartient. » Et sur l’eau, la vie sociale aussi est particulière. C’est « un petit village », où les voisins se donnent les clés en partant en vacances. « On fête les retours de chantier naval ensemble ! »
Ici, chaque geste compte. « On fait attention aux produits que l’on utilise, car on est en contact direct avec la nature », raconte Amber. Au-delà des considérations pratiques, vivre sur l’eau, c’est vivre en harmonie avec les éléments. « Je bois mon café le matin, je vois la lumière… C’est apaisant. » Mais si les mouvements de l’eau bercent les nuits, rien n’est jamais totalement acquis sur une péniche : le bois grince, les tuyaux peuvent geler l’hiver. « C’est comme une vieille maison, mais en plus fragile », résume Amber.

La liberté, les projets… et les galères

Pour Amber, la péniche Mercure n’est pas seulement un lieu de vie. C’est le symbole de son couple, de leur indépendance, de leur liberté. « On embête que des poissons ! » lance-t-elle en riant. Sur l’eau, pas de voisins de palier qui râlent, pas de digicode en panne. Juste la Seine, les mouettes et parfois une pizza froide – quand le livreur parvient enfin à trouver le bateau.
Et si la vie sur une péniche est ponctuée de galères – fuites, courriers perdus, grêle mal placée, etc. –, elle est aussi pleine de projets. Agrandir la terrasse, installer une véranda, créer un escalier. « Il faut juste l’argent », dit-elle dans un éclat de franchise. Mais jamais elle ne quitterait son embarcation : « Dix millions de fois, je préfère ça à un appartement. »
Un jour peut-être, l’âge l’obligera à revenir à terre. Mais d’ici là, Amber profite. De l’espace, du calme, de la lumière. Et du plaisir rare de vivre dans Paris, sans vraiment y être. Un pied dans la ville, l’autre dans l’eau.
100 % des péniches raccordées au tout-à-l’égout
Afin de rendre la baignade possible dans la Seine, toutes les péniches ont été raccordées au réseau d’eaux usées avant les Jeux de Paris 2024. Chaque emplacement de bateau dispose d’une vanne de raccordement et d’une pompe qui envoie ses eaux usées dans un puits, puis dans le réseau unitaire.
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