À bien des égards, 13 ans est un âge passionnant à explorer, tant
l’adolescence offre d’éclairages inédits sur la vie. Des influences
multiples soumettent les jeunes esprits à de fortes tensions, mélange de
réflexions profondes, d’inquiétude et de frivolité. L’enfance est
proche, la famille étend encore son grand voile protecteur, tandis que
l’amitié invite à sortir du nid. C’est toute la complexité du passage à
l’âge adulte qu’a voulu rendre Mélanie Brun, à travers le portrait de
sept collégiennes qu’elle a interviewées sur un ensemble de thématiques
classiques, comme l’image physique et mentale qu’elles ont d’elles-mêmes
et de leur genre, leur mode d’interaction en réseau, ou encore leur
vision de l’avenir, aussi bien personnel que sociétal et écologique.
Ces jeunes filles sont inséparables d’un objet fétiche, le
smartphone. Couplé aux réseaux sociaux en vogue (sont évoqués Instagram
et Tik Tok), il leur permet de communiquer spontanément ou d’élaborer
des stratégies raffinées autour de la représentation de leur image.
C’est ce qui les différencie de leurs parents : au royaume d’Internet,
l’intimité n’est plus que de façade et les petits secrets sont trop
lourds pour être gardés. En témoignent le naturel et l’absence de tabous
qui accompagnent les entretiens, perceptibles dans l’affirmation qu’il
n’y a aucun avantage à être une fille mais que pourtant elles en sont
fières, qu’elles ne croient pas au prince charmant tout en valorisant
l’amour et les sentiments, que c’est bien que la vie ait une fin du
moment que la mort n’arrive pas trop tôt.
Le montage du film adopte une forme légère, où l’expression directe
alterne avec les voix en off sur des scènes présentant chaque fille dans
son environnement privé. Des séquences de groupe les montrent dans les
espaces du campus et dans leur pratique artistique et sportive. À cette
fluidité du découpage s’ajoute une subtile progression des sujets, du
plus futile au plus sérieux. C’est ainsi que, sans artifice ni
voyeurisme, le film réussit à convaincre jusqu’au bout, réveillant chez
le spectateur les souvenirs émus d’un temps ni tout à fait autre, ni
tout à fait semblable.
Sur inscription
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