CARTE BLANCHE / 50 ANS DU COLLECTIF JEUNE CINÉMA

Il y a maintenant 50 ans et quelques mois, que la première coopérative de cinéma expérimental française a été créée officiellement sous le nom du Collectif Jeune Cinéma. Quelques temps après, d'autres coopératives virent le jour, structures perdurant encore aujourd'hui comme Cinédoc Paris Films Coop (1974) qui nous fait l'honneur de cette invitation, puis Light Cone (1982). Il y a eu aussi des coopératives éphémères, ou qui n'ont pas survécu, comme la Coopérative des cinéastes, l'Omnium des cinéastes indépendants, Ciné-femmes International, Ciné-Golem, etc.

À une certaine période, il y avait autant de coopératives que de groupes, ou micro-groupes, de cinéastes. Cependant, si certain.e.s cinéastes restent fidèlement attaché.e.s à des structures pour leurs lignes esthétiques ou politiques, un grand nombre navigue entre elles, appartenant à plusieurs simultanément, s'en détachant par moments pour distribuer leurs films seul.e.s, etc. Une histoire des catalogues des coopératives resterait à faire. Une étude approfondie nous révélerait à quel point ceux-ci sont beaucoup plus protéiformes qu’on ne le pense, échappant bien souvent aux cadres théoriques, idéologiques et esthétiques, de celles et ceux qui en prennent toujours soin.

C'est pourquoi, plutôt que de profiter de cette Carte Blanche pour mettre en avant une identité (supposée et subjective) du Collectif Jeune Cinéma, nous avons préféré explorer les recoins de notre catalogue qui se superposent avec ceux d'autres structures, en particulier Cinédoc Paris Films Coop.

Ainsi sont mis.es en avant celles et ceux qui font soit partie de nos deux collections, ou qui ont par le passé fait partie de l'une et sont maintenant chez l'autre. Nous distinguons, de ce fait, cinéastes et coopératives : celles-ci demeurent, évoluent, mais les cinéastes sont beaucoup plus mobiles, et ne sont pas nécessairement traversés par les questions que se posent les structures collectives. En somme, la sélection pointe des parallèles et des complémentarités beaucoup plus qu’elle ne souligne des différences.

Theo Deliyannis, administrateur du Collectif Jeune Cinéma

Programme
L'HIVER : SORTIE DE CHARLERINE DUPAS
Jospeh Morder
1981, 16 mm, 3'19'

"Ce jour là, Charlerine sortit, toujours prise d'une envie irrésistible de tuer, tuer, tuer …"
Joseph Morder.

PICTURLURE
Barbara Glowzwewska
1977, 16 mm, 16'

"Picture, film ou tableau en anglais, recouvrement qui semble échapper au vocabulaire français, pourtant l'association est propice : il n'y a plus d'espace filmique, il n'y a que ce qu'on en fait, y suggère et y voit.
Ainsi, au départ de ce film/tableau, quelques 400 peintures sur cellophane, papier ou plexiglass. Ces objets images filmés par le dispositif image par image, tour à tour font insister ou disparaître le support pellicule, et ça tourne…mouvement des couleurs, des points, des tracés qui naissent de leur juxtaposition statique.
De nouvelles couleurs, de nouvelles formes s'autonomisent des peitures initiales suivant les vitesses d'intermittence. Les changements d'angles insinuent des profondeurs aux peintures planes sans perspective, ou invoquent une coulisse de l'écran à n dimensions partant de surfaces grillagées à deux dimensions."
Barbara Glowczewska, catalogue Paris films Coop, Paris, 1979

ZERO-ONE
Edouard Luyken
1977, 16 mm, 5'

Zero-One est un film d'animation figuratif composé de trente courtes animations. Luyken commence toujours par un triangle. De ce triangle naissent de nouvelles formes qui finissent par redevenir un triangle. Il s'agit d'une version primitive du morphing, une technique dérivée du monde informatique : il s'agit de la fonte progressive d'une image dans une autre image.

V2 (PUCCINI)
Christian Lebrat
2008, numérique, 4'20"

Une musicienne interprète librement au violoncelle plusieurs thèmes célèbres tirés de La Bohème de Puccini. La caméra capte la performance musicale, de très près.
Il ne s'agit pas de raconter une histoire, mais de chercher à restituer ce moment d'absolu où surgit la musique et où se forme une image.

ALDÉBARAN
Hugo Verlinde
2000, numérique, 10'

Aldébaran est l’ étoile la plus brillante dans la constellation du taureau. Aldébaran est encore le premier film d’un ensemble d’œuvres consacrées au traitement du corps dans la lumière des signes du zodiaque. Cette série se caractérise visuellement par l’hybridation entre les images du corps et l’abstraction. Dans ces films les motifs abstraits peuvent être sous forme d’encres, de grattage, d ‘intervention sur pellicule ou encore d’images mathématiques réalisées par ordinateur. Je filme dans le noir, sans éclairage. Le jeu des surimpréssions à la caméra avec les images projetées sur le corps devenu écran permettent de rendre visible un corps singulier irradiant l’espace de ses couleurs et de ses harmoniques.

ARTMATIC
Robert Cahen
1981, numérique, 4'15"

Cette œuvre faite de glissements de matières et de couleurs est conçue pour retenir le regard. Elle montre la forme suggestive de certains mouvements en retenant comme en écho l'empreinte de la trajectoire des images les plus signifiantes. Le système informatique utilisé, le S.M.C., a été mis au point par Jean-François Colonna au Lactame, l'un des laboratoires de l'Ecole Polytechnique : il permet de figer une image, de la numériser (en 1980 c'est une première et une prouesse technologique) et de la coloriser en direct. Le programme de traitement des images a été choisi par Dominique Belloir.-

MY ROOM LE GRAND CANAL
Anne-Sophie Brabant, Pierre Gerbaux
2002, 35 mm, 32'

My Room Le Grand Canal est une femme ou plutôt une sensation de la féminité. L'histoire d'une femme et d'un homme jusqu'à leur étreinte. Puis un effondrement. Une disparition. Disparition de l'homme et de l'histoire. Disparition de la femme à l'intérieur d'elle-même dans les flux organiques de son corps…