Rencontre/Lecture de "La Femme du vent", les poèmes de Liu Xia, avec la traductrice, Béatrice Desgranges, à la Vieille Grille, avec Paul de Brancion, Jean-Philippe Béja et Marie Holzman, sinologues
De Liu Xia, les Français savent, au mieux, qu'elle est la veuve du Prix Nobel de La Paix, Liu Xiaobo, mort en détention en 2017 pour avoir réclamé la démocratisation de la Chine. Ils découvriront qu’elle est aussi peintre, photographe et surtout poète. Ses poèmes, bouleversants, disent la tragédie de la Chine depuis la “Libération” de 1949 et les massacres de Tian'Anmen, son amour pour Liu Xiaobo, la beauté des paysages du Tibet, la spiritualité d'une âme en quête d'absolu. Traduits pour la première fois en français, les 84 textes regroupés dans la Femme du vent (contre 44 pour l’édition américaine parue en 2015 sous le titre d’Empty Chairs), disent surtout la passion des lectures sans frontières : on y entend des échos de Duras, de Prévert, de Kafka, de Maupassant, de Verlaine et même de Rutebeuf. Son écriture, iconique, évoque Munch, Van Gogh, Camille Claudel, Charlotte Salomon et tant d'autres…
La préface de Jean-Philippe Béja (le traducteur de Liu Xiaobo) et l’avant-propos de la traductrice éclairent la vie de Liu Xia et le sens général de son œuvre tandis que les « scolies », en fin de volume, proposent des éléments linguistiques, culturels, historiques ou biographiques nécessaires à la compréhension des textes.
Le dernier poème du recueil, écrit en exil, date de 2021. Il se referme sur ces mots, prémonitoires, dédiés à une petite Afghane brûlée vive pour avoir trop aimé la poésie :
« Ce soir, je pense en particulier à cette enfant
A cette enfant qui adorait la poésie
Et je voudrais lire pour elle des poèmes
Les Talibans, vous le savez, viennent d'interdire aux femmes afghanes, déjà privées d'éducation, de parler « à haute voix »…
L’éloge que Liu Xiaobo a dédié à Liu Xia, au seuil de la mort, le 7 juillet 2017, tient lieu de postface.
Les textes de Liu Xia seront lus et commentés par la traductrice et les participants, Paul de Brancion, J.Ph Béja et Marie Holzman.
À l’issue de la lecture, la soirée continue au café-librairie où on peut prendre un verre