Précieux déchets met en lumière une nouvelle génération de designers qui repense notre relation aux objets du quotidien. L’exposition tord l’idée reçue selon laquelle matériaux et objets durables seraient nécessairement ringards ou laids. Elle révèle la valeur – jusqu’alors ignorée – des déchets.
Chaque année, plus de 2 milliards de tonnes de détritus sont générés dans le monde. La nouvelle exposition temporaire de la Cité des sciences et de l'industrie invite à prendre conscience de cette montagne de déchets engendrée par l’économie productiviste. Elle montre comment le monde du design transforme ces déchets en ressources précieuses pour envisager un avenir moins enclin au gaspillage. « Précieux déchets » (titre original « Waste Age: What Can Design Do? ») est une exposition conçue par le Design Museum de Londres.
LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
Utilisation très importante d’objets en plastique, conception d’objets du quotidien créés pour ne servir qu’une seule fois ou encore obsolescence programmée : notre production de déchets n’a eu de cesse de s’intensifier au cours des deux derniers siècles et en particulier, depuis le milieu du xxe siècle. Cette première partie de l’exposition met en exergue les rouages de la production de masse et du consumérisme.
Le public y découvre les effets de la surconsommation du plastique et d’autres matières et des déchets qui en découlent. À l’aide de visualisations de données, de photographies et d’objets jetables, l’exposition montre l’ampleur du problème des déchets à l’échelle mondiale et le besoin urgent de transformer notre façon de penser comme de consommer.
Les excès de notre économie du tout jetable génèrent d’énormes quantités de déchets : 90 % des matières premières utilisées dans la fabrication d’objets deviennent des déchets avant même de quitter l’usine et 80 % des objets sont jetés au cours des six premiers mois de leur vie. Objets abandonnés dans les décharges, produits en plastique ramassés dans les mers, vêtements, produits alimentaires, éléments de construction ou encore composants électroniques : et si ce que nous jetons avait de la valeur ?
Dans cette seconde partie, les visiteurs sont amenés à porter un regard différent sur les déchets, avec de nombreux projets tels que des articles de la gamme Adidas X Parley, des vêtements faits de matières végétales et de plastique recyclé comme ceux de Stella McCartney ou encore la transformation d’immeubles sociaux de la Cité du Grand Parc à Bordeaux par les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. À travers ceux-ci, les designers révèlent la valeur de certains types de déchets. En changeant notre regard sur leur apparence et leur utilisation, ils démontrent que les matériaux recyclés sont de précieuses ressources.
De nouveaux polymères solubles pour les emballages, des vêtements fabriqués à partir d’algues et de pulpe d’orange, des bâtiments construits avec des matériaux durables ou conçus pour la déconstruction… Un futur sans déchets est-il possible ? Designers, ingénieurs et scientifiques questionnent aujourd’hui notre dépendance à la consommation et notre attirance systématique pour la nouveauté. Dans cette troisième et dernière partie, le public découvre des pistes de réflexion imaginées par des designers visionnaires, tels que Samuel Tomatis ou Tanguy Mélinand, pour contribuer à éliminer les déchets, soutenir la « conception régénératrice » et respecter l’économie circulaire. Grâce aux travaux de créateurs qui travaillent avec des matériaux comme le mycélium, les balles de riz ou encore les déchets agricoles, il est désormais possible de se projeter dans un futur où les ressources seraient gérées à long terme et où les déchets disparaitraient