Lorsqu’elle était chroniqueuse judiciaire, à 28 ans, Yamina Zoutat reçut
une consigne : ne pas montrer de sang. Vingt ans plus tard, Chienne de rouge désobéit
à cette injonction masculine, à l’époque du procès du sang contaminé. À
partir de son désir instinctif d’images sanguinolentes, comme la
chienne de chasse qui donne son titre au film, la cinéaste avance par
bifurcations successives, portant sa caméra dans des lieux qui se
laissent découvrir par à-coups. Le sang qui semait la mort la conduit à
celui qui sauve des vies : les poches de sang transportées par Mohamed,
greffées par Stéphanie, reçues par Isabelle. Lorsque l’on subit une
greffe de cellules souches hématopoïétiques, l’ADN présent dans le sang
devient celui du donneur. Mais cette substance qui circule dans nos
veines, fut-elle jamais la nôtre ? Fil rouge ambivalent, ce tissu
liquide qui se partage nous met sur la piste d’une histoire faite
d’hérédité et de métissage, où interviennent la fille de Mohamed, le
père de Stéphanie, la donneuse d’Isabelle.