Le soir du 19 mai 1909, le Châtelet fait salle comble. Les Parisiens se sont rués pour la première représentation publique de la « saison russe » à Paris. L’administrateur du théâtre, Gabriel Astruc, a invité la compagnie des Ballets russes de Serge de Diaghilev. Le rideau se lève sur Le Pavillon d’Armide, un drame chorégraphique en un acte d’Alexandre Benois, chorégraphié par Michel Fokine, dont la musique a été composée par Nicolas Tcherepnine. Et rien ne se passe comme prévu : à peine âgé de vingt ans, Vaslav Nijinski apparaît comme un nouveau Vestris lorsque, au lieu de rejoindre les coulisses, il commet l’un des fabuleux sauts dont lui seul a la maîtrise. Il s’impose dès lors comme une vedette et attise aussitôt la curiosité du public. Cette admiration sans borne est de courte durée, tant sa carrière est fulgurante. Mais une étoile est née. Dix ans plus tard, le « dieu de la danse » est reclus avec son épouse, Romola, dans la villa Guardamunt, à Saint-Moritz, en Suisse : il a besoin de repos. C’est durant l’hiver 1918-1919 que Vaslav Nijinski entreprend la rédaction de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler Le Journal de Nijinski : quatre cahiers imaginés et pensés comme « un grand livre sur le sentiment ». Dans ce récit autobiographique bouleversant, l’auteur mène un combat entre le sens et l’intellect. Olivier Py s’est emparé de cette œuvre littéraire à part entière pour adapter et mettre en scène, dans une forme courte et dans le Grand Foyer, La Bal(l)ade de Nijinski : une pièce jouée par Bertrand de Roffignac, et accompagnée au piano par Guilhem Fabre.