Par Arlette Gautier, ancienne maîtresse de conférences à l’Université de Paris X-Nanterre, et professeure de sociologie à l’Université de Bretagne Occidentale.
La
mulâtresse Solitude, roman
d’André Schwarz-Bart (1972), utilise les travaux de l’historien Lacour et la
tradition populaire guadeloupéenne, pour raconter l’histoire d’une femme (vers
1772-1802), née d’un viol sur un bateau négrier, abandonnée par sa mère,
fugitive puis révoltée contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe.
On attendit pour la tuer qu’elle accouche d’un enfant qui prendrait sa place
dans l’esclavage.
De nombreuses autres esclavisées ont vécu de telles violences
qui ont rendu l’esclavage plus féroce pour les femmes, contre lesquelles elles
ont résisté.
Les dossiers de plantations évoquent d‘autres histoires :
celle de la Guadeloupéenne Geneviève, épouse du maître raffineur Ignace, mère
de sept enfants et accoucheuse en 1778. Elle donne son prénom à une petite-fille
et à une arrière-petite-fille, ce qui montre l’existence de liens familiaux sur
les plantations.
L’analyse de textes de l’époque et de listes d’esclaves des minutes notariales permettra de resituer amours, maternités, travail et résistances dans leur diversité chronologique et spatiale, en se concentrant particulièrement sur les îles antillaises (Guadeloupe, Martinique et Saint-Domingue aujourd’hui Haïti).
Arlette Gautier a été
maîtresse de conférences en démographie à l’Université de Paris X-Nanterre,
chargée de recherches en démographie à l’Institut de Recherches sur le
développement et professeure de sociologie à l’Université de Bretagne
Occidentale. Ses travaux se focalisent principalement sur la construction des
rapports entre les sexes depuis l’esclavage aux Antilles, au Mexique et dans le
monde.