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Les Trois Baudets, scène mythique et éclectique des artistes émergents

Mise à jour le 22/09/2022
Les Trois Baudets
Les Trois Baudets (18e), salle de concert mythique des années 1940, a toujours été une fabrique de nouveaux talents. Sur scène, Brassens, Brel, Gainsbourg et tant d'autres se sont succédé. Aujourd'hui, si le lieu a gardé son esprit artistique, il a été rafraîchi avec une nouvelle touche contemporaine, avec une grande fresque et un bar/comptoir, Mezzanine.
Aux Trois Baudets (18e), l’énigme du nom du théâtre reste encore complète pour la plupart de ses occupants. Sauf peut-être pour Charlie, un ingénieur son qui passe par là et qui a entendu la conversation : « C’est en hommage aux trois collaborateurs, non ? », affirme-t-il, avant de se raviser « Il faudra vérifier ! » Vérifications faites, le mystère est levé : Jacques Canetti, le directeur historique des lieux, a choisi ce nom en référence au théâtre des 3 Ânes d'Alger, dont il était à la tête.
Ces fameux trois ânes en question font référence aux chansonniers Pierre-Jean Vaillard, Christian Vébel et Georges Bernardet. De l'Algérie à Paris, les 3 Ânes deviennent Les Trois Baudets, pour éviter la confusion avec le théâtre des 2 Ânes, à deux pas de là, au 100, boulevard de Clichy. Petite anecdote : le hasard voudra que lorsque la troupe arrive à Paris, cette dernière élit résidence dans ce même établissement des 2 Ânes, en attendant de trouver leur propre local !
Les Trois Baudets hall d'accueil
En 2020, le hall des Trois Baudets a été entièrement repensé par l'architecte Clémence Torrente, qui souhaitait garder l'ambiance des années 40 tout en modernisant ce lieu de passage.
Crédit photo : Joseph Guillier/DAC/Ville de Paris
Le bâtiment de 1947, rapidement transformé en laboratoire de nouveaux talents, a vu défiler de nombreux artistes. Tous sont venus ici pour se faire un nom, et surtout trouver un public : « On souhaite accueillir les artistes émergents dans les meilleures conditions possibles, avec du matériel de sons et lumières à leur disposition, mais aussi avec des professionnels qui peuvent leur apporter des conseils », explique Léo Jouvelet, co-directeur et programmateur des concerts. De cette manière, la quarantaine de jeunes (et moins jeunes) artistes accompagnés chaque année peuvent appréhender avec sérénité leurs débuts sur scène.

Au rez-de-chaussée, la fresque des immortels

Les Trois Baudets, ce sont trois étages. Dans le hall, la nouvelle mise en scène rend hommage aux icônes qui ont foulé les lieux. En 2020, la période de confinement a permis aux équipes de repenser l’accueil. L’architecte Clémence Torrente, chargée des travaux, a redonné un coup d’éclat au style Art déco de l’édifice. Par petites touches, cette pièce tournante aux teintes rouges et grises s’est vue ravivée.
Les Trois Baudets fresque
Le directeur artistique Mathias Malzieu a demandé à Pénélope Bagieu, dessinatrice des bandes-dessinées Les Culotées, d'immortaliser les grandes figures des Trois Baudets.
Crédit photo : Joseph Guillier/DAC/Ville de Paris
Le chef-d’œuvre des rénovations se trouve au mur : une immense fresque, réalisée par l’artiste Pénélope Bagieu. Les visages des anciens des Trois Baudets se côtoient, bien qu’ils n’aient pas toujours vécu au même siècle. Pomme et Eddy de Pretto partagent ainsi l’affiche avec Barbara, Anne Sylvestre et bien d'autres. Visible de l’extérieur, la fresque s’inscrit aussi dans une volonté d'ouverture au public : « L’idée était de donner un côté “pop” à ce théâtre Art déco, et la fresque permet aussi de mettre en valeur le travail graphique et l’illustration », détaille Julie Bataille, attachée de presse des Trois Baudets.

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Au 1er, le comptoir chaleureux de la Mezzanine

Mezzanine, au 1er niveau, est une pièce toute en longueur, dont les baies vitrées s’étirent sur le boulevard de Clichy. Avec ses canapés dépareillés, que Gaëlle Raux, l’« assembleuse/cheffe de projet » du lieu a pris le temps de chiner, sa bibliothèque de quartier (dont les bouquins ont été donnés par l’association Oxfam, qui lutte contre la pauvreté et les inégalités, et qui peuvent être ensuite lu ou même acheté aux bénéfices du groupe), sa carte de bistro aux saveurs locales, Mezzanine a été élaborée de manière artisanale.
Le maître-mot ici : la proximité. « Tous les milieux artistiques sont les bienvenus ! On joue la carte de la nouveauté, la spontanéité et sur notre capacité à nous réinventer : un soir il y a des scènes ouvertes, le lendemain un DJ set, une exposition et même un vide-dressing ! », s’enthousiasme Gaëlle Raux, derrière le comptoir.
Les Trois Baudets vide-dressing
A la Mezzanine, un stand de vide-dressing permet à qui le souhaite d'acheter et de vendre des articles de seconde main, pour se «relooker pour l'apéro».
Crédit photo : Joseph Guillier/DAC/Ville de Paris
Inaugurée le 8 juin dernier, Mezzanine s’est installée dans un bâtiment déjà rempli d’histoire. Gaëlle Raux et son équipe arrivent, à tâtons, à lui faire une place, et un nom. Plus qu’un simple restaurant, le lieu recrée un espace convivial et hors du temps. Le « pianococktail » est là pour en témoigner. Cet étrange instrument, qui fabrique des boissons en fonction de la chanson, sort tout droit de « L’écume des jours » pour aller trôner au centre de la salle. Un joli hommage à Boris Vian, qui détient aux Trois Baudets le record de scènes.
En quelques heures, Mezzanine s’est transformée en boulevard. Ça grouille, ça clame, ça déclame surtout. En ce début de soirée, l'animation est assurée par le Chat Noir. Cette association du 18e, qui a relancé le journal satirique datant de 1882, propose une scène ouverte de poésie. À sa tête, Romain Novat et Julien Barret détendent l’atmosphère : poètes d’un soir ou artistes confirmés, chacun et chacune est invité à prendre la parole. « Ce que l’on appelle poésie, c’est du feu éternel », improvise un participant. Tous les 3e mercredis du mois, le duo s’empare du comptoir pour lui redonner son aspect d’antan. « On souhaite recréer l’esprit de l’époque, et construire un espace de bienveillance. »

Les jeunes prodiges du sous-sol

Au sous-sol, c’est l’esprit underground qui règne. Les plumes et carnets de poètes ont été remplacés par du matériel nouvelle génération. Spots bleus et rouges, des rythmes électro et des images numériques sont contrôlés par Neniu, un artiste « moitié-humain et moitié-ordinateur ». Boris Vian serait-il resté à l’étage ? Pas si sûr. Le jeune cyborg déclame les vers aussi vite que les rythmes.
Les Trois Baudets salle de concert
Au sous-sol, des jeunes artistes émergents se produisent parfois pour la première fois devant un public.
Crédit photo : Joseph Guillier/DAC/Ville de Paris
Dans le couffin rouge de la salle de concert, cet univers éclectique trouve sa place, et son public. Peut-être que Brassens, Gainsbourg, Gréco et tous les autres se retournent dans leurs tombes… Ou peut-être, au contraire, portent-ils un regard bienveillant sur cette nouvelle génération qui, des années après eux, osent se produire sur la scène des Trois Baudets. La boucle est bouclée ?
Infos pratiques
Les Trois Baudets
64, boulevard de Clichy (18e)
Tél. : 01 42 62 33 33
Site internet
La Mezzanine
Ouvert du mercredi au samedi de 19 h à 2 h
Tél. : 06 02 43 96 92
Site internet

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